09 juillet 2006

Sun. 9 July - Week-end à Rome [Daho]

Ce dimanche, on a décidé d'aller se manger un coin de pizza dans un p'tit resto sympa et typique de Little Italy. Une 'tite terrasse calme et paisible sur College Street, la rue italienne de Toronto.

College St., Avant...

Etonnamment, le coin n'était pas si calme que ça finalement, des grappes de gens tout en bleu agitant des drapeaux verts et rouges pendaient à chaque porte et fenêtre de tous les cafés de la rue... Il devait y avoir un truc, parce qu'à chaque carrefour il y avait une brigade de flics tentant tant bien que mal de faire la circulation.
College St., Après...


A un moment, il y a eu comme une clameur pas possible (pour être précis, 5 fois...), puis tout à coup, on ne voyait plus College Street. Les flics ont bien essayé pendant 30 secondes de faire un semblant de ciruclation, puis je crois qu'ils se sont surtout concentrés sur le fait de se sortir eux-mêmes de là. Pour le reste de la journée, College St. s'est transformée en procession géante, colorée, hurlante, sifflante, dansante, c'était tout-à-fait surprenant. Tout le monde s'est soudainement rappelé avec force émoi de son vieil aïeul italien (pour ma part, il s'agit de Massimo Il panettiere, 1072-1131, et non non, je ne pense pas avoir d'ascendant français dans ma généalogie, je ne vois pas de quoi vous voulez parler... Certains je pense ont dû aller chercher encore plus loin, ou alors profiter des voyages de Marco Polo)


College St., C'est le bordel complet...




Noémi ayant réussi à se procurer un sifflet quelque part dans cette marée humaine, a découvert le principe de l'écho amplifié: chaque fois qu'une voiture passe dans la rue avec des tas de drapeaux verts et rouges, si on siffle un coup en agitant les bras, la voiture répond au klaxon, tous les drapeaux s'agitent en retour, accompagnés d'une multitude de bras, de têtes, de corps, dont on est souvent très surpris du nombre, étant donné la contenance normale de la voiture...


(les deux dernières sont pas de moi, mais de là: http://www.flickr.com/photos/tags/toronto/

29 juin 2006

Wed. 26 June - Oreste et Electre [Cranes]

Il m'arrive parfois de m'arrêter devant un truc, que j'observe, puis je me dis que c'est absolument génial et que son concepteur est un vrai malin, ou à l'inverse, que c'est complètement con et qu'il faudrait tordre le cou à son incompétent inventeur.
Un exemple dans chaque catégorie.

:-) Chez David, j'ai été mis à contribution (oui, on frise l'esclavagisme, vous allez voir): il avait tondu la pelouse quelques jours auparavant et rempli des sacs d'herbe, qu'il fallait aller jeter au parc à conteneur municipal. Jusque là, rien que du très ordinaire. Les sacs. Les sacs pleins d'herbe sont en papier et se décomposent sans laisser de trace au même rythme que leur contenu! Pas besoin de vider les sacs, d'en foutre partout et de laisser traîner les sacs plastiques sur le compost. Ici, on balance les sacs sur le tas, hop, emballé c'est pesé! Seul point désagréable: c'est pas fait pour les gars organisés comme moi, qui laisseraient traîner les sacs pendant des semaines dans le garage; résultat: le sac s'est transformé en lambeaux de papier enroulés autour d'un compost déjà fort avancé... De toute façon, je commencerais déjà par pas tondre la pelouse et de toute façon j'ai pas de pelouse. En tous cas, c'est une invention maline.


:-( Il est 6h, je suis à la bourre et je dois prendre de l'argent liquide. En plus, je suis en train de raconter ma vie au téléphone. Je rentre dans un guichet automatique de ma banque, je me débrouille avec une seule main pour sortir ma carte de ma poche, la glisser dans l'appareil, faire mon opération, grouille-toi sale bête, oui allo, patati patata, non je veux pas de reçu, oui j'ai fini, rends-moi ma carte, zwouf, hop ... ah zut, l'est tombée.
...
«Attends un peu, j'ai un problème là. C'est quoi ce truc idiot?!?» Juste en-dessous de l'appareil bancaire, il y a une tablette horizontale en verre épais, juste bien pour déposer ses affaires quand on est pressé ou qu'on a qu'une main disponbile. Parfait. Au milieu de cette tablette, il y a une fente, avec écrit WASTE juste en-dessous. Au fond, en-dessous de la fente, il y a des tas de papiers, des reçus je suppose. Et ma carte, maintenant. Il m'a bien fallu trois quarts de seconde pour me rendre compte que Waste, ça se traduit par «Déchets» et que par conséquent, ce tas de papiers de dessous la fente, et ma carte par la même occasion, sont dans une poubelle! Dans sa conception débile, ce truc est bien fait jusqu'au bout: pas moyen d'aller fouiner dans les reçus... Bon, dans les situations désespérées, il faut pouvoir faire un choix: j'ai raccroché, j'ai pris les billets dans ma poche et j'ai abandonné la carte à son triste sort (c'est mieux que l'inverse!). Vous croyez que je suis le seul abruti à qui ce genre de truc arrive? Ou cette poubelle est une manne à trésor à la fin de la journée? C'est les pourboires des éboueurs? Enfin, j'en ai conclu que le concepteur de ce truc était un débile rare.

27 juin 2006

Tue 27 June - Everytime [...]

Bon, là j'ose absolument pas dire qui interprète cette chanson-là, ça cadre absolument pas avec mon personnage musical. C'est même à peu près la négation de tout le reste, genre "on peut pas tomber plus bas"...

Tout ça pour dire que je reviens au plat pays pour quelques jours le 31 août. «Tonton Cristobal est revenu Des pesos des lingots il en a le cul cousu!» Ou, selon un autre auteur, «Au pays j'irai voir Margot à son doigt je passerai l'anneau», si quelqu'un voulait bien retrouver le doigt de Margot ça m'arrangerait; la seule que je connais, du haut de ses 5 ans, n'a pas les doigts assez boudinés à mon goût...

Bon voilà c'est tout pour aujourd'hui, je vais faire plouf dans ma piscine, bonne nuit à tous!

25 juin 2006

Sat. 24 June - Hasta Siempre Che Guevara

Au nightshop qui se trouve à presque 50m de l'entrée de mon immeuble, ils vendent des tas de choses intéressantes, voire indispensables (le lait, le chocolat, la crème glacée, je crois que j'ai fait le tour), et notamment des bouteilles de 1,5 litre d'eau de SPA! Excellente nouvelle, puisque depuis que j'ai découvert cette eau exquise (merci Virginie), je la place au rang de petit plaisir de l'existence (presque à égalité avec le grand verre de lait et le camembert-cacao)

18 juin 2006

Sun. 18 June - Disintegration [Cure]

Si le titre a quelque chose à voir avec ma condition acutuelle, ce n'est que strictement physique, après avoir passé le week-end outdoors, entre la plage (et quelle plage!!!) et un magnifique chemin de randonnée, sur le Bruce Trail.

Bon, suite et fin de ma palabre sur mes nouveaux concitoyens. J'avais fait un copion des différents sujets à aborder, pour pouvoir mieux les saucissonner en posts plus courts, mais dans le processus de redémarrer mon Mac (pour la première fois depuis 2 mois, les temps changent!), je l'ai perdu donc je suis foutu... Je me souviens du mot «matérialisme».

Les gens sont clairement motivés par l'argent. Gagner plus, c'est mieux (enfin, c'est pas très neuf comme concept, aussi...). Ca permet d'acheter une plus grosse maison, avec encore plus de chambres (genre 8 ou 10 chambres c'est pas rare... Je suis pas sûr quant à l'affectation des 3 ou 5 chambres supplémentaires au-delà de papa-maman, enfant#1, enfant#2, bureau-de-papa, bureau-de-maman?), une plus grosse voiture (j'ai vu des espèces de monstres à 6 roues, c'est assez affolant!), ou encore consommer plus. Consommer, posséder, c'est le bonheur! C'est du pur bonheur je vous dit! Mais c'est pas évident, même si on a l'argent, encore faut-il savoir quoi acheter! Heureusement, quand on tombe à court d'idées, arrive le meilleur allié de la consommation, la Télévision! A n'importe quelle heure de la nuit ou du jour, en moins de 10 secondes, il y a moyen de tomber sur une publicité vantant les mérites de tel ou tel truc qu'il-est-inconcevable-de-ne-pas-avoir, qu'est-ce-que-vous-attendez-pour-filer-au-magasin-le-plus-proche? Et ça tombe bien, le magasin le plus proche, il est justement ouvert, ce serait inhumain de priver les gens de bonheur non? Ah! Je m'émerveille devant tant d'à-propos! Il y a des couillons qui placent le bonheur dans les copains, dans l'amour ou ce genre de trucs, mais essayez un peu de prendre votre dose de bonheur à 4h du mat, hein? Ou de trouver un nouveau copain comme ça, hop, en 20 secondes devant la télé? Bon, alors, qui c'est qu'est le plus malin?

En revanche, la possession est quelque chose de sacré, et le vol a l'air assez inexistant dans le coin. Le Canadien ne s'approprie pas le bien d'autrui, parce que c'est pas cool pour autrui et parce que c'est la loi. Moi j'interprète ça comme «C'est cool, je peux être complètement négligent comme d'hab», je ferme jamais ma porte, ni celle de la voiture quand j'en ai une, je laisse traîner mes affaires n'importe où, je suis dans mon élément. Le Canadien moyen, par contre, «n'est jamais trop prudent» et, mettant Michael Moore en défaut, ferme sa porte à double tour, met force cadenas et verrous sur ses affaires et se méfie tout de même un peu...

Ah oui, pour revenir à la publicité, c'est une véritable infestation! Partout, tout le temps, impossible d'y échapper! Par exemple, les abords des autoroutes sont un défilé d'affiches, de machins qui bougent, qui clignotent, qui débordent de couleurs vives, parce qu'il faut être sûr de capter l'attention de tous ces automobilistes qui sont bêtement en train d'essayer de se concentrer sur autre chose! Téléphoner aux copains au volant, ça c'est dangereux et interdit! Mais lire le message publicitaire ça c'est bien!

Enfin, un autre concept omniprésent, c'est qu'on peut avoir son bonheur à prix réduit! Ca s'appelle «Save». Vous imaginez ça vous? Vous pensiez devoir payer 250$ pour être heureux aujourd'hui et voilà qu'on vous annonce Save 30$!: ce ne sera que 220$! De quoi être doublement heureux, non? Ah, qu'est-ce qu'on fait pas pour vous!
Tous les mois, quand je reçois ma facture de téléphone, j'ai une bonne raison d'être heureux: la facture n'est pas épouvantablement élevlée, mais elle est épouvantablement élevée et ça aurait pu être pire si mon opérateur ne s'était pas coupé en quatre pour me faire Sauver des dollars! Si c'est pas gentil ça!

Et moi là-dedans? Eh bien, selon cette logique, ça fait 4 mois que mon bonheur est enfermé dans des caisses aux quatre coins de Bruxelles, j'ai bien dû trouver une alternative non? Chez moi, je vis selon la logique «moins de brol = moins de désordre», et je n'ai rien acheté qui ne se mange pas, le Mac excepté (et croyez-moi, c'est tout de même le bordel chez moi, rien qu'avec ce que j'ai amené de Belgique, et ce que j'ai reçu: la vaisselle, une montagne de spams, une autre de sacs plastiques, des emballages...). Je n'ai pas allumé ma télé plus de deux fois. Je suis un être vil, malheureux et étranger aux vraies valeurs du monde, pour peu je mangerais mes enfants, comme les communistes!

