30 avril 2006

Sun 30 Apr. - Sunday Bloody Sunday

Profitez bien de votre fête du travail sans travail demain. Elle n'est pas arrivée jusqu'ici, demain je ne fête rien du tout et je prépare mon équipe pour le sprint de notre premier delivery, fin de semaine. Enfin, on peut pas dire que la pression soit insoutenable, tout le monde a l'air de s'en battre que je délivre une première version ou non.
En fait, la manière générale de fonctionner (j'allais ajouter "ici", mais finalement, non, c'était vrai chez nous aussi, on était même des champions du temps de Scorpio), c'est de ne faire attention que lors du dernier delivery. Si celui-là n'est pas à temps, alors tout le monde se met à s'agiter, on paralyse tout le travail dans des réunions interminables pour voir comment on va s'en sortir, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir raconter au client, comment on va bidouiller la réalité pour pas avoir l'air idiot, etc. etc. Quand il s'agit des deliveries intermédiaires, là où a l'occasion de voir bien à l'avance qu'on a pris un peu de retard, que le client est très réceptif au problème, que les solutions sont abondantes et faciles à mettre en œuvre, alors tout le monde s'en fout et la réponse habituelle est "si on est en retard, c'est pas grave, on va se rattraper sur le delivery suivant", à grands renforts d'excuses du genre "il a fallu que les choses se mettent en place", "maintenant les gars sont efficaces", "maintenant le client ne changera plus d'avis tous les trois jours", et du coup le management se conforte dans l'idée de pas prendre la moindre action, ne surtout pas avertir le client (ça ferait mauvais genre!) ni mettre à jour le planning (déjà qu'il a souvent fallu deux bonnes semaines rien que pour le faire et qu'il soit joli, comptez même deux mois s'il s'agit de Microsoft Project, alors l'idée même d'y changer quoi que ce soit donne des sueurs froides; un planning c'est un peu comme un tableau de maître, il est fait un jour, puis on l'affiche et défense d'y toucher!).
Enfin, cela ne m'empêche pas de croire que c'est une saine pratique de tenir ses délais et que même si je suis le seul à le faire, ça vaut le coup. Ca me permettra notamment de faire le point sur l'état réel d'avancement du projet (et non les racontards des développeurs), les réalisations de chacun, de voir si ceux que je crois bons le sont effectivement et si celui que je crois complètement nul l'est (auquel cas il a de bonnes chances de devenir candidat invlontaire à céder sa place à un autre plus compétent qui quitte le projet OTIS).
A dire ça aussi platement, on pourrait croire que je fais fi de notre bonne vieille sécurité d'emploi si chère à nos cœurs belges. Pas vraiment: ces gars sont des indépendants, ils sont très bien payés tant qu'ils sont occupés et ils ont décidé de prendre ce risque: ils refusent les positions d'employé (c'est la seule position encore vacante sur mon projet). Alors autant jouer dans cette logique et offrir le job à un gars compétent et motivé plutôt qu'à celui qui resquille et qui fournit un travail de moindre qualité, non?

Bon, j'étais parti initialement sur l'idée de faire le point sur deux mois passés ici, ma vision de Toronto et du Canada, des différents aspects de la vie ici et de comment je m'y sens. Je me suis un peu égaré en chemin et maintenant j'ai faim, donc je vais laisser tout ce copieux menu pour une prochaine fois et sortir prendre l'air et manger un bout (expression qui fait rire les Québecquois, d'ailleurs: «on va aller se manger un bout» a une connotation anthropohago-érotique)

Thu. 26 Apr. - Sleep [des excellents Dandy Warhols]

Après le coup d'augmenter les estimations de travail requis pour faire notre projet, le planning doit lui aussi être complètement revu. Je me suis permis à cette occasion de suggérer de prévoir de compter 3 bonnes semaines d'absence pour moi en été, et que tant qu'on y était, c'était probablement aussi valable pour les autres. La proposition a été retenue, avec toutefois une pointe d'étonnement (le standard a l'air plutôt de prendre 2 jours de vacances et de rêver perpétuellement d'avoir 2 mois de vacances avec toutes les récupérations des dernières années)

Je n'ai donc pas encore d'idée précise pour mes vacances. Je suppose que d'une part je voudrai revenir faire un p'tit coucou en Belgique un jour ou l'autre; par ailleurs je vais profiter d'être ici pour prendre des vacances dans le coin. Au menu de ce qui me tente: l'Alaska, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest (en gros, ça nous mène bien au Nord); Vancouver et les Rocheuses; Newfoundland (les baleines et tout ça, à l'est du Canada); ou encore Cuba ou l'Amérique du Sud. Je suis sûrement pas le seul à commencer à penser aux vacances, mmh? Si l'idée des vacances américaines tente quelqu'un, arrangeons quelque chose ensemble.

