28 juin 2007

Wed. 20 Jun. - Emportée par la foule [voir plus bas]

L'actualité cinéma

De la même manière qu'un nouveau Batman ou Mission Impossible met un temps variable à traverser l'Atlantique et arrive dans nos salles alors qu'il est déjà sorti en DVD depuis longtemps aux USA, l'inverse est tout aussi vrai.
J'ai donc été voir à New-York la première de "12:08 à l'Est de Bucarest", film roumain de 2006 projeté en salle en janvier, et "La Vie en Rose" à Toronto, probablement aussi bien après sa sortie en France. Etonnemment, la traversée de l'Atlantique n'est pas qu'une question de distance, puisque "Paris je t'aime", que j'ai vu en mars à La Havane, a atteint Manhattan en juin.

12:08 à l'Est de Bucarest est un film complètement absurde qui se complaît dans la petitesse et le minable, un tout bon dans le genre. Les Américains aiment les personnages grands et nobles, les héros inoxydables qui font triompher le bien sur le mal; le cinéma francophone (en particulier belge) aime pas mal les anti-héros, ces Gaston Lagaffe du grand écran qui sont souvent touchants par force d'être juste comme tout le monde; et le cinéma est-européen va souvent chercher les champions du minable et du l'a-pas-de-chance-dans-la-vie.
L'action de ce film tient donc en l'achat d'un costume de Père Noël, faire des origamis sur un plateau de télé et une chorale qui enregistre un cantique, l'intrigue concerne une ivrognerie de bistrot, le tout tourné à la bonne franquette. Pour un véritable commentaire sensé sur le film, voyez par vous-même sur le web.

La Vie en Rose, comme son nom le laisse entendre mais j'avais pas capté avant d'être dans la salle, est une biographie de la vie d'Edith Piaf. Je suis pas un grand fan de la Môme, mais le film est pas mal du tout et surtout Marion Cotillard y est absolument époustoufflante! Je ne me souviens pas avoir un tel jeu d'acteur depuis bien longtemps (peut-être maintenant que Paris Hilton est sortie de tôle?...)! J'ai eu un peu de mal au début à ne plus la voir en Sophie de "Jeux d'Enfants", qui clochait assez bien avec la Edith Piaf vieille cramoisie...

Ah oui, côté je perds mon temps, j'ai aussi vu la pénible fin de la saga des Pirates des Caraïbes, on prend les mêmes et on arrondit les fins de mois: pan pan, boum boum, et vlan que je te remette un couche sur les effets spéciaux.... Vous voyez Matrix 3? Non? Eh bien ne voyez pas Pirates 3 non plus.

En vol pour Paris (France, pas Hilton cette fois), je vais pas rater le Persepolis aussi, qui vaut très probablement le détour.

21 juin 2007

Thu. 21 Jun. - Oreste Et Electre [Cranes, et un peu Beaudelaire aussi]

Eh voilà, je me suis fait avoir: A force de flâner dans les aéroports, j'ai lu cette brochure publicitaire de United Airlines: "Inscrivez-vous aujourd'hui et gagnez un paquet de Miles(*), Save! Win! Earn!" et ça y est, je suis foutu, j'ai mis un doigt dans cet engrenage infernal!
J'ai donc ouvert un compte à MilesUnited Airlines. Puis je me suis rendu compte que mes vols Continental Airlines ne rapportent pas de Miles United, mais des Miles Continental. Donc paf! Un compte chez Continental, puis un autre chez Delta, un chez American Airlines, British Airways,... ça n'arrête plus! Et j'ai maintenant des petits paquets de Miles dans chacun de ces comptes.

Je suppose que c'est pas comme ça que c'est sensé marcher, que je devrais plutôt sélectionner une compagnie et tout envoyer sur le même compte, ce qui veut dire voler exclusivement sur cette compagnie et ses copines, au détriment de ma liberté de choisir mes correspondances et heures de vol sur toute la gamme disponible, eh oui la fidélité est à ce prix!

Je n'en suis pas encore là, ni à sélectionner les vols en 4 étapes pour maximiser les Miles que j'empoche sur le trajet, mais je me rends compte que ces infâmes pratiques mercantiles squattent néanmoins beaucoup plus que leur dû d'espace-cerveau, ne fût-ce que pour s'assurer que mes vols me rapportent bien ce qu'ils doivent et de profiter des offres bonus en tous genres. Sans compter le parcours du combattant que sera le processus d'effectivement transformer un jour ces Miles en un avantage quelconque qui mérite bien son titre d'Avantage (par exemple, pas Recevez un iPod gratuit! Juste 299$ de frais de dossier et de port).