17 juin 2006

Fri. 16 June - Minority [Green Day]

Something rather incredible happened to me today. I bought a few games (La guerre des moutons, le génialissime Citadelles, Guillotine) and then I was invited for dinner with friends. I took a cab and when I arrived, I found it strange the guy was kind of waiting before leaving... Then I noticed that my games were still in the car! I gave a startle, took a shoot of adrenaline and started running after the cab, that was not waiting anymore, but was slowly going away at the other end of the street now... Still, driving slowly is quicker than running at full speed, so I nearly car-jacked a poor woman that was sitting in her car, but she wouldn't help, so I ran again (ever seen Lola Rennt?...), then jumped in another cab that was stopped at a red light, enjoined the driver a very James Bondesque "Follow that car!". We chased him all along Queensquay, lost sight, spotted again, up Bay Street, lost him again, re-spotted again, is that him? All cabs f***ing look the same!, left on Wellington, right on York, and finally, hopeless, caught up the cab on Queen, and most unexpectedly, it was the good one! I thanked the guy a million times and tipped my driver quite genereously.

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Il m'est arrivé un truc pas possible aujourd'hui alors je le raconte, même deux fois tiens!. J'ai été m'acheter quelques jeux (La guerre des moutons, le génialissime Citadelles, Guillotine), puis comme j'étais invité à aller manger au yacht-club de Nele, je prends un taxi pour y aller. Quand j'arrive, je téléphone pour qu'on m'ouvre le porche d'entrée, ça traîne un peu, je passe, et je remarque que bizarrement le taxi traîne toujours là, comme hésitant. Tout à coup, le franc tombe: mes affaires sont restées dans le taxi! Je bondis, je reçois un bon shoot d'adrénaline, j'arrive à la grille (fermée), avant de sauter au-dessus, je comprends en un quart de seconde comment cette saleté s'ouvre, et je vois, tout au bout de la rue, le taxi qui démarre pépère et s'éloigne... Je cours comme ça m'est plus arrivé depuis un moment, mais le moteur à explosion est plus rapide que mes gambettes. J'essaye de car-jacker une nana qui traîne dans sa voiture, moteur allumé, tout prêt à se lancer dans la poursuite (enfin, dans mon interprétation du monde), mais elle se montre moins que coopérative et plus que suspicieuse, donc j'abandonne et je reprends ma course. Je retrouve mon taxi, assez loin maintenant, sur QueensQuay et je continue à courir derrière, ne sachant pas trop comment je compte m'y prendre pour le rattraper (un 'tit falshback de Lola Rennt, mais j'ai pas trop idée comment reprendre le film au début moi). En arrivant à un feu rouge, j'aperçois un autre taxi libre, je m'engouffre dedans et je lance au conducteur un très James Bondesque "Suivez cette voiture!" (Que d'ailleurs je ne voyais déjà plus, mais je le sentais bien là devant nous, à deux, trois feux d'avance). Le gars, plutôt coopératif, slalome un coup entre les autres trainards, on le suit tout le long de Queens Quay, on le perd, on le repêche, il s'arrête, non c'est pas lui, il tourne sur Bay (c'est bien lui??? Ces taxis sont tous les mêmes!), à gauche sur Wellington, à droite sur York, finalement, à bout d'espoir, on rattrape un taxi orange et vert sur Queen Street... et c'est lui! J'en crois pas mes yeux, je bondis hors de la voiture, le gars assez surpris me rend mes affaires, je le remercie mille fois, je félicite l'autre, et je bénis Hollywood pour le scénario! J'ai bien écouté mais j'ai pas entendu de générique pompeux à la "We are the champions".

15 juin 2006

Wed. 14 June - Enigma of the Absolute [Dead can Dance]

Through bad management of my stomach, I found myself hungry after the tango tonight. I guess much to Mother's sadness, my options for getting food narrowed at that time/place (i.e. 11 PM/subway station) to McDonalds' fast ... thing. Back home with the stuff, bad management of the rest of my guts led me to renew that absolute metaphysical experience of the unbearable tubularity of being, that every one should attempt at least once in his lifetime. Moreover, on top of that very tubular feeling, the seemingly similar composition of the input and output of the process added another fundamental thermodynamics by Lavoisier dimension to it ("matter can neither be created or destroyed").

Et voici les sous-titres:
Suite à une gestion malheureuse de mon estomac, une faim m'est tombée dessus après le tango ce soir. Au grand dam de maman, mes options quant à trouver de quoi manger en ce lieu et temps (11h, station de métro) se résument au fast chose de McDonalds. De retour chez moi avec la mixture, une gestion tout aussi malheureuse du reste de mes entrailles (c'est pas parti pour s'arranger, avec ce que je leur offre :-/ ) m'a mené à renouveller cette expérience de métaphysique absolue de l'insoutenable tubularité de l'être, expérience que chacun devrait tenter au moins une fois dans sa vie. Qui plus est, outre cette expérience métaphysique du tube (je me demande si mon inconscient ne réclame pas de la lecture francophone, tiens...), l'étrange similarité entre ce qui entre dans le tube et ce qui en sort ajoutent une sérieuse dimension thermodynamique fondamentale par Lavoisier à l'événement ("rien ne se perd, rien ne se crée")

11 juin 2006

Sun. 11 June - Dessine-moi un mouton [Mylène Fermière]

Bon, la suite de ma diatribe (un dictionnaire des synonymes m'a proposé d'utiliser 'catilinaire' en lieu et place, j'avoue que l'idée me tente assez, ne fût-ce que par référence à notre Amélie nationale, mais sans un bon dictionnaire de la langue pour me confirmer ce que ce mot signifie vraiment, j'ai une certaine réserve...) sur ma perception de la faune locale...

Une règle sociale assez absolue ici est qu'il faut toujours montrer le meilleur de soi, voire même encore un peu mieux que ça. Autrement dit, il faut toujours positiver. C'est valable aussi aux U.S.A. (Donc pour les gens que je connais qui déménagent bientôt en Lousiane: entraîne-toi...). Qu'est-ce que ça veut dire exactement? Je dois expliquer avec soin, parce qu'en Belgique, on est plutôt les champions de exactement l'inverse.

Première règle: l'expression «de merde» ne se traduit pas: «J'ai un boulot de merde» se dit «I have a very good job, but I think I would be able to move to something else» (notez le «very good» qui remplace «wonderful», qui lui veut dire «pas trop mal» en Belge) «Il fait un temps de merde» (bon, là, je suis pas sûr que cette expression peut être comprise dans toute son ampleur par des gens ne venant pas de chez nous évidemment...), un truc du genre «I hope it gets better tomorrow»;...

Deuxième règle: La question «How are you?» n'est pas une question, c'est une invitation à dire «very good, thank you» Une réponse du genre «Not that good», «Could be better« sont proscrites.

Troisième règle: Si par hasard quelqu'un a un doute sur vos compétences ou réalisations, voire même (ô horreur!) vous accule à avouer une faiblesse ou une faute (ça, c'est la fin du monde!), toujours répondre par une tournure positive. A nouveau, nous Belges avons besoin d'un petit guide du débutant:
- «Je ne sais pas» = «Je connais bien» (j'ai la nuit pour apprendre)
- «J'ai vaguement entendu parler» = «Je domine à fond» (ce que je sais est probablement suffisant pour le bluffer)
- «J'ai une vague notion du truc» = «Je suis un expert imbattable» (de toute façon, les autres en sont à la phrase ci-dessus, je crains rien)
- «Le truc que j'ai fait est une merde» = «Le boulot est fait, c'est une version draft» (de toute façon, personne s'en rendra compte, en particulier dans le cas fréquent de la rédaction d'un document)
- «J'ai pas la moindre idée comment faire ça» = «OK je m'en charge, comptez sur moi» (j'ai jusqu'à la deadline pour qu'ils annulent de toute façon le machin)
- «C'est bourré de fautes, ta merde!» = «Ce sera nickel demain matin» (ce petit jeu-là se répète facilement, parfois jusqu'à plusieurs mois)

et hors du milieu professionnel:
- «Je vis dans Suburbia, c'est moche et loin de tout» = «C'est plus calme et loin du tumulte du centre» (ah! le calme et le charme de l'échangeur d'autoroute!)
- «J'ai des habitudes alimentaires déplorables» = «Encore un peu de ketchup sur mon double whooper meal deal with bacon and cheese, please!»

Enfin, la palme d'or revient tout de même à mon ami Philip, qui après s'être cassé la jambe en ski: «C'est sympa j'avais une chambre d'hôpital avec une super vue sur la montagne»

Il y un côté pas mal à ce positivisme, c'est que tout le monde a l'air toujours plus ou moins heureux, content de son sort, d'avoir bon espoir en un demain encore meilleur, on nage un peu dans le meilleur des mondes. Le truc pas cool évidemment, c'est que dès qu'on sous-entend que quelque chose ne va pas, c'est un peu assimilé à dire «J'ai la chaude-pisse, ou la peste», ils balancent entre la compassion et la quarantaine (ça pourrait être contagieux!). N'oublions pas qu'à chaque carrefour traîne un gars puant en haillons avec une tasse en carton qui nous rappelle au quotidien à quoi ça mène, de pas «aller bien»! De «Je déprime» au gobelet en styrofoam, il n'y a qu'un pas!

A choisir cependant, je préfère probablement cette attitude positive pour l'enthousiasme, la bonne composition et l'espoir qu'elle véhicule par rapport au négativisme plus généralisé en Belgique, qui mène en général à dénigrer, décourager, abandonner, se plaindre, être contraire. Sauf que quand à force de ne voir que le côté positif, on en devient complètement partiel ou hypocrite, c'est foireux évidemment.

06 juin 2006

Tue. 6 June - Dear Jessie [un truc dance]

Hey did you notice, we're the 6/6/6? Besides, that may read the 666, maybe this is the end of the World? Well, seems somewhat unlikely however.

Bon, j'étais là à traîner en ville, un peu déprimé(*) parce que touseul, quand mes pas m'ont mené dans le magasin de jeux tout près de chez moi, ouvert bien tard le soir comme le reste des commerces de première urgence ici (vous avez jamais eu besoin d'un Loup Garou en toute urgence à 11h du soir vous?). Du coup j'ai bien passé une heure à fureter, regarder toutes ces boîtes qui me rappellent tant de bons souvenirs (Puerto Rico, Citadelles, les moutons, Bang, Kahuna, les rails, Amon Ré -d'une découverte très récente, ...) et rêvassant à la possibilité de me refaire une ludothèque ici, j'ai tout ce qu'il me faut sous la main... Sauf les joueurs :-/

Donc, c'est pas question de faire de la ségrégation linguistique, mais plutôt par souci de proximité et donc de faisabilité que je passe à l'Anglais pour la suite, que je mets d'ailleurs dans le post suivant pour être plus clair. Enfin, en gros je fais ça dans un élan d'enthousiasme très spontané, ne me confirmez pas que c'est parfaitement inutile, un morceau rationnel de mon cerveau me l'a déjà signalé, merci.