23 avril 2006

Sun. 16 Apr. - Welcome to the monkey house

Seconde destination du week-end, la région des 30.000 îles, ce qui en fait tout de suite 29.000 de plus qu'à Kingston! Je les ai pas comptées, mais certaines d'entre-elles sont en vente. C'est pas cool ça, de posséder une île? Bon évidemment, ne pensez pas tout de suite à l'île truffée de gadgets, de luxe, de jolies femmes et de réacteurs nucléaires comme on en voit dans les James Bond; il s'agit plutôt d'avoir un bungalow à la campagne avec de l'eau tout autour et de devoir aller chercher les croissants le matin en bâteau ou à la nage (ce qui est probablement pas très bon pour les croissants au retour...)

Sat. 15 Apr. - 1979 [encore les Smashing Pumpkins]

Après avoir passé les deux derniers week-ends à visiter les villes avoisinantes, pourquoi pas changer d'air et aller voir un peu le pays? Plans campagne et nature donc ce week-end avec Mike et Avideh: aujourd'hui un bled perdu au centre de la communauté Mennonite, des fermiers qui s'habillent en noir et refusent à peu près tout ce qui leur semble un peu trop progressiste ou technologique: la voiture, la télé, le téléphone, le port ou l'usage des armes, l'alcool, le divorce (on n'a pas demandé pour le mariage homosexuel ou l'adoption pour ces mêmes couples, mais on avait notre petite idée sur la question), les formulaires de demandes de subsides, de pensions etc.

Pour faire authentique, on a donc fait la visite de la ferme en carriole non-technologique...


Attention, ils refusent le progrès, mais c'est de fameux bricoleurs, ces gars-là! Voyez ce qu'on peut faire avec un peu d'imagination, quelques vieilles tôles de métal et beaucoup de courage. Progrès technologique, voitures, tout ça? Pfff! Pas besoin d'abord!
Non, à la vérité, Dieu a tout-de-même distribué quelques dispenses... Faire les zozos dans des carrioles à cheval sur la route de l'église ça va, mais bizness is bizness, vous comprenez, il y a rire et rire!

Quand je vous parle de ferme, vous pensez sûrement à nos bonnes vieilles fermes carrées en pierre de pays, avec leur tas de fumier, leurs 15 chiens et le troupeau de vaches qui s'encourent quand on leur crie "bouh!". Eh bien non, ici elles ressemblent à ça, en bois vert ou rouge, avec leurs granges et leurs silos. Toutes les mêmes.

Fri. 14 Apr. - Disarm [Smashing Pumpkins]

Première expérience d'un cinéma ici, ce soir. Avideh emmène son mari et pour faire bonne mesure, invite la princesse persane. J'avais assez rapidement compris que ses exclamations répétées "oui, ok allons-y, je viens, comptez sur moi!" n'avaient pas été répétées suffisamment et avec assez d'insistance (ou alors, justement, trop?) pour que ce soit fiable et de fait, a l'heure dite, point de Shéherazade. En fait, c'est juste une question de traduction. Chez moi, en règle générale, «oui» = c'est bon, je serai là (quoi que probablement un peu en retard...), chez d'autres personnes que je connais, un seul «oui!» enthousiaste ou un «oui» mollasson et une confirmation font l'affaire. Ici, 4 «oui!» d'affilée exprimés avec un enthousiasme crédible et une volonté de convaincre se traduisent finalement en non. ca m'a un peu rappelé ma visite dans un souk tunisien, tiens...