(*) C'est les points de fidélité des compagnies aériennes

18 juin 2007

Mon. 18 Jun. - A Strange Day [The Cure]

Ce matin, j'ai fait mes adieux à New York depuis le hublot de l'Airbus qui me ramenait définitivement à Toronto. J'ai terminé ma mission comme prévu au début de la semaine, puis j'ai invité Kalila pour profiter des derniers jours de location de mon palace de Columbus Circle pour le week-end. De retour à la maison, je me réinstalle chez moi avant de rebondir vers d'autres aventures (Paris, dans un premier temps).

Dans l'immédiat, quelques images avant de passer à la littérature...

La salle de travail chez le client n°2. C'est là que le statut du consultant perd toute sa superbe (si toutefois il en avait): on les entasse par paquet de 10 dans des minuscules salles de réunion, où ils restent enfermés 12h d'affilée dans une chaleur étouffante (eh, z'avez vu les grosses machines? Ca dégage, croyez-moi!), dans les odeurs du mélange héteroclytes des lunch-polystyrène et de café froid, de sueur, de pieds et de pets; équipés du matériel dont vraiment personne d'autre ne veut plus (eh oui, les grosses machines sont des Pentium III datant de l'ère glaciaire), souquant comme des bêtes à longueur de journée (oui, enfin, comme partout hein: certains souquent plus que d'autres ;-)



Dernière addition à l'équipe, elle a le courage ou la chance d'être seule représentante de la gent féminine dans une équipe jusque là totalement masculine. Elle mérite un post à elle seule, ça viendra dans quelques jours...

A l'occasion de mon départ, j'ai invité une troisième fois toute la bande à picoler chez moi... La photo floue donne un rendu réaliste de la vision de chacun en fin de soirée, et je vous invite à jeter un œil attentif aux diverses victuailles sur la table: c'est plein de bonnes choses de chez nous!

Et j'ai évidemment gardé le meilleur pour la fin


Du côté de la bande son, j'ai pas trouvé A Strange Day, mais ceci vaut l'écoute:

06 juin 2007

Wed. 6 Jun. - Fly on the Windscreen [Depeche Mode]

Comme les autres Belges de l'étranger, j'ai voté en avance sur les continentaux. J'ai voté par webcam, ce qui était un peu inattendu, mais requis par le fait que mes bulletins de vote et moi n'allions pas nous croiser avant le 10 juin. J'ai donc eu droit à la lecture des noms de nos peut-être représentants avec un délicieux accent canadien, c'était mignon quoique pas très efficace.

Au passage, je me suis soumis au test que Stéphanie m'a envoyé (voir ici) et qui, en 20 questions, vous dit pour qui vous auriez dû voter. Et donc, pour autant que ça ait une quelconque valeur, et que j'aie été honnête, j'étais pas très loin du compte (il m'a quand même sorti le PS en tête, hein?)

Wed. 6 Jun. - Killing moon [Echo & The Bunnymen]

Après avoir passé hier une bonne demi-heure (littéralement!) à me battre avec cette ruine que Capco me prête gracieusement en guise de PC portable (... j'allais le réactiver pour jeter un œil aux specs du processeur, mais l'idée d'attendre 10 minutes qu'il se décide de se réveiller de son hibernation et afficher une fenêtre a tué l'idée dans l'œuf) pour le décider à:

1) s'activer,
2) se connecter sur le réseau interne de Capco
3) ouvrir un browser
4) afficher une page
5) imprimer ladite page

j'ai décidé que j'en avais marre de courir derrière les incapables de leur service technique et j'ai été m'acheter un PC portable, un vrai, à l'Apple Store de la 5ème Avenue.
Ça frime, non? :-P
Et donc me voilà équipé d'un petit portable compact tout blanc, léger, sympa, qui survit plus de 20 minutes sans prise de courant,... rien que du bonheur! Ah oui, simple, intuitif, qui se plante pas, enfin, vous avez sûrement aussi vu les pubs, non?