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(*) Je me rends compte que mes jours "déprimés" sont complètement sur-représentés ici, puisque chaque fois, j'en profite pour venir écrire, alors que quand je suis occupé, forcément, j'ai pas le temps d'écrire quoi que ce soit.

Tue. 6 June - Fascination Street

After 4 months of abstinence, I badly need to play some games. Settlers of Catan, Citadelles, Diplomacy (the best!), the Werewolf, anything will do. I can provide the place, the game, the drinks, even the food (no comment please!), but I desesperately need a bunch of players. So if you are one, or know some friends, neighbours, remote friends, collegues, whatever, that are, please put them in contact with me. Thanx.

04 juin 2006

Mon. 22 May - Jef [Brel]

Retour à quelques images du MoMA...


Non non, de près, on ne voit rien de plus que d'ici...


Si on en juge par le temps que les gens passent devant, la notice est plus artistique que la toile.




De l'art éphémère: moi parti, il a dû perdre une bonne partie de son intérêt.


Un autre dans le même genre, mais que j'ai trouvé plus intriguant:

03 juin 2006

Sat. 3 June - 10:15 Saturday Night [Cure]


... But my tap doesn't drip under the strip light, drip drip drip drip drip drip ....
On the other hand, would it drip (drip drip drip etc.), I would hear it because I'm having a quiet indoors Saturday evening (translate that into watching TV for most people; for me it means doing stuff on the Mac and gobbling up ice cream by Häagen Dazs -- I'm currently reading American Psycho and I simply love the main character, the handsome preppy sophisticated and passably deranged yuppie dandy Patrick Bateman, I'll talk a little bit more about him later), since Saturday came so suddenly at the end of the week and I haven't had the time to make up any plan and so I'm just there comme un con. The bright side of that is it leaves me plenty of time to write. It is well known that boredom and sadness are greater drivers for creativity, expression and art. Happy or lazy people don't have any reason to be creative, so they are just not. The best artists are the ones that are sad, depressed, bored. Traits usually come from needs, so efficiency and speed come from fear; perseverance from hunger and, as said, creativity from boredom. Happiness and comfort mean no more need, so nothing to drive development anymore. One should never see comfort as a goal in life, at most make it a short restful break on the otherwise rocky path of your life. Ambition is a great yet dreadful tool to make it so. Well, so much for la psychologie à deux balles/de comptoir.

Bon, la suite dans mon point sur ma vie ici, je vais me hasarder un étage plus haut et parler d'un délicat point de vue social: comment je perçois les gens ici. Perception qui est bien entendu un mélange entre les tas de préjugés que j'avais, les quelques personnes que j'ai rencontrées ici et les impressions partagées avec les copains d'ici.
La première chose qui saute aux yeux, du moins une fois qu'on a dépassé les bouledogues de la douane (qui n'arrivent pas à la cheville de leurs collègues états-uniens, qui ont dû passer un Master en Mépris&Rusticité avec mention), c'est que les gens sont affables, courtois, polis, avenants. Par exemple, dire bonjour ne se résume pas à «'lut!», mais relève du véritable dialogue «Good morning, how are you today? - I am very well, how are you? - feeling fine, thank you». Je crois que je n'ai pas croisé beaucoup d'exceptions à cette règle, même les mendiants font preuve de courtoise quand je refuse de leur donner quoi que ce soit (je n'ai pas encore adopté le comportement de ma nouvelle idole Pat Bateman vis-à-vis des clochards, mais là pour le coup, la pudeur m'empêche d'en dévoiler plus...).

Si d'aventure mon interlocuteur pense qu'il existe une possibilité que notre relation se concrétise dans le court-terme en un cash-flow de ma poche vers son tiroir-caisse, alors l'amabilité se transforme en empressement et la courtoise en serviabilité, c'est absolument insupportable! Personne ne se soucie que le service soit effectivement rendu avec une quelconque qualité, ce qui importe c'est que le serveur soit poli, déférent, ne me lâche pas une seconde et me montre et me démontre qu'il fait tout ce qui est humainement possible pour s'occuper de mon problème. Le problème, justement, c'est que du coup il est tellement occupé à essayer de me convaincre qu'il agit au mieux de mes intérêts, qu'il néglige l'aspect fondamental du machin, qui est finalement de faire ce que je lui demande. L'exemple typique est le sevice dans les restos, où les serveurs montrent un empressement zélé, mais la bouffe traîne du côté "infect" de l'échelle, ou le gars au guichet de la banque qui m'explique avec moult excuses et déférence qu'il ne peut pas me donner cette information, que je suis prié d'appeler ce numéro de téléphone - quoique dans ce dernier cas, le gars du guichet c'est Heidi, que c'est une bimbo à tomber raide ("tomber"?) et que donc elle était tout excusée d'avance!

J'ai encore des tas de trucs à raconter sur le sujet, mais j'ai lu qu'un auteur ne devait pas lourder ses lecteurs avec des tartines interminables, donc je vais la jouer à l'américaine (John Gray, des phrases courtes, des petits chapitres, peu d'idées pour un gros livre, on en a pour son argent et en plus c'est vite lu et tout le monde comprend, pas de malaise; on saute troic chapitres et on n'a rien perdu! Que du bonheur!) et pas à la Française (Balzac, des phrases de 5 pages, un livre de 5kg imprimé sur papier-bible en caractères minuscules, t'es dérangé par une mouche pendant 2 secondes et t'as perdu le fil du bouquin).

A demain, donc!

31 mai 2006

Wed. 31 May - Les brunes comptent pas pour des prunes

Ah, la petite Lio... c'est toute mon enfance qui se repointe...
Enfin, je voulais juste pas oublier celle-là, et ce coup-ci, ça sert à rien de jouer en Anglais.
Avec David, on parlait cinéma, puis on est tombé sur Poelvoorde dans Le Boulet et on se remémorait la scène de l'arrivée à l'aéroport, dans les toilettes, où il est aux urinoirs, déguisé en noir, et que le gars à côté de lui le regarde en haut, en bas, puis très perplexe. Perplexité que David interprète (comme moi) par le fait que si Poelvoorde (sais plus son nom dans le film) a la figure et les mains peintes en noir, sa clenche, elle, est toute rose. Et là, Carolina nous annonce que ça devrait pas le surprendre, que c'est comme ça aussi sur tous les noirs naturels. C'est vrai ça???

29 mai 2006

Mon. 29 May - A Forest [Cure]

Due to the increasing success of my stories and by popular request (a whole two!), here comes the very first entry in English, sign that I may after all start to somehow blend into the cultural/linguistic landscape. So I'll continue my trip through the various facets of my vision of this country after 3 months being here. Ce qui est cool, c'est que je peux toujours passer au français pour disséminer quelques sarcasmes, ça me donne l'impression qu'ils resteront un peu privés, c'est pas plus mal pour la liberté de calomn... euh, d'expression. Today, georgaphics, an introduction to the second largest country in the world. Well, that's not that different from back home, I live in the 211th largest country in the world. The similarities don't end there, for one, Canada is as flat as Jane Birkin and as Flanders. I'm sure cycling is a very convenient way to travel here. Except that at the very instant I jump on a bike, flatness somehow vanishes and I am all panting and breathless in less than five minutes. L'autre jour, on est partis dans un bled perdu pour faire du mountain bike. Dans la voiture, on ricanait pas mal devant tout ce plat pays qui nous rappelait les reliefs de Middelkerke, puis tout à coup, tout autour du loueur de vélos, c'était le mur de Huy (en plus petit) et j'étais mort-fait en 5 minutes!
In Canada, there's one single direction: North. Everything seems to happen North: skiing, camping, biking, sailing, bear-touring, Hudson Bay, beaches, natural parks, 4x4-ing, skidooing, wildlife, unexplored country, primary forest, oil sands, goldrush, the great outdoor, canoeing, you name it. Well, except a bunch of irréductibles Gaulois qui résistent toujours et encore à l'envahisseur anglo-saxon, East; higher, greater, better skiing, West; et les fous dangereux, South.

Soit les Canadiens ne connaissent pas les «3 petits cochons», soit il n'y a pas de grand méchant loup par ici; toujours est-il qu'ils construisent toutes leurs maisons en bois. Impensable en Belgique! About building houses, it seems that the smaller unit of construction is the Village, most as was the case in the 70's in eastern Europe and Russia, or in the 90's in SimCity: one day, the mayor declares "Those fields be residential area!" and the next thing you know, 1,200 new wooden houses, all identical two-stories, four-windows, small neat lawn-and-flowers frontyard are sitting there, open for human colonization. Now comes the heart of the village, that crowdy, animated, living, swarming, never-sleeping place, the home to the spirit of the Village: the Shopping Mall! Such prestigious names as Tim Horton's (café to-go), Mac Donalds [with Drive thru™] (burgers to-go), Wendy's (carton-pâte to-go), Blockbusters (DVD to-go), CIBC drive-in (money to-go, sisi je vous assure, des MisterCash où qu'on doit pas sortir de sa voiture pour ramasser le magot, j'vous jure!), Petro-Canada (comme le Burger King, mais une autre fraction de la colonne de distillation, to-go), Home Depot (tout le reste), Ikea (pour ranger ce qu'on a acheté dans tous les autres). And voilà! a new village is born. Oops, sorry, forgot to mention the Church. The Catholic Church. And the Anglican Church. And the Ukrainian Baptist Church. And the Lithuanian Evangeslist Church. And the Judean People's Front Revival Church. Not to forget some Mosques, Temples, Synagogues and the Irish Pub.



Toronto is a pure-style Northern American city: grid pattern, compact financial district, wide streets, lots of cars everywhere. In a way, there are really two cities: on the lake shore, there's a lovely cité balnéaire, pier, quays, big towering condos with view on the lake, sails, recreation centre, promenade des Anglais, very nice. Then, again, everything goes North: an ugly urban twin highway + parking lots everywhere (right under my window, mmmmh I'm lovin' it!™), next financial skyscrapers (forming the famous Toronto skyline, nice looking), next some more city plus shopping centre (Eaton, where I work), next the northmost part of the city is Bloor street, with Bloor and Yonge being shopping area for lazy people: you spend there (Gucci, Prada, Dolce & Gabana, Dior,...) on one single item much more than what would otherwise take you the whole day and lots more weight to carry in an ordinary shopping session.
Then, to the West is High Park and the Humber river, an amazing green and peaceful and quiet area right in the center (well, not quite, in fact, a little West as I just said...) of the city. Very beautiful. Then I think there's a little more to the city that I don't know probably.
I've heard that up North, between Bloor and the polar circle, far away in the wild, stands Eglington and then Finch and then even some more, I just learned today. That's probably right next to Barrie or Ottawa. I think some of my teammates actually live there, with mooses and polar bears in their garden probably. I suppose it's midnight sun and all, up there, I must manage to get invited there once for the unique experience.