L'intérieur du cinéma (le hall avant les salles) est stupéfiant. Je n'ai jamais croisé un tel assaut de toutes parts sur mes 5 sens: des écrans dans tous les coins diffusent les derniers résultats de différents sports, MTV, quelques news et des tas de pubs, et sont en compétition féroce avec les enseignes lumineuses clignotantes des différents marchands de bouffe et autres. Parlant de bouffe, les odeurs combinées des vendeurs de pop-corns, tacos, hamburgers, gaufres et crêpes donnent plutôt envie de courir aux toilettes, quoi que je suspecte qu'à leur approche, notre nez nous avertit de ne surtout pas entrer là-dedans, question de survie! Les tas de gens qui traînent un peu partout, les serveurs et hôtesses en tous genres qui courent dans tous les sens donnent un peu l'impression d'être tombé au centre d'une fourmillière. Bon, disons que seul le goût a encore un caractère optionnel, dieu merci! Je ne conçois probablement pas la même définition du mot «délassement» que les tenanciers de cet endroit, ils me fatiguent!
Heureuse nouvelle: après la demi-heure de pubs d'avant le film, ils n'ont pas trouvé utile de nous interrompre la projection pour une entracte, pratique exécrable que j'ai déjà vu exercée chez nous à de rares occasions...

20 avril 2006

Thu. 20 Apr. - Running up that Hill

J'ai été fort (pré~) occupé ces derniers temps par mes responsabilités professionnelles, faut que je fasse gaffe à pas tourner comme les gens d'ici (Meuh non, avec mes origines de wallon fainéant, paresseux, tire-au-flanc et dilapidant les sous de la sécu c'est juste pas possible voyons! Je suis d'ailleurs déjà en train de me demander où je vais acheter des pistolets à petits pois, question de faire un assaut en bonne et due forme sur l'équipe d'Olivier un de ces jours... ). J'ai donc aligné deux réunions importantes, que j'ai dû préparer avec soin et donc à coup d'heures sup' (les heures normales ne sont pas compatibles avec la concentration requise pour faire "avec soin"... entre les meetings, les mails et les interruptions incessantes, ça marche juste pas): L'une pour augmenter mon budget de 50% (j'ai réussi!), et l'autre pour présenter à des tas d'architectes mes plans de développement (acceptés, eux aussi). Bon, ça va, ça valait les quelques heures en question. Mais au passage, j'ai pas dormi assez et je me suis attrapé une deuxième angine au-dessus de la première. La première s'est enfoncée tout au fond de l'œsophage (non enfin, dans ce coin-là quoi), laissant la place nette pour la seconde, me permettant de savourer un subtil mélange de 2 saveurs de glaires, style glace citron/pistache mmmh! Attendez, je vais chercher la photo...

J'ai lu les dernières nouvelles de notre bonne Belgique, pas très joyeuses... Je suppose que l'absurde incident de la gare s'est transformé en un capharnaum de dérives douteuses de tous bords, je vous plains les gars!

16 avril 2006

Sun. 16 Apr. - Hot hot hot !!! [Cure]

Pris d'une soudaine bonne résolution, j'ai entrepris ce soir de rassembler toute la vaisselle sale de l'appart de la ranger dans l'armoire magique-qui-lave-la-vaisselle, de choser le machin dans le bazar et hop! Ca fait du bruit et ça ressort tout propre! Hoketi poketi wam!
Sauf que là, le machin a décidé de me faire le remake de New-Orleans! Vous vous souveniez du coup du siphon pêté? Eh bien, moi non plus. Enfin, maintenant si!

Sun. 9 Apr. - Leaves of summer [Cranes]


J'ai vu tout juste assez d'Ottawa pour me rendre compte que je devrais y retourner! Il y a la ravissante cité administrative qu'on croirait tout droit sortie de Londres (c'est peut-être pas un total hasard, vu l'origine du pays), des places piétonnes qui n'attendent que quelques degrés de plus pour être envahies de terrasses, une ambassade américaine aussi ridiculement barricadée derrière 3 remparts de protection que la nôtre, des tas de musées alléchants dont je n'ai eu le temps de goûter qu'au premier, des "carcassonne", "citadelles" et autres jeux irrésistibles qui m'attendent pour prendre vie en de longues parties nocturnes...



  Le musée des civilisations présente différentes civilisations amérindiennes (Ojibwas, Crees, Iroquois, Inuits, Hurons) de manière assez remarquable. Loin des vitrines encombrées et ternes du British Museum par exemple, la visite est vivante, illustrative, diversifiée, on est vraiment plongé dans leur univers. Il faut avouer aussi qu'on avait notre guide particulier, docteur en anthropologie et spécialiste de ces mêmes civilisations, ça aide :-)



Ils ont même retrouvé le scalp de Johnny Rotten!