:-) En plus, maintenant je peux le sortir sans honte au Starbucks ou à l'aéroport
:-) Re-et en plus, je peux de nouveau mettre tous ces jolis accents sur mes lettres sans devoir le faire à l'aveuglette au moyen d'acrobaties pénibles!

Mon. 4 Jun. - What else is there [Röyksopp]

Finalement, avec une vingtaine de jours de retard sur moi (voir mon témoignage d'époque), le client nº2 s'est donc bien rendu compte que ça valait pas tant le coup que ça de payer des fortunes pour bénéficier de ma présence dans ses locaux et du coup, réduction des coups, bla bla, hop, exit New-York! Le 18 juin, je rentre chez moi (à Toronto, donc, mais c'est juste pour rebondir vers de nouvelles aventures: Paris, Bangalore. Visiter 3 continents différents en une semaine ça ne m'était pas encore arrivé tiens).

:-) En général, le boulot des consultants est d'identifier comment une entreprise peut se délester de son personnel pour réduire ses coûts, cette fois, c'est un employé qui s'est débarrassé d'un consultant pour réduire ses coûts. Allez, il y a une justice!


:-( Malheureusement, je me vois donc forcer de fermer prématurément mon offre d'hébregement de luxe gratuit à New-York. Je suppose que je ne ferai pas trop de déçus... Enfin, c'est temporaire, je referai probablement le coup en Inde d'ici peu.

03 juin 2007

Sat. 2 Jun. - La valse a mille temps [Jacquou]

Il fait chaud ici. De cette chaleur désagréable, gorgée d'humidité et bien lourde qui donne juste envie de rester chez soi. Du coup, tout le monde marche à l'air-co. Quand on marche dans les rues, on subit une très désagréable alternance de micro-climats: l'air chaud et lourd par défaut, la brise polaire qui s'échappe de chaque boutique par les portes grand ouvertes (plus la boutique est chic, plus ils font d'efforts pour rafraîchir toute la rue), la fournaise crachée par chaque bouche de ventilation au sol, qui éjecte la chaleur extraite du métro, chaque voiture et chaque autobus qui se transforment eux aussi en feux ouverts...

C'est vraiment affligeant de voir comment ils se donnent tous du mal pour refroidir leur petit lopin en réchauffant tous les voisins. J'ai entendu qu'en été, la demande d'énergie pour l'air-co des immeubles et des transports est tellement élevée qu'elle crée des coupures sur le réseau électrique.
Ils ont pas encore bien capté l'histoire du réchauffement du climat, et pourtant croyez-moi, ce sera nettement plus pénible ici que chez nous! Allez Al, encore un petit effort!

02 juin 2007

Fri. 1 Jun. - Boys Don't Cry [The Cure]

Et donc je fais quoi exactement de mes journées? Après 2 mois sur ce projet, je suis finalement plus ou moins en mesure d'en attester, je me suis trouvé une occupation.

Client n. 2 (je me souviens plus si c'était le n. 1 ou le n. 2, disons simplement "Client") est une grosse organisation pleine de gens, qui ont chacun une petite responsabilité et on suppose que la somme de toutes ces responsabilités fait avancer le machin. Ca a l'air simple et malin comme organisation, excepté que dans la réalité, les gars prennent un poste, l'occupent un temps, se barrent, se font jeter, sont promus, sont envoyés à l'autre bout du monde, etc. à peu près sans arrêt. En plus, des petits comiques (en general ceux qui viennent d'être promus) trouvent qu'une bonne manière de fêter leur nouveau rôle est de chambouler toute l'organisation. Le résultat de ces deux forces est que chacun se souvient vaguement du gars qui était responsable de ce machin-là il y a quelques mois/semaines/jours, mais ce gars vient juste d'être muté/promu/s'est barré/... et donc personne n'a de vue d'ensemble de l'organisation. Il existe bien des organigrammes, mais en règle générale ils sont vieux de quelques semaines et donc complètement dépassés.