Sun. 28 May - With or without you

Comme me le signalait Olivier tout à l'heure, il y a pas mal de chance que je ne voie pas Noémi cette semaine, parce que j'ai un delivery vendredi, ce qui veut probablement dire quelques longues journées en perspective. Il fait complètement estival ici, et la chaleur et le relatif inintérêt de la phase palliative du projet OTIS plongent tous mes collègues dans une oisiveté assez patente. Je suis le seul à encore foutre quelque chose dans tout ce bordel... du coup je me venge et je fais bosser mon équipe plus tard :-)

Hier on s'est retrouvés à la plage, quelque part au nord de Finch (pour situer, Finch c'est le nord de Toronto, on est déjà quasi dans le cercle polaire). Jolie plage, du style sable + mer, sauf que la mer ici n'est pas salée, plus bungalows et nids à touristes, mais les touristes n'ont pas encore éclos cette saison, c'était donc plutôt agréable.

Lena n'a pas encore complètement intégré la localisation exacte de la bouche sur sa tête...

Noémi, dans une interprétation très personnelle de «I like to move it move it»




Les mêmes, deux mois plus vieilles.

Attention, photo adultes non-admis / interdit aux plus de 6 ans...

27 mai 2006

Mon. 22 May - Last Stop: This town [Eels]

J'ai ramené l'équivalent d'une bonne dizaine de milliers de mots du MoMA, selon le taux de change habituel de l'image ou du dessin...



A tout seigneur tout honneur, le tableau le plus célèbre de la gallerie, le «Starry Night», où les initiés reconnaîtront le village de Tourinne-la-grosse



Il y a aussi une collection impressionnante de Picasso, ici le plus laid et un insolite que j'ai trouvé comique

Un autre compatriote qui a émigré ici...



Et pour finir, un autre Daliesque (ils ont ici l'excellent «Persistence de la mémoire», que j'ai trouvé étonnemment minuscule), dont je viens de retrouver le nom sur le net (et même sur le site du MoMA lui-même): L'«interno metafisico» Giorgio de Chirico


Après ces peintures somme toutes fort classiques, je passerai la semaine prochaine aux croûtes et objets plus ésotériques, ou autrement dit, comment faire profiter à tous de mon ignorance en la matière...

Un aperçu?

Ah non, zut, ça c'est une photo du gribouilli que Noemi a offert à sa mère pour la fête des mères...

24 mai 2006

Sun. 21 May - Eden [Hooverphonic]

Ce week-end, je rends visite à David et sa petite famille, dans le Connecticut (ça ressemble un peu à Rhodes-St-Genèse). Entre deux parties de Kahuna, on va rendre visite aux éléphants de Central Park. Bruno (c'est le fils de David) aime beaucoup les éléphants, qu'il appelle des "Dumbos", ce qui représente tout de même près de 25% de son vocabulaire!

Pour éviter qu'ils ne troublent l'ordre public, les Dumbos ont été emapaillés et parqués dans un grand bâtiment juste à côté du parc, avec plein d'autres animaux, quelques autres expos, des guichets et pas mal de touristes -- les touristes ne sont pas empaillés, eux.




A côté des éléphants importés d'Afrique ou d'Asie, on y trouve aussi diverses autres bestioles (ici, quelques rongeurs malheureux et un oiseaux des plaines) typiques de la région.


Darwin est à l'honneur cette année, une partie du musée lui est consacrée. L'expo relate la vie de Darwin, raconte et illustre les principes de la sélection naturelle, puis nous rappelle que cette théorie, aussi vieille, fondée et évidente soit-elle, est cependant mise en doute dans certains coins reculés du monde, où l'obscurantisme religieux entrave encore la marche du progrès et de la Connaissance: dans les peuplades primitives du fin-fond de la jungle de Bornéo; dans les peuplades incultes de l'Arkansas ou du Tennessee...



Une tache noire au centre d'une tache verte au centre d'une tache grise sur la planète bleue...

Pour le lunch, on a trouvé un endroit vraiment sympa sur Broadway (au coin de la 58ème rue si mes souvenirs sont bons), un resto où on mange, sur des grandes tables conviviales, des tartines avec toutes sortes de bon chocolat... Ca m'a semblé très bon et m'a ramené pleins de bons souvenirs en bouche. Ca s'appelle le "Pain Quotidien", ça vous dit quelque chose?

Demain, je visite le MoMA, un musée rempli d'œuvres de petits artistes locaux pas très connus chez nous: Picasso, Matisse, Magritte, Monet, Miro, Van Gogh,...

18 mai 2006

Wed. 17 May - Sexy boy [Air]

J'ai pas fait exprès pour la chanson... Et bon anniversaire à Magdalena, c'est dans 1 minute.

Bon, le point sur ma vie sentimentale, sexuelle et affective, donc.
Eh bien le voilà
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14 mai 2006

Sun. 14 May - In between days

J'ai bien failli prolonger ma soirée tango (quel con je fais, avec mon expérience de toute une heure de tango argentin, j'ai pas été foutu d'inviter ma cavalière à une seule danse décente, pourquoi j'ai pas été me fourrer dans une soirée de Samba, de valse viennoise ou encore de Paso Doble?) par un night-club jusqu'aux petites heures, mais les files d'attente m'ont découragé. Donc, j'ai tout le temps pour finir ce point sur le travail de manière un peu plus personnelle, maintenant que j'ai planté le décor (dans le post d'hier, enfin de ce matin).

Je suis le DevManager de mon projet. Je ne suis pas le big boss du projet, il y a une Project Manager au-dessus de moi: elle gère la hiérarchie, les budgets et les plannings et moi je gère tout le reste. Si on poursuit la métaphore avec le navire (j'ai regardé La Planète au Trésor récemment, ça m'a marqué), j'en suis le capitaine et elle l'armateur. Tous les DevManagers de OTIS sont des gars qui comprennent que dalle au développement, gèrent leur projet comme une chaîne de mise en bouteille de Coca-cola et passent leurs journées dans des meetings. Les seuls qui font exception sont Olivier et moi, et je crois que nos développeurs apprécient beaucoup d'avoir des managers qui sont capables de les comprendre et de leur donner des directives pas totalement absurdes. Et à l'inverse, le management apprécie aussi qu'on sache de quoi on parle et ce qui se cache effectivement derrière les chiffres des rapports.

Je trouve mon boulot absolument passionnant, chaque jour m'amène son lot de surprises, défis, enseignements, discussions, débats d'idées, satisfaction du travail accompli,... Je m'endors chaque soir avec la volonté de profiter du lendemain pour résoudre un paquet de problèmes qui m'attendent et en général, la fin de la journée arrive sans prévenir alors que j'avais encore des tas de trucs à faire (notamment il m'arrive parfois de rater la pause café, quelle horreur), ou que j'avais justement une discussion d'architecture à mener avec l'un ou l'autre qui est en train de faire ses paquets ou qui est déjà parti. Si ça ne tenait qu'à moi et si je faisais pas un peu attention, je resterais parfois bien travailler, discuter,... jusqu'au bout de la nuit. Il n'est pas rare que je m'y remette le soir chez moi.
Un côté particulièrement intéressant est la composante de gestion de l'équipe. A l'opposé des modèles que j'ai connus auparavant, je gère mes 8 bonshommes de très près, j'essaye de faire le point avec chacun au moins tous les deux jours, j'essaye d'anticiper et de pourvoir à tous leurs besoins (je les invite même à manger avec moi), je m'intéresse à ce qu'ils font et revois leur travail avec eux, je les implique dans les décisions d'architecture,... ce qui est parfois épique, entre les différences de langues, de cultures, d'habitudes, de manières, les attitudes des uns et des autres (le buté, l'influençable, le fonceur, les juniors, le qui-s'en-fout,...). Une petite note au passage sur la différence entre gérer une équipe de contractants par rapport à des bénévoles, que j'ai eu à gérer dans une vie antérieure: les contractants, eux, ils font ce qu'on leur demande, ce qui fait 2 différences majeures!

Enfin, je suis assez satisfait du résultat, qui est qu'après 3 semaines de travail, j'ai une première version du programme qui tient la route, avec un environnement fonctionnel et efficace, un processus et une équipe sous contrôle, des gars motivés qui ont dû tout au plus aligner quelques heures supplémentaires les deux-trois derniers jours (la normale étant plutôt de travailler 10 heures par jour y compris les week-ends), une batterie de tests automatiques qui tourne en permanence.
En plus, comme je rapporte directement à un Partner de Capco, je bénéficie d'une très bonne visibilité sur ce que je fais... Professionnellement donc, je suis très content de ma situation, j'accumule une expérience incroyable et je vois l'avenir assez sereinement.

Bon, on peut dire que sur ce coup-ci j'ai assez violemment dérogé à mon principe d'humilité. Question de remettre la balance d'équerre, je peux faire demain le point sur ma vie sexuelle et affective. Ca va aller vite.

13 mai 2006

Sat. 13 May - Taste [Ride]

Je continue mon petit point de la situation après 2 (qui entre temps sont devenus 3) mois ici, aujourd'hui: le travail.

Capco a signé il y a 3 ans un contrat avec la banque CIBC pour moderniser leur chaîne de traîtement des opérations bancaires contre un chèque gros comme un maison (enfin, gros comme tout un quartier serait plus proche de la réalité): «OTIS». Les impératifs du staffing (excusez l'anglicisme: le Robert&Collins me propose «dotation en personnel», vous trouvez ça mieux?) ont généré une belle vague d'immigration des 4 coins du monde vers downtown Toronto: Capco fournissait tous les cadres et directeurs du projet, qui sont donc des Belges et des Anglais pour la plupart, et tous les développeurs étaient des contractants trouvés ici (souvent des gars tout aussi importés que nous, à l'exception que ceux-là se sont importés tout seuls).
On m'a raconté qu'à l'époque, tous les expatriés de Capco, vivant tous frais remboursés, menaient la belle vie, sortaient comme des sauvages (les Anglais et les Flamands sont déjà pas des clenches dans cette discipline, mais quand en plus ils arrivaient à tout faire passer sur la note de frais, j'ai du mal à imaginer les têtes des lendemains!...). A côté de ça, il faut reconnaître que l'expat est rarement syndicaliste ou près de ses heures: certains d'entre eux ont passé la majorité de leurs week-ends à bosser. Sans belle-famille chez qui aller prendre la tarte le dimanche midi, avec des copains qui sont justement les collègues qui bossent eux aussi le samedi, il a pas grand chose à perdre à bosser tout le temps (enfin, pas trop tôt le matin, surtout!)

Tous ces gens travaillaient donc gaiment à la construction d'un système informatique géant destiné à réduire les coûts de la banque (je crois d'ailleurs que le chèque de Capco n'est pas autre chose que le reflet des économies réalisées par la banque). Ca ne fait de secret pour personne, ici comme ailleurs, "réduire les coûts", c'est avoir moins de personnel: ne pas remplacer ceux qui s'en vont, remplacer des spécialistes coûteux par des agents polyvalents moins qualifiés ou à l'inverse, remplacer plein d'agents peu qualifiés par deux spécialistes, virer les consultants, virer quelques employés aussi,... Comme je l'ai déjà raconté, cette banque fourmille de gars qui font tous une toute petite tâche très précise, dirigés par des couches et des couches de contremaîtres, sergents et autre sous-chefs, le tout chapeauté par des managers qui pilotent le tout à partir de rapports foireux issus de systèmes informatiques hétéroclytes et aléatoires. Tout ce machin tient surtout par la force de l'habitude, qui mène à un équilibre assez lointain de celui atteint par la force de la logique... Je suis sûr qu'à y regarder de plus près, on peut trouver des départements complets où chacun a honnêtement l'impression de faire correctement son travail, mais qui au final n'apportent strictement aucune valeur ajoutée au mastodonte (Qui a parlé de l'administration belge???). Mon expérience personnelle avec cette banque est probablement assez illustrative: dès la première semaine de mon arrivée ici, j'ai fait une première demande pour avoir une carte de crédit. Après 3 mois, j'en suis à ma 4ème demande (une à l'agence, deux par formulaire et la dernière par le web), j'ai dû parler à 4 personnes différentes, prendre 3 rendez-vous à mon agence et leur faxer 3 paquets de documents. Tout ça pour avoir une carte de crédit pour laquelle ils me demandent d'immobiliser en garantie la totalité de la limite d'utilisation... où est le "crédit" dans tout ça? Je pense qu'effectivement, ils ont de la marge pour améliorer le service.