:-) Vous voyez la photo du bus de hier? Je l'ai prise samedi, au relais paumé à mi-chemin entre Toronto et Ottawa, où le bus fait une petite halte pour laisser les passagers se sustenter (pisser, manger, fumer, acheter, ce genre d'actes vitaux dont on a été privés pendant 3 longues heures déjà!). Eh bien au retour on s'est arrêté au même relais, mais la bicoque à côté avait profité de la nuit pour se transformer en un tas de cendres fumantes. J'étais tellement étonné que j'en ai fait part à une passagère qui traînait là, mais qui n'a pas eu l'air d'en faire grand cas...

15 avril 2006

Sat. 8 Apr. - Are you still having fun?

Je me faisais la réflexion que pour pas mal d'entre-nous, même sans avoir mis les pieds sur le continent américain, il y a des aspects de la vie d'ici qu'on connaît comme si on l'avait vécu. Par exemple, Halloween (quoique celui-là, ça commence à être du vécu chez nous aussi), les cinema drive-in, les motels au milieu d'une longue route déserte, les Greyhound sur ces mêmes routes désertes, l'ambiance High-school (pensez Scream ou American Pie). Tout ça nous est expédié en masse par Hollywood, mais le résultat et assez flagrant: tout le monde sait ce qu'est un Greyhound, et personne ne sait ce qu'est un Eurolines, ou même un TGV.Oui, je suis un peu déçu parce que c'est pas le car tout gris en tôle ondulée comme les vrais...
Enfin, faire un tour en Greyhound faisait donc partie de mon rêve américain, c'est fait. Je vais à Ottawa, à 5h d'ici, pour rejoindre Oli et Véro qui sont de passage au Canada. La route est toute plate et poncutée d'une ferme tous les kilomètres. En revanche, point de prairie bien verte et grasse avec des vaches qui nous regardent passer comme chez nous, l'herbe a l'air mal en point et pas assez arrosée (ça c'est sûr que chez nous elle risque pas!).
Vue de loin, Ottawa ressemble un peu moins que Toronto à une grande ville Nord-Américaine. Vue de près par contre, on ne s'y trompe pas... Dans la suite du premier paragraphe, je suis sûr qu'on peut dire au premier coup d'œil que cette rue n'est pas en Europe, non?

:-) Je vis ici selon le principe des «amis de mes amis sont mes amis»: je m'incruste chez les amis d'Oli, qui sont francophones. Ca m'a l'air plus efficace que la version anglophone du même principe qui serait plutôt «les amis de mes amis me font des grands sourires et des tapes dans le dos»
:-( "Le Trombidion" , qui selon le Petit Roger est le nom d'une émission de radio-canada, avec la fabuleuse séquence du dictionnaire wallon, où Geluck imite des Québecquois qui parlent wallon, n'était malheureusement pas sur mon iPod, m'ôtant le plaisir de partager ce moment d'hilarité avec les intéressés... A propos d'accents, un qui n'est pas triste à entendre est celui des anglophones qui parlent français au Québec. Imaginez un flamand qui parle Liégeois ou Carolo, ça doit ressembler...

12 avril 2006

Wed. 12 Apr. - Prosthetic Head [Green Day]

Il y a trois minutes, j'étais en train de visiter les mouvements de mes différents comptes bancaires sur le web, ce qui est un signe assez solide que je m'ennuye ferme et que je cherche une disctraction. Ce soir, il fait tout gris et il pleut, même mon proprio ne veut pas me répondre au téléphone, je mange tout seul devant internet (enfin, là je crois que la pizza est en train de cramer dans le four, je vais devoir vous laisser un instant...), personne ne m'aime etc. etc., bref, je déprime. Un excellent moyen d'éluder ce genre d'expériences très dispensables aurait été de se replonger dans le tumulte du travail qui s'accumule plus rapidement que ma capacité à l'exécuter (ou plutôt à faire en sorte que les autres l'exécutent, c'est pire parce qu'au mieux, c'est pas fait comme je veux), mais j'ai déjà fait ça hier donc ça suffit.