Jusque là, rien que l'ordinaire bien sûr. Mais en plus, il s'agit d'une banque. Je commence maintenant à comprendre ce qu'est une banque, au-delà des images mielleuses matraquées par leurs agences de publicité. Il s'agit d'un paquet de 20.000 personnes qui font ce que 30 personnes pourraient faire avec un système informatique bien foutu. Rien de bien malin, il s'agit juste de faire des calculs comptables un peu complexes et basés sur des règles débiles. Pourquoi tant de monde? Eh bien, parce les systèmes informatiques ne sont pas bien foutus, pardieu! Donc il faut des régiments d'employés laborieux pour corriger et faire manuellement tout ce que ces systèmes font de travers, plus des cohortes d'informaticiens de tous poils pour tenter d'arranger lesdits systèmes, ajouter un petit module par-ci, une petite extension par-là, une petite emplâtre ici et mettre un cadavre dans le placard la-bas.

Quand on rapproche les deux paragraphes précédents, on comprend vite que personne ne comprend comment ça marche. Chaque manager n'a qu'une idée en tête: ne surtout pas faire un projet de travers qui risquerait de faire exploser tout le bazar. Pas faire le malin, pas tomber dans le ravin! Le placard acceptera bien un cadavre de plus, on peut encore mettre un bon tas de crasses sous le tapis, non? C'est comme le jeu de la bombe, de temps en temps ça saute, la banque fait la une des journaux, on fait sauter le malchanceux qui etait "responsable" du problème, on amène quelques pompiers pour régler l'incident a coup de sparadraps et de bouts de ficelle puis quand ça s'est calmé, on se dépêche d'oublier l'incident et de laisser traîner les réparations de fortune en l'état, remettant ainsi le compteur à zéro pour la bombe suivante...

Fri. 1 Jun. - Plague [Courtney Love]

(Suite de ci-dessus)
La force humaine de la banque est divisée en deux catégories: les employés et les managers. Les employés font laborieusement la tâche qui leur est assignée, jour après jour, et en fin de compte connaissent leur matière à fond, mais ne savent rien de ce qui se passe autour d'eux. Les managers en revanche, ne travaillent pas, ils passent leurs journées dans des réunions (en salle de réunion, en lunch d'affaire, en télé- ou vidéo-conférence, ici ou de l'autre côté de la Terre,...). Assez souvent, le manager a été employé avant d'être manager.
Voici à peu près le resultat en terme de ce que je peux attendre de l'un ou l'autre:

Le manager:
- est a son poste actuel depuis 6 mois ou moins. Probablement déjà en train de viser la mutation suivante,
- est toujours disponible pour que je le rencontre, et il est à l'aise dans la salle de réunion,
- il sait toujours tout, il répond à toutes mes questions. C'est seulement après que j'apprends que ce qu'il me raconte date de quand il était lui-meme employé (il y a 3 ans, parfois bien plus), à l'époque où il savait des choses. Depuis qu'il est manager, il ne sait plus rien de neuf, et ses connaissances sont en processus d'obsolescence rapide.
- est toujours positif sur la possibilité de changer les choses, de faire evoluer les systèmes etc.
- connaît les noms de tous les autres managers de l'étage (connaissance très à jour, parfois même en avance sur les annonces officielles), en particulier ceux qui pourraient l'aider a gravir un échelon à la fin de l'année


L'employé:
- est a son poste depuis 18 ans et n'en bougera que si l'immeuble s'effondre,
- n'a pas le temps de me voir, il a autre chose à faire, bordel.
- n'est a priori pas à l'aise dans la salle de réunion, il a envie de se barrer parce qu'il a un truc urgent a résoudre (re-virgule, bordel),
- est tout de même plutot content de parler de ce qu'il sait
- sait de quoi il parle. Quand il affirme un truc, c'est vrai et c'est la situation de hier soir au plus (pas d'il y a 3 ans)
- est très réticent au changement et à la nouveauté. «Est-ce qu'il y a moyen de ...» - «Rhaaa, non, ne m'en parlez pas, c'est pas possible!! Ca me rappelle avril 1989 quand tout le système s'est planté parce qu'on a fait une migration foireuse!»
- connaît son chef et le gars avec qui il va prendre les pauses café.
- attend sagement le debut de l'année suivante pour pouvoir se plaindre de ne pas avoir été augmenté/promu cette année.

Mon boulot est donc un drôle de mix entre le détective et l'historien, ou je collecte de nombreux témoignages et documents d'époque (le plan des réparations de mai 1989, par exemple), je recoupe, je rapproche, je confronte et j'essaye de faire éclater la vérité (souvent, à la surpise de l'un ou l'autre manager qui a du un peu perdre le fil des évolutions, depuis 1994).