En capitalisant sur le succès d'OTIS, à la fin de l'année dernière, quelqu'un a vendu l'idée de «EBO», mon petit projet, 40 fois plus petit qu'OTIS. Pas de volonté d'économie ici, mais simplement le fait de remplacer un système dépassé et inadéquat qui leur cause pas mal de soucis de fiabilité. Je devenais donc le capitaine du petit chalutier qui navigue à côté du paquebot transatlantique.

OTIS arrive maintenant en fin de course, ce qui devait être conçu l'a été, ils en mettent d'ailleurs une partie en production aujourd'hui même. C'est un succès pour des tas de gens, le projet a effectivement modernisé le traitement des opérations, plus fiable, plus rapide,... Dans la foulée, les vendeurs de Capco se sont dit qu'ils allaient surfer sur ce succès pour proposer de refaire le coup avec la division d'à-côté. Il y a 3 mois donc, on sentait assez bien l'effervescence de l'équipe qui préparait tout ça dans un grand secret, l'excitation des premiers jours était de retour!... OTIS-2 le retour, nouveau projet intéressant, du travail pour tous, rien que du bonheur! Mon projet devenait en quelque sorte le pont entre ces deux géants, destiné surtout à conserver le savoir-faire et ne pas laisser ces gars compétents s'évaporer dans la nature. Sauf que petit à petit, le manque d'une annonce fracassante, les rumeurs, les doutes, les expats Anglais qui rentrent à Londres,... ont fini par avoir raison de notre optimisme et laissé place à une certitude croissante que la fin d'OTIS n'allait céder la place à juste rien d'autre. Ca commence à sentir sérieusement la démobilisation, ils se barrent tous l'un après l'autre; ceux qui restent passent leur temps sur le web à éplucher les annonces et chercher leur prochain emploi, on pense en refourguer certains chez moi, question de les prolonger pour quelques mois. M'en vais donc me retrouver dans un rôle de dernier des Mohicans sous peu, moi...

Enfin, la vie continue et Capco a déjà mis les pieds dans un autre gros projet à Mississauga. C'est un endroit tout à fait charmant à 50 km de Toronto: un zoning comme ils en sont les champions ici. Il y a là-bas: des buildings, des routes et des parkings. Le scénario le plus proche de "on va manger un bout ce midi" est: on sort du building, on traverse des étendues de parkings, on traverse l'autoroute, encore quelques parkings et au bout de dix minutes, la terre promise: un Mac Donalds (un drive-in?). Alternative: on prend une voiture, puis on a le choix entre un restoroute, un autre drive-in ou un truc convenable à une demi-heure de route. Ajouter à ce tableau déjà alléchant les navettes matin et soir, l'obligation d'avoir accès à une voiture, et ça devient carrément attirant: plus besoin de se casser la tête pour savoir dans quel pub on va aller boire un verre ou quel film on va aller voir à la sortie du boulot! Mmmmh, la vie comme les vrais d'ici: travail-voiture-dormir, j'en rêvais!

05 mai 2006

Fri. 5 May - Elle tricote du vieux pain sur son balcon [Philippe Lavil]

Une fois de plus, je fais du real-time. J'ai mis la main sur un podcast de Pure-fm et je suis plongé dans un excellent "5 heures cinéma" de Hugues Dayez et Rudy Leonet, qui sont toujours très flatteurs sur leur programmation musicale (par ailleurs choisie avec un soin tout particulier dans les bacs les plus poussiéreux des invendus des disquaires les plus reculés)...
Point cinéma, donc, aujourd'hui. Deux excellentes raisons de me réjouir:
D'abord ce podcast, qui va me permettre de me remettre à jour au niveau de l'affiche cinéma, question d'aller plutôt voir "Inside man" plutôt que le top des entrées, "R.V."... Depuis que je suis ici, j'ai un peu perdu mes repères de ce côté-là, en l'absence de Pure fm, de Laurent et des avis des uns et des autres. Les affiches ne m'inspirent rien du tout, je ne reçois aucune recommandation et la radio ne diffuse aucune critique valable. Il me reste le classements des meilleures entrées, mais en général, ça se traduit plutôt la liste des 10 films à ne pas aller voir (actuellement, 2 sur 10 obtiennent une cote décente sur IMDB).

Ensuite, j'ai découvert le cinéma Carlton, sur College St., à deux pas du boulot. Il me fait penser plus au Vendôme qu'au Kinépolis, donc il a tout pour plaire... J'ai trouvé un super-plan: comme le film est à 9h, ça ne sert à rien de rentrer chez moi entre la fin du boulot et le début du film. Donc, je reste bosser jusque vers 8h, je m'arrange pour faire bosser deux ou trois gars avec moi (en règle générale, dès que je plie bagage, il faut pas 10 minutes à mes bonshommes pour se barrer aussi), je vais manger avec eux puis je file au cinéma: tout le monde est content, j'ai boosté la productivité (4 personnes x 2 heures, ça fait un jour gratuit), je mange en agréable compagnie et je profite du film. Bon, le plan ne marche pas avec tout le monde: le tire-au-flanc qui s'est volatilisé à 4h30 (je pars prendre un café avec Olivier vers 3h30, on papote quelques minutes et quand je reviens, il a disparu!), la jeune mère qui doit s'occuper de son bébé et les deux chinois avec qui je dois communiquer par écrit sont clairement hors de ce genre de coup...

En élargissant le champ des activités culturelles, la ville offre quelques musées (mais je crois rien qui ne vaille celui d'Ottawa), trois ou quatre cinémas pas trop loin de chez moi, des salles de théâtre où ils passent notamment en première mondiale le Lord of the Rings: la comédie musicale, une salle de concert (genre Forest National) juste en bas de chez moi (mais rien d'intéressant en vue, dommage...), des tas de galleries d'art.
Je me suis fait inviter la semaine dernière au vernissage des travaux de fin d'année d'étudiants en tournage et réalisation (3h de projection d'ultra-courts métrages en noir et blanc, des tas de trucs assez plats, quelques-uns très chouettes, souvent comiques, pas mal de scènes violentes (au moins 5 films avec des armes à feu, du sang, de la boucherie, j'étais assez étonné, surtout le contraste par rapport au sentiment de sécurité que je ressens ici un peu partout), quelques foutages de gueule qui sentent la toute-dernière minute, quelques technofreaks qui font 5 minutes de générique pour 1 minute de film,...
Hier soir, c'était un vernissage d'une exposition de 3 jeunes artistes (peinture, photo) sur Queen St. East, où j'ai apprécié, dans l'ordre et comme un goujat: les autres visiteurs, la bouffe, les drinks et enfin les croûtes (non, ça c'est assez irrespectueux... en plus certaines peintures étaient assez réussies). Enfin, comme toujours avec ces plans de dernière minute (j'y ai été invité par une fille que j'avais croisée 10 minutes dans une soirée polonaise il y a des semaines), j'ai plutôt pas regretté, ça m'a donné l'occasion de rencontrer la neuropsycho, sa copine qui danse le tango, le latinisite, l'autre gars et sa femme qui voulait pratiquer son Français, la peintre... (tous des Polonais). Je dois dire que ça c'est le côté vraiment sympa des relations sociales ici (quoique... ils sont "d'ici" depuis quelques années de plus que moi, c'est tout), c'est que en sortie, on connaît vite plein de monde et tout le monde a l'air d'apprécier la compagnie des autres. En plus, ils craquent tous pour l'accent français et trouvent que c'est une siiiii beeeellllle langue, c'est assez surprenant. Enfin, c'est pas moi qui vais les contredire, finalement j'aime aussi vraiment bien cette langue qui nous réserve tant de surprises et qui nous permet autant de créativité dans la formulation des idées. Allez, je serais même presque fier d'écouter Indochine et Mylène Farmer, c'est dire! Bah, rayon musique, les Polonais m'ont avoué avoir appris le Français avec "Voyage Voyage", "Ca va comme ci, comme ci comme ça" (ça a un vrai titre ce machin?) et "La danse des canards"; tout ça vaut presque le magnifique "Schnappi"!

02 mai 2006

Tue. 2 May - No Aloha [Breeders]

Bon, allons-y pour un petit point après deux mois de tourisme, ou d'exil. Question de ne surprendre personne, et pour ne pas faire dans l'original, je peux commencer par la météo ou la bouffe. Rien qu'en évoquant le terme j'en ai déjà mal au ventre (ou est-ce la digestion de ce que j'ai avalé?), le choix se porte donc naturellement sur la bouffe.
Je sais pas si je me suis embourgeoisé depuis le temps des sandwiches rive-blanche (mets hautement réputé de la gastronomie néo-louvaniste, une demi-baguette à l'américain ou au fromage grillé, encore meilleur "à cheval", recouvert d'un œuf sur le plat), mais les plats d'ici m'inspirent au mieux une monotonie blasée et au pire un dégoût profond. Le Canadien, je veux dire celui sont les grands-parents étaient eux aussi Canadiens, tout au fond, ne l'oublions pas, c'est un Anglais. Oui oui, celui-là même des Fish&Chips, de la viande bouillie et du monopole du Cheddar. Alors pour varier un peu les plaisirs, notre Britton ami a décidé de se laisser influencer (envahir?) par ses voisins du sud, eux aussi ex-Anglais, tendance protéine grasse aux hormones.
Le résultat de cette débâcle anthropologique se paye cash dans son assiette: il s'agit systématiquement d'une portion surdimensionnée d'un truc viandu souvent gras, toujours plein de sauce, en général fade et pas bon. Pas grave, d'abord, il reste les salades! C'est bon, ça les salades, plein de bons légumes et tout et tout. Eh bien non, la salade selon le Canadien, c'est ramasser tout ce qui traîne en cuisine, mélanger le tout et servir en couvrant de fromage râpé (du Cheddar, tiens...) pour bien masquer le bazar. Puis ajouter un peu de gravy (de la sauce de cuisson de viande, arrangée de telle manière qu'elle ne goûte plus que l'épaississant), pour le goût... Parce question de goût, le cuisinier a surtout eu la main lourde sur la laitue, le navet, les machins gorgés d'eau, les carottes fourragères,...
Il ne faut pas être linguiste ou éthymologiste pour comprendre pourquoi «Bon appétit» ne se traduit pas en Anglais!

Heureusement, Toronto est plein de ces autres Canadiens, ceux dont les grands-parents vivaient à Pékin, à Katmandou, à Milan ou à Séoul. Là, on entre en terrain connu, les émincés de bœuf, les nouilles sautées, le canard laqué, la pizza 4 saisons... C'est rarement de la haute gastronomie, mais au moins on sait exactement à quoi s'attendre. Certains sont même un vrai régal (les Japonais, le grill coréen, certains Indiens)!