Pour l'instant, mon équipe est divisée géographiquement en deux zones, les 3 néo arrivants (depuis lundi) sont déjà à l'endroit où nous irons tous lundi prochain. En pratique, ça veut dire que je les ai pas à l'œil; aujourd'hui j'ai juste été leur dire coucou ce matin, je m'attends donc à des surprises demain quand je vais faire le point avec chacun d'eux. Je suppose qu'au mieux ils auront bêtement perdu leur temps. Je trouve mon métier absolument fabuleux, ça me rappelle un peu quand j'étais chef castor (=les scouts de 5 ans):
1) J'accueille un développeur, je fais tout ce qu'il faut pour qu'il trouve rapidement ses marques, qu'il se sente à l'aise et qu'il ait ce dont il a besoin (genre j'ai même offert une bouffe aux premiers!). Je lui explique tout ce que je peux sur le projet, je lui trouve une tâche que je lui explique en long et en large. Quand je demande trois fois de suite s'il a compris, il acquièsce vigoureusement et me sort des «oui, sûr, ok, bien compris!» et pas les «mouais, peut-être, normalement, ça se pourrait» que moi je dis dans une situation similaire. Paf, là-dessus, une demi-journée vient de se barrer!
2) Je passe au suivant, je lui fais le même coup, même réponse. Faites le compte, c'est la fin de la journée, je peux commencer à travailler maintenant.
3) Je reviens au premier, je lui demande si tout va bien, que s'il a le moindre problème ou la moindre hésitation, qu'il me fasse signe: toujours la même assurance: «pas de problème, je maîtrise, tout va bien» avec un grand sourire assuré.
4) Le lendemain, après avoir reçu une nouvelle confirmation que tout est sous contrôle, je lui demande de me montrer ce qu'il a déjà écrit, je fais une tête pas possible et je l'emmène de toute urgence dans une salle de réunion pour tout recommencer depuis l'étape 1 (sans la bouffe).
5) une lueur d'optimisme tout de même: après quelques cycles du genre (entre quelques jours et une bonne semaine), j'arrive à espacer mes visites (forcément, vu que je dois m'occuper des suivants), et quand je reviens, ils s'en sortent avec juste une petite to-do list. A ce stade, on peut dire que j'ai confiance dans les deux premiers; je crois d'ailleurs qu'ils apprécient travailler avec moi, si je peux en juger ce que je lis sur la tête d'un Chinois...



:-) Je suis donc dans mon nouvel appartement, je ne me lasse pas de la vue, que je trouve formidable. A cet étage-ci, pas de voisin en face, pas besoin de fermer les rideaux, j'en profite donc tout le temps.
:-( Par contre, je me demande si l'équipement n'est pas un peu cheap... Il y a, sous la couche superficielle de luxe à l'américaine, des tas de détails qui ne sont pas sans me rappeler l'état dans lequel j'ai trouvé ma maison quand je l'ai achetée (voire qu'il reste des endroits qui sont toujours dans cet état)... un peu de toc, un peu de branlant, pas mal de déco bidon (ils ont l'air d'aimer les fleurs en plastique par ici). Au passage, j'ai déjà réussi à trouer le siphon de l'évier, qui était complètement pourri. J'ai pas encore payé le loyer, aussi (il veut être payé en chèques, mais j'ai pas idée comment marchent ces technologies désuètes moi!), je crois que je suis pas un locataire exemplaire... (chut, allez pas raconter ça aux miens!)

11 avril 2006

Tue. 11 Apr. - Somewhere only we know

Un p'tit écart chronologique aujourd'hui juste pour rappeler au monde que j'existe. Les événements récents m'ayant un peu éloigné du net et de l'usage libre de mon temps, j'ai eu un peu de mal; je rattraperai tout ça ce week-end.
Après le dîner de ce midi (qui a bien traîné deux heures, café compris), j'ai demandé à ma développeur palestinienne (qui est par ailleurs ma seule développeur féminine) où elle avait mangé, parce que ça m'avait l'air d'avoir été rapide (partie après moi et rentrée avant, enfin rétrospectivement, il ne s'agit en fait pas du tout d'un exploit!) et elle m'a sorti la litanie habituelle d'ici: «j'avale une crasse vite fait -- quoi que j'essaye de faire attention à ce que je mange --, question de pouvoir rentrer plus tôt chez moi le soir» (Ah ça y est! Tilt! J'ai compris! Mais c'est bien sûr! Ils espèrent tous rentrer vers 3h de l'aprem chez eux, ou plutôt tout droit chez un médecin, glâner un certif' pour intoxication sérieuse! :-). En général, ça me fait rire parce que ça n'a aucune espèce de corrélation, mais cette fois je dois avouer que je suis parti un bon 4h après elle, ça valait peut-être le coup?