Mais alors de quoi je me plains? Les Thaïs, Chinois, Japonais, Indiens, Italiens, c'est les mêmes que chez nous; je suis pas un grand admirateur de la cuisine française et de son art de faire croire que les viscères sont comestibles; c'est tout de même pas le manque de Grecs?... Eh bien, j'ai trouvé: c'est le manque de toutes ces brasseries qui ne sont juste rien du tout et qui servent tous ces plats "normaux" de chez nous: le steak frites, l'agneau au thym, le demi poulet, les brochettes sauce fine champagne, les boulettes sauce tomate, le standardissime spaghetti bolo,... Ici, toute cette gamme de restos n'existe pas et est remplacée par une prolifération de snacks et fast-foods, notamment dans ces omniprésents food-courts (dans le PATH, non seulement on mange pas bien, mais en plus c'est sur une terrasse dans la galerie commerciale sous les néons!).
Du coup, j'ai trouvé l'endroit où on mange le mieux de toute la ville. C'est chez Ewa. Gratins, steaks, soupes,... Ca sent bon la bonne cuisine de chez nous (avec parfois un truc insolite qui vient de Pologne)!

Question boissons, on est tous égaux sous l'empire de Coca-Cola... L'ice-tea d'ici n'est pas pétillant. Les verres sont eux aussi plus grands que chez nous, mais par défaut ils sont remplis de galçons. C'est juste une affaire de traduction: «Un verre de Coca» se traduit par «A glass of Coke without ice».

Le service au resto est aussi assez particulier. D'abord, les gens font la file devant la porte du resto en attendant d'être amenés à leur place. Ensuite, le serveur se présente quand il arrive: «Bonjour, je m'appelle William et je serai votre serveur. Comment allez-vous?» Pendant le repas, William vient nous demander 5 fois si tout va bien et si on a ce qu'on veut. A la fin du repas, tout dépend de la longueur de la file à l'entrée: si d'autres clients attendent, la note arrive avant le dessert et les assiettes quittent la table à peine vidées. A l'inverse, si personne n'attend nos places, au moment où on veut demander la note, William est en train de faire le singe avec d'autres clients et on n'arrive plus à l'attraper. Et s'adresser à Jane, Jack, Clémentine, Robert, Mary, Claire, Andrew, Jacqueline, Walter, Li Chun ou un des douze autres serveurs qui sillonnent le resto en tous sens en permanence, c'est un crime de lèse-serveur, ça ne se fait pas!
La note elle-même est aussi source de surprise: En commandant le plat à $7.99 et une malheureuse boisson, la note montre $11.57 (ils ont ajouté les taxes au passage) et on est censé laisser un bon $13.00, pour remercier le serveur de sa sollicitude. Par contre, ils acceptent sans broncher les emmerdeurs qui payent avec 3 cartes VISA, 10$ sur celle-là, la moitié du repas sur celle-là et le reste sur la dernière!

30 avril 2006

Sun 30 Apr. - Sunday Bloody Sunday

Profitez bien de votre fête du travail sans travail demain. Elle n'est pas arrivée jusqu'ici, demain je ne fête rien du tout et je prépare mon équipe pour le sprint de notre premier delivery, fin de semaine. Enfin, on peut pas dire que la pression soit insoutenable, tout le monde a l'air de s'en battre que je délivre une première version ou non.
En fait, la manière générale de fonctionner (j'allais ajouter "ici", mais finalement, non, c'était vrai chez nous aussi, on était même des champions du temps de Scorpio), c'est de ne faire attention que lors du dernier delivery. Si celui-là n'est pas à temps, alors tout le monde se met à s'agiter, on paralyse tout le travail dans des réunions interminables pour voir comment on va s'en sortir, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir raconter au client, comment on va bidouiller la réalité pour pas avoir l'air idiot, etc. etc. Quand il s'agit des deliveries intermédiaires, là où a l'occasion de voir bien à l'avance qu'on a pris un peu de retard, que le client est très réceptif au problème, que les solutions sont abondantes et faciles à mettre en œuvre, alors tout le monde s'en fout et la réponse habituelle est "si on est en retard, c'est pas grave, on va se rattraper sur le delivery suivant", à grands renforts d'excuses du genre "il a fallu que les choses se mettent en place", "maintenant les gars sont efficaces", "maintenant le client ne changera plus d'avis tous les trois jours", et du coup le management se conforte dans l'idée de pas prendre la moindre action, ne surtout pas avertir le client (ça ferait mauvais genre!) ni mettre à jour le planning (déjà qu'il a souvent fallu deux bonnes semaines rien que pour le faire et qu'il soit joli, comptez même deux mois s'il s'agit de Microsoft Project, alors l'idée même d'y changer quoi que ce soit donne des sueurs froides; un planning c'est un peu comme un tableau de maître, il est fait un jour, puis on l'affiche et défense d'y toucher!).
Enfin, cela ne m'empêche pas de croire que c'est une saine pratique de tenir ses délais et que même si je suis le seul à le faire, ça vaut le coup. Ca me permettra notamment de faire le point sur l'état réel d'avancement du projet (et non les racontards des développeurs), les réalisations de chacun, de voir si ceux que je crois bons le sont effectivement et si celui que je crois complètement nul l'est (auquel cas il a de bonnes chances de devenir candidat invlontaire à céder sa place à un autre plus compétent qui quitte le projet OTIS).
A dire ça aussi platement, on pourrait croire que je fais fi de notre bonne vieille sécurité d'emploi si chère à nos cœurs belges. Pas vraiment: ces gars sont des indépendants, ils sont très bien payés tant qu'ils sont occupés et ils ont décidé de prendre ce risque: ils refusent les positions d'employé (c'est la seule position encore vacante sur mon projet). Alors autant jouer dans cette logique et offrir le job à un gars compétent et motivé plutôt qu'à celui qui resquille et qui fournit un travail de moindre qualité, non?

Bon, j'étais parti initialement sur l'idée de faire le point sur deux mois passés ici, ma vision de Toronto et du Canada, des différents aspects de la vie ici et de comment je m'y sens. Je me suis un peu égaré en chemin et maintenant j'ai faim, donc je vais laisser tout ce copieux menu pour une prochaine fois et sortir prendre l'air et manger un bout (expression qui fait rire les Québecquois, d'ailleurs: «on va aller se manger un bout» a une connotation anthropohago-érotique)

Thu. 26 Apr. - Sleep [des excellents Dandy Warhols]

Après le coup d'augmenter les estimations de travail requis pour faire notre projet, le planning doit lui aussi être complètement revu. Je me suis permis à cette occasion de suggérer de prévoir de compter 3 bonnes semaines d'absence pour moi en été, et que tant qu'on y était, c'était probablement aussi valable pour les autres. La proposition a été retenue, avec toutefois une pointe d'étonnement (le standard a l'air plutôt de prendre 2 jours de vacances et de rêver perpétuellement d'avoir 2 mois de vacances avec toutes les récupérations des dernières années)

Je n'ai donc pas encore d'idée précise pour mes vacances. Je suppose que d'une part je voudrai revenir faire un p'tit coucou en Belgique un jour ou l'autre; par ailleurs je vais profiter d'être ici pour prendre des vacances dans le coin. Au menu de ce qui me tente: l'Alaska, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest (en gros, ça nous mène bien au Nord); Vancouver et les Rocheuses; Newfoundland (les baleines et tout ça, à l'est du Canada); ou encore Cuba ou l'Amérique du Sud. Je suis sûrement pas le seul à commencer à penser aux vacances, mmh? Si l'idée des vacances américaines tente quelqu'un, arrangeons quelque chose ensemble.

23 avril 2006

Sun. 16 Apr. - Welcome to the monkey house

Seconde destination du week-end, la région des 30.000 îles, ce qui en fait tout de suite 29.000 de plus qu'à Kingston! Je les ai pas comptées, mais certaines d'entre-elles sont en vente. C'est pas cool ça, de posséder une île? Bon évidemment, ne pensez pas tout de suite à l'île truffée de gadgets, de luxe, de jolies femmes et de réacteurs nucléaires comme on en voit dans les James Bond; il s'agit plutôt d'avoir un bungalow à la campagne avec de l'eau tout autour et de devoir aller chercher les croissants le matin en bâteau ou à la nage (ce qui est probablement pas très bon pour les croissants au retour...)

Sat. 15 Apr. - 1979 [encore les Smashing Pumpkins]

Après avoir passé les deux derniers week-ends à visiter les villes avoisinantes, pourquoi pas changer d'air et aller voir un peu le pays? Plans campagne et nature donc ce week-end avec Mike et Avideh: aujourd'hui un bled perdu au centre de la communauté Mennonite, des fermiers qui s'habillent en noir et refusent à peu près tout ce qui leur semble un peu trop progressiste ou technologique: la voiture, la télé, le téléphone, le port ou l'usage des armes, l'alcool, le divorce (on n'a pas demandé pour le mariage homosexuel ou l'adoption pour ces mêmes couples, mais on avait notre petite idée sur la question), les formulaires de demandes de subsides, de pensions etc.

Pour faire authentique, on a donc fait la visite de la ferme en carriole non-technologique...


Attention, ils refusent le progrès, mais c'est de fameux bricoleurs, ces gars-là! Voyez ce qu'on peut faire avec un peu d'imagination, quelques vieilles tôles de métal et beaucoup de courage. Progrès technologique, voitures, tout ça? Pfff! Pas besoin d'abord!
Non, à la vérité, Dieu a tout-de-même distribué quelques dispenses... Faire les zozos dans des carrioles à cheval sur la route de l'église ça va, mais bizness is bizness, vous comprenez, il y a rire et rire!

Quand je vous parle de ferme, vous pensez sûrement à nos bonnes vieilles fermes carrées en pierre de pays, avec leur tas de fumier, leurs 15 chiens et le troupeau de vaches qui s'encourent quand on leur crie "bouh!". Eh bien non, ici elles ressemblent à ça, en bois vert ou rouge, avec leurs granges et leurs silos. Toutes les mêmes.

Fri. 14 Apr. - Disarm [Smashing Pumpkins]

Première expérience d'un cinéma ici, ce soir. Avideh emmène son mari et pour faire bonne mesure, invite la princesse persane. J'avais assez rapidement compris que ses exclamations répétées "oui, ok allons-y, je viens, comptez sur moi!" n'avaient pas été répétées suffisamment et avec assez d'insistance (ou alors, justement, trop?) pour que ce soit fiable et de fait, a l'heure dite, point de Shéherazade. En fait, c'est juste une question de traduction. Chez moi, en règle générale, «oui» = c'est bon, je serai là (quoi que probablement un peu en retard...), chez d'autres personnes que je connais, un seul «oui!» enthousiaste ou un «oui» mollasson et une confirmation font l'affaire. Ici, 4 «oui!» d'affilée exprimés avec un enthousiasme crédible et une volonté de convaincre se traduisent finalement en non. ca m'a un peu rappelé ma visite dans un souk tunisien, tiens...

L'intérieur du cinéma (le hall avant les salles) est stupéfiant. Je n'ai jamais croisé un tel assaut de toutes parts sur mes 5 sens: des écrans dans tous les coins diffusent les derniers résultats de différents sports, MTV, quelques news et des tas de pubs, et sont en compétition féroce avec les enseignes lumineuses clignotantes des différents marchands de bouffe et autres. Parlant de bouffe, les odeurs combinées des vendeurs de pop-corns, tacos, hamburgers, gaufres et crêpes donnent plutôt envie de courir aux toilettes, quoi que je suspecte qu'à leur approche, notre nez nous avertit de ne surtout pas entrer là-dedans, question de survie! Les tas de gens qui traînent un peu partout, les serveurs et hôtesses en tous genres qui courent dans tous les sens donnent un peu l'impression d'être tombé au centre d'une fourmillière. Bon, disons que seul le goût a encore un caractère optionnel, dieu merci! Je ne conçois probablement pas la même définition du mot «délassement» que les tenanciers de cet endroit, ils me fatiguent!
Heureuse nouvelle: après la demi-heure de pubs d'avant le film, ils n'ont pas trouvé utile de nous interrompre la projection pour une entracte, pratique exécrable que j'ai déjà vu exercée chez nous à de rares occasions...

20 avril 2006

Thu. 20 Apr. - Running up that Hill

J'ai été fort (pré~) occupé ces derniers temps par mes responsabilités professionnelles, faut que je fasse gaffe à pas tourner comme les gens d'ici (Meuh non, avec mes origines de wallon fainéant, paresseux, tire-au-flanc et dilapidant les sous de la sécu c'est juste pas possible voyons! Je suis d'ailleurs déjà en train de me demander où je vais acheter des pistolets à petits pois, question de faire un assaut en bonne et due forme sur l'équipe d'Olivier un de ces jours... ). J'ai donc aligné deux réunions importantes, que j'ai dû préparer avec soin et donc à coup d'heures sup' (les heures normales ne sont pas compatibles avec la concentration requise pour faire "avec soin"... entre les meetings, les mails et les interruptions incessantes, ça marche juste pas): L'une pour augmenter mon budget de 50% (j'ai réussi!), et l'autre pour présenter à des tas d'architectes mes plans de développement (acceptés, eux aussi). Bon, ça va, ça valait les quelques heures en question. Mais au passage, j'ai pas dormi assez et je me suis attrapé une deuxième angine au-dessus de la première. La première s'est enfoncée tout au fond de l'œsophage (non enfin, dans ce coin-là quoi), laissant la place nette pour la seconde, me permettant de savourer un subtil mélange de 2 saveurs de glaires, style glace citron/pistache mmmh! Attendez, je vais chercher la photo...

J'ai lu les dernières nouvelles de notre bonne Belgique, pas très joyeuses... Je suppose que l'absurde incident de la gare s'est transformé en un capharnaum de dérives douteuses de tous bords, je vous plains les gars!

16 avril 2006

Sun. 16 Apr. - Hot hot hot !!! [Cure]

Pris d'une soudaine bonne résolution, j'ai entrepris ce soir de rassembler toute la vaisselle sale de l'appart de la ranger dans l'armoire magique-qui-lave-la-vaisselle, de choser le machin dans le bazar et hop! Ca fait du bruit et ça ressort tout propre! Hoketi poketi wam!
Sauf que là, le machin a décidé de me faire le remake de New-Orleans! Vous vous souveniez du coup du siphon pêté? Eh bien, moi non plus. Enfin, maintenant si!

Sun. 9 Apr. - Leaves of summer [Cranes]


J'ai vu tout juste assez d'Ottawa pour me rendre compte que je devrais y retourner! Il y a la ravissante cité administrative qu'on croirait tout droit sortie de Londres (c'est peut-être pas un total hasard, vu l'origine du pays), des places piétonnes qui n'attendent que quelques degrés de plus pour être envahies de terrasses, une ambassade américaine aussi ridiculement barricadée derrière 3 remparts de protection que la nôtre, des tas de musées alléchants dont je n'ai eu le temps de goûter qu'au premier, des "carcassonne", "citadelles" et autres jeux irrésistibles qui m'attendent pour prendre vie en de longues parties nocturnes...



  Le musée des civilisations présente différentes civilisations amérindiennes (Ojibwas, Crees, Iroquois, Inuits, Hurons) de manière assez remarquable. Loin des vitrines encombrées et ternes du British Museum par exemple, la visite est vivante, illustrative, diversifiée, on est vraiment plongé dans leur univers. Il faut avouer aussi qu'on avait notre guide particulier, docteur en anthropologie et spécialiste de ces mêmes civilisations, ça aide :-)



Ils ont même retrouvé le scalp de Johnny Rotten!


:-) Vous voyez la photo du bus de hier? Je l'ai prise samedi, au relais paumé à mi-chemin entre Toronto et Ottawa, où le bus fait une petite halte pour laisser les passagers se sustenter (pisser, manger, fumer, acheter, ce genre d'actes vitaux dont on a été privés pendant 3 longues heures déjà!). Eh bien au retour on s'est arrêté au même relais, mais la bicoque à côté avait profité de la nuit pour se transformer en un tas de cendres fumantes. J'étais tellement étonné que j'en ai fait part à une passagère qui traînait là, mais qui n'a pas eu l'air d'en faire grand cas...

15 avril 2006

Sat. 8 Apr. - Are you still having fun?

Je me faisais la réflexion que pour pas mal d'entre-nous, même sans avoir mis les pieds sur le continent américain, il y a des aspects de la vie d'ici qu'on connaît comme si on l'avait vécu. Par exemple, Halloween (quoique celui-là, ça commence à être du vécu chez nous aussi), les cinema drive-in, les motels au milieu d'une longue route déserte, les Greyhound sur ces mêmes routes désertes, l'ambiance High-school (pensez Scream ou American Pie). Tout ça nous est expédié en masse par Hollywood, mais le résultat et assez flagrant: tout le monde sait ce qu'est un Greyhound, et personne ne sait ce qu'est un Eurolines, ou même un TGV.Oui, je suis un peu déçu parce que c'est pas le car tout gris en tôle ondulée comme les vrais...
Enfin, faire un tour en Greyhound faisait donc partie de mon rêve américain, c'est fait. Je vais à Ottawa, à 5h d'ici, pour rejoindre Oli et Véro qui sont de passage au Canada. La route est toute plate et poncutée d'une ferme tous les kilomètres. En revanche, point de prairie bien verte et grasse avec des vaches qui nous regardent passer comme chez nous, l'herbe a l'air mal en point et pas assez arrosée (ça c'est sûr que chez nous elle risque pas!).
Vue de loin, Ottawa ressemble un peu moins que Toronto à une grande ville Nord-Américaine. Vue de près par contre, on ne s'y trompe pas... Dans la suite du premier paragraphe, je suis sûr qu'on peut dire au premier coup d'œil que cette rue n'est pas en Europe, non?

:-) Je vis ici selon le principe des «amis de mes amis sont mes amis»: je m'incruste chez les amis d'Oli, qui sont francophones. Ca m'a l'air plus efficace que la version anglophone du même principe qui serait plutôt «les amis de mes amis me font des grands sourires et des tapes dans le dos»
:-( "Le Trombidion" , qui selon le Petit Roger est le nom d'une émission de radio-canada, avec la fabuleuse séquence du dictionnaire wallon, où Geluck imite des Québecquois qui parlent wallon, n'était malheureusement pas sur mon iPod, m'ôtant le plaisir de partager ce moment d'hilarité avec les intéressés... A propos d'accents, un qui n'est pas triste à entendre est celui des anglophones qui parlent français au Québec. Imaginez un flamand qui parle Liégeois ou Carolo, ça doit ressembler...

12 avril 2006

Wed. 12 Apr. - Prosthetic Head [Green Day]

Il y a trois minutes, j'étais en train de visiter les mouvements de mes différents comptes bancaires sur le web, ce qui est un signe assez solide que je m'ennuye ferme et que je cherche une disctraction. Ce soir, il fait tout gris et il pleut, même mon proprio ne veut pas me répondre au téléphone, je mange tout seul devant internet (enfin, là je crois que la pizza est en train de cramer dans le four, je vais devoir vous laisser un instant...), personne ne m'aime etc. etc., bref, je déprime. Un excellent moyen d'éluder ce genre d'expériences très dispensables aurait été de se replonger dans le tumulte du travail qui s'accumule plus rapidement que ma capacité à l'exécuter (ou plutôt à faire en sorte que les autres l'exécutent, c'est pire parce qu'au mieux, c'est pas fait comme je veux), mais j'ai déjà fait ça hier donc ça suffit.

Pour l'instant, mon équipe est divisée géographiquement en deux zones, les 3 néo arrivants (depuis lundi) sont déjà à l'endroit où nous irons tous lundi prochain. En pratique, ça veut dire que je les ai pas à l'œil; aujourd'hui j'ai juste été leur dire coucou ce matin, je m'attends donc à des surprises demain quand je vais faire le point avec chacun d'eux. Je suppose qu'au mieux ils auront bêtement perdu leur temps. Je trouve mon métier absolument fabuleux, ça me rappelle un peu quand j'étais chef castor (=les scouts de 5 ans):
1) J'accueille un développeur, je fais tout ce qu'il faut pour qu'il trouve rapidement ses marques, qu'il se sente à l'aise et qu'il ait ce dont il a besoin (genre j'ai même offert une bouffe aux premiers!). Je lui explique tout ce que je peux sur le projet, je lui trouve une tâche que je lui explique en long et en large. Quand je demande trois fois de suite s'il a compris, il acquièsce vigoureusement et me sort des «oui, sûr, ok, bien compris!» et pas les «mouais, peut-être, normalement, ça se pourrait» que moi je dis dans une situation similaire. Paf, là-dessus, une demi-journée vient de se barrer!
2) Je passe au suivant, je lui fais le même coup, même réponse. Faites le compte, c'est la fin de la journée, je peux commencer à travailler maintenant.
3) Je reviens au premier, je lui demande si tout va bien, que s'il a le moindre problème ou la moindre hésitation, qu'il me fasse signe: toujours la même assurance: «pas de problème, je maîtrise, tout va bien» avec un grand sourire assuré.
4) Le lendemain, après avoir reçu une nouvelle confirmation que tout est sous contrôle, je lui demande de me montrer ce qu'il a déjà écrit, je fais une tête pas possible et je l'emmène de toute urgence dans une salle de réunion pour tout recommencer depuis l'étape 1 (sans la bouffe).
5) une lueur d'optimisme tout de même: après quelques cycles du genre (entre quelques jours et une bonne semaine), j'arrive à espacer mes visites (forcément, vu que je dois m'occuper des suivants), et quand je reviens, ils s'en sortent avec juste une petite to-do list. A ce stade, on peut dire que j'ai confiance dans les deux premiers; je crois d'ailleurs qu'ils apprécient travailler avec moi, si je peux en juger ce que je lis sur la tête d'un Chinois...



:-) Je suis donc dans mon nouvel appartement, je ne me lasse pas de la vue, que je trouve formidable. A cet étage-ci, pas de voisin en face, pas besoin de fermer les rideaux, j'en profite donc tout le temps.
:-( Par contre, je me demande si l'équipement n'est pas un peu cheap... Il y a, sous la couche superficielle de luxe à l'américaine, des tas de détails qui ne sont pas sans me rappeler l'état dans lequel j'ai trouvé ma maison quand je l'ai achetée (voire qu'il reste des endroits qui sont toujours dans cet état)... un peu de toc, un peu de branlant, pas mal de déco bidon (ils ont l'air d'aimer les fleurs en plastique par ici). Au passage, j'ai déjà réussi à trouer le siphon de l'évier, qui était complètement pourri. J'ai pas encore payé le loyer, aussi (il veut être payé en chèques, mais j'ai pas idée comment marchent ces technologies désuètes moi!), je crois que je suis pas un locataire exemplaire... (chut, allez pas raconter ça aux miens!)

11 avril 2006

Tue. 11 Apr. - Somewhere only we know

Un p'tit écart chronologique aujourd'hui juste pour rappeler au monde que j'existe. Les événements récents m'ayant un peu éloigné du net et de l'usage libre de mon temps, j'ai eu un peu de mal; je rattraperai tout ça ce week-end.
Après le dîner de ce midi (qui a bien traîné deux heures, café compris), j'ai demandé à ma développeur palestinienne (qui est par ailleurs ma seule développeur féminine) où elle avait mangé, parce que ça m'avait l'air d'avoir été rapide (partie après moi et rentrée avant, enfin rétrospectivement, il ne s'agit en fait pas du tout d'un exploit!) et elle m'a sorti la litanie habituelle d'ici: «j'avale une crasse vite fait -- quoi que j'essaye de faire attention à ce que je mange --, question de pouvoir rentrer plus tôt chez moi le soir» (Ah ça y est! Tilt! J'ai compris! Mais c'est bien sûr! Ils espèrent tous rentrer vers 3h de l'aprem chez eux, ou plutôt tout droit chez un médecin, glâner un certif' pour intoxication sérieuse! :-). En général, ça me fait rire parce que ça n'a aucune espèce de corrélation, mais cette fois je dois avouer que je suis parti un bon 4h après elle, ça valait peut-être le coup?

:-( En rentrant donc chez moi vers 9h30, il ne me restait cette fois pas d'autre option que de céder à la pression du cheeseburger, vite fait, bien fait. Non, vite fait tout court. Ah là là mes amis quelle crasse! Je suis au moins bon pour le certif demain avec ça!

07 avril 2006

Sat. 1 Apr. - The Empty World

Samedi 1er avril, dans la continuité du vendredi 31 mars donc, et pas dans les poissons (hein Steph? ;-)
On a trouvé un coin sympa pour le petit déjeûner (à l'aube, vers 11h, certains ont le sommeil plus long que d'autres, m'a-t-on dit...), où on s'est rendus compte que dans cette petite ville reculée, les gens réservent d'amusants regards en coin inquisiteurs à deux gars aux cheveux longs qui promènent une petite fille. Allez savoir leur version de l'histoire! Sans oublier qu'avec cette foutue convention de hockey qui réserve tous les hôtels, on était prêts à prendre une chambre avec un lit unique. Grand, mais unique...


Le musée de la marine abritait une collection de pièces de marine aussi authentiques qu'inintéressantes (des pompes, des engrenages, des machines électriques, tous des trucs qui font bander les ingénieurs en méca, mais qui n'attirent pas pour autant l'attention du commun des mortels), une visite guidée des épaves qui gisent au fond du Lac Ontario, l'histoire poignante de tel ou tel navire ou matelot, avec force plans, carnets de bord ou reproductions à l'appui, et un train électrique, un vrai qui marchait et qu'on pouvait même toucher. Enfin, on pouvait probablement pas, mais on savait (comme on dit chez nous)...

(non, ça c'est juste un cheminot qui avait garé sa loco devant notre hôtel)

:-) Donc forcément, on a un peu touché, juste un peu... On n'a pas poussé le bouchon jusqu'à prétendre que Noémi était responsable de cette catastrophe ferrovière, quand la préposée est venue voir ce qui se passait; on a rapidement remis quelques wagons debout et on s'est cassés en douce. Si Olivier rejoint par hasard un jour la SNCB, rappelez-moi de ne plus jamais mettre les pieds dans un train!

04 avril 2006

Tue. 4 Apr. - C'est une belle journee

Petit intermède avant la suite de nos aventures à Kingston. Ce matin, je me sentais assez en phase avec le titre de la chanson en arrivant à Atrium on Bay (c'est le nom du building où on bosse) et puis clac, je me suis fait happer dans un meeting de 2 heures. 8 personnes dans la salle, plus 2 par téléphone; toute cette force de travail mobilisée pour essayer d'y voir clair dans cette can of worms qui répond au doux nom de "TBMIS extract". En gros: un truc que des gars ont fait il y a longtemps pour filer des données à d'autres gars qui les envoyent à encore d'autre gars qui font des rapports qu'ils envoyent à des managers qui doivent justifier je-ne-sais quoi sur base de ces rapports. Comme si, dans tout ce bordel, une information arrivait avec une quelconque précision!... Enfin, dans cette parfaite application du "diviser pour régner", chacun se passe la patate sans que personne ne sache ce que le suivant en fait. En plus, certains de ces trucs marchent un peu par magie et beaucoup par habitude, mais plus personne ne sait ce qu'ils sont censés faire.
Dans ces conditions, je trouvais la réunion assez surréaliste: le superviseur du projet s'endormait; sa voisine, une superbe indienne chef de projet de je sais plus trop quelle portion du machin, n'a pas dit un mot mais se donnait beaucoup de peine pour faire croire qu'elle écoutait néanmoins les débats; mon voisin et moi, on se demandait ce qu'on foutait là (moi je sais très bien: j'observais ce phénomène surprenant); un autre gars se plaignait que si on lui demandait de se renseigner sur ce que foutait "sa" partie du schmilblik, ça allait lui prendre des mois (ah tiens, et comment ça se fait que dans mon planning il est prévu 5 jours pour refaire tout le truc?); quelques-uns ont bien pigé l'affaire et se sont vite barrés, ce que j'ai d'ailleurs fait aussi, quand j'ai jugé en avoir observé assez pour mon article (et qu'en plus l'indienne venait de partir, ce qui retirait à mes yeux la seule raison de rester...).
:-) Je suppose que le rapport officiel de la réunion sera d'une toute autre teneur, mais je me demande ce que penserait le management de la manière dont on vient de dépenser 20 heures de travail, soit probablement près de 4000$ au prix des consultants...

03 avril 2006

Fri. 31 Mar. - Skin Vision

Là, ça faisait presque un mois qu'on n'était plus sortis de la ville, à force de passer ses week-ends en lunch, brunch et autres dinners, on ne voit pas beaucoup de pays. Ce week-end, donc, on fait une opération touristique: on loue une voiture, on choisit un point au hasard sur la carte et on y va. En plus ce week-end, ça tombe super bien: moi je dois accueillir mes deux premiers développeurs lundi donc je dois être prêt à leur dire exactement ce qu'ils doivent faire et j'en ai pas encore la moindre idée; Olivier est entouré de managers qui pètent un câble parce qu'ils craignent que le delivery de vendredi prochain sera jamais prêt à temps; Ewa se sent pas bien du tout: idéal je vous dis!
Question d'ajouter un peu de piment, on décide de quitter le travail vers midi, question d'éviter les embouteillages (mais pas les regards en coin...).
Après quelques détours et hésitations, on se retrouve à 3, Noémi, son père et moi, à rouler vers Kingston, une petite ville charmante sur le lac Ontario, entre Toronto et Montréal, réputée pour son fabuleux musée de la marine.
Regardez-moi ces pachas vautrés au fond du van en train de lire le dernier Goncourt...


Au détour de la petite route pittoresque qu'on a décidé d'emprunter, on voit des fermes, des rednecks (c'est les gars qui vivent par-là, mais je me demande si le terme n'a pas un rien de péjoratif), des fermes et des rednecks. Et puis tout-à-coup, plus de route: un petit ferry nous permet de passer sur l'autre berge, tout ça est absolument sympathique...


A ce que je vois, le bétail d'ici est à la même enseigne que nos blancs-bleu-belges: aux hormones et quasi plus capable de tenir debout tout seul... (rhooo). On voit pas bien sur la photo, mais il s'agit d'une fillette de 12 ans en vrai. On trouvait son style vestimentaire absolument irrésistible...


On arrive finalement en début de soirée à Kingston, suburbs infâmes puis quartiers plus sympas et très animés dans le centre. Tiens, pourquoi ils écrivent un peu partout "Kingston is Hockeyville", rien dans les guides touristiques ne mentionnait que la ville soit particulièrement liée au Hockey, bizarre...
On se rend à l'Holiday Inn, qui est l'hotêl qu'on avait vaguement repéré dans guides ou sur le web. Inutile de dire qu'on n'avait rien réservé: les moteurs de recherche sur le web indiquaient tous "sold-out", il y avait forcément un bug quelque part, en pleine basse-saison dans cette ville complètement paumée, pas besoin de réserver voyons!
Bon, euh, ça y est! tilt! C'est ça l'affaire du Hockey: il y a ce week-end une convention de Hockey et tous les gamins de l'Ontario se retrouvent ici ce week-end avec leur air niais, leurs hamburgers et leurs patins. Et ces cons sont évidemment fourrés dans toutes les chambres disponibles de tous les hôtels, motels et cie. à 20 km à la ronde!....
Alors là! C'est un peu le plan de visiter Namur en septembre, le 27 tiens...

:-) La franchise de la réceptionniste d'un hôtel qui nous a dit: «il nous reste quelques chambres, mais il y a des mômes qui risquent de courir en hurlant pendant toute la nuit dans tous les couloirs... Il y a bien une piscine, mais ne vous attendez pas trop à y trouver encore une petite place. Sinon, il nous reste les suites super-trop-cher où vous risquez de pas avoir trop de boucan, mais c'est vous qui voyez...»

01 avril 2006

Sat. 1 Apr. - Cannonball

Un p'tit rapide aujourd'hui vu les circonstances.

Avec le printemps qui a l'air cette fois de s'être vraiment installé sur nos rivages, on a décidé aujourd'hui d'aller faire des sports nautiques dans le Lac Ontario. On a loué des jetskis, puis on s'est un peu laissés prendre au jeu, voire on a fait les grands gamins, 'fin toujours est-il qu'on a fini nos zouaveries dans les filets d'un garde-côte Etats-Uniens. Je suppose que notre incapacité à sortir un document d'identité valide (allons donc?), associé à nos airs hilares devant la situation, ont convaincu ces braves agents zélés de l'administration américaine que nous complotions quelque chose du genre envoyer nos jetskis s'écraser contre l'Empire State Building, ou que-sais-je encore?
Bon, résultat de l'affaire, ils ont décidé de nous héberger pour la nuit (trop aimable de leur part, merci!), question de voir si on était pas des barbus intégristes déguisés, et je profite de l'ordinateur de bord du navire pour poster cette petite nouvelle toute chaude. A l'heure actuelle, pas encore de demande de rançon; je m'inquiète pas tellement pour la suite parce que je suppose que question scénario ils doivent pas être nettement plus inventifs que Hollywood et donc la raison l'emporte toujours à la fin, il y a une belle musique et tout le monde est soulagé.

A demain donc, de chez moi ou peut-être de Guantanamo si le scénariste a décidé de faire l'original...