:-( En rentrant donc chez moi vers 9h30, il ne me restait cette fois pas d'autre option que de céder à la pression du cheeseburger, vite fait, bien fait. Non, vite fait tout court. Ah là là mes amis quelle crasse! Je suis au moins bon pour le certif demain avec ça!

07 avril 2006

Sat. 1 Apr. - The Empty World

Samedi 1er avril, dans la continuité du vendredi 31 mars donc, et pas dans les poissons (hein Steph? ;-)
On a trouvé un coin sympa pour le petit déjeûner (à l'aube, vers 11h, certains ont le sommeil plus long que d'autres, m'a-t-on dit...), où on s'est rendus compte que dans cette petite ville reculée, les gens réservent d'amusants regards en coin inquisiteurs à deux gars aux cheveux longs qui promènent une petite fille. Allez savoir leur version de l'histoire! Sans oublier qu'avec cette foutue convention de hockey qui réserve tous les hôtels, on était prêts à prendre une chambre avec un lit unique. Grand, mais unique...


Le musée de la marine abritait une collection de pièces de marine aussi authentiques qu'inintéressantes (des pompes, des engrenages, des machines électriques, tous des trucs qui font bander les ingénieurs en méca, mais qui n'attirent pas pour autant l'attention du commun des mortels), une visite guidée des épaves qui gisent au fond du Lac Ontario, l'histoire poignante de tel ou tel navire ou matelot, avec force plans, carnets de bord ou reproductions à l'appui, et un train électrique, un vrai qui marchait et qu'on pouvait même toucher. Enfin, on pouvait probablement pas, mais on savait (comme on dit chez nous)...

(non, ça c'est juste un cheminot qui avait garé sa loco devant notre hôtel)

:-) Donc forcément, on a un peu touché, juste un peu... On n'a pas poussé le bouchon jusqu'à prétendre que Noémi était responsable de cette catastrophe ferrovière, quand la préposée est venue voir ce qui se passait; on a rapidement remis quelques wagons debout et on s'est cassés en douce. Si Olivier rejoint par hasard un jour la SNCB, rappelez-moi de ne plus jamais mettre les pieds dans un train!

04 avril 2006

Tue. 4 Apr. - C'est une belle journee

Petit intermède avant la suite de nos aventures à Kingston. Ce matin, je me sentais assez en phase avec le titre de la chanson en arrivant à Atrium on Bay (c'est le nom du building où on bosse) et puis clac, je me suis fait happer dans un meeting de 2 heures. 8 personnes dans la salle, plus 2 par téléphone; toute cette force de travail mobilisée pour essayer d'y voir clair dans cette can of worms qui répond au doux nom de "TBMIS extract". En gros: un truc que des gars ont fait il y a longtemps pour filer des données à d'autres gars qui les envoyent à encore d'autre gars qui font des rapports qu'ils envoyent à des managers qui doivent justifier je-ne-sais quoi sur base de ces rapports. Comme si, dans tout ce bordel, une information arrivait avec une quelconque précision!... Enfin, dans cette parfaite application du "diviser pour régner", chacun se passe la patate sans que personne ne sache ce que le suivant en fait. En plus, certains de ces trucs marchent un peu par magie et beaucoup par habitude, mais plus personne ne sait ce qu'ils sont censés faire.
Dans ces conditions, je trouvais la réunion assez surréaliste: le superviseur du projet s'endormait; sa voisine, une superbe indienne chef de projet de je sais plus trop quelle portion du machin, n'a pas dit un mot mais se donnait beaucoup de peine pour faire croire qu'elle écoutait néanmoins les débats; mon voisin et moi, on se demandait ce qu'on foutait là (moi je sais très bien: j'observais ce phénomène surprenant); un autre gars se plaignait que si on lui demandait de se renseigner sur ce que foutait "sa" partie du schmilblik, ça allait lui prendre des mois (ah tiens, et comment ça se fait que dans mon planning il est prévu 5 jours pour refaire tout le truc?); quelques-uns ont bien pigé l'affaire et se sont vite barrés, ce que j'ai d'ailleurs fait aussi, quand j'ai jugé en avoir observé assez pour mon article (et qu'en plus l'indienne venait de partir, ce qui retirait à mes yeux la seule raison de rester...).
:-) Je suppose que le rapport officiel de la réunion sera d'une toute autre teneur, mais je me demande ce que penserait le management de la manière dont on vient de dépenser 20 heures de travail, soit probablement près de 4000$ au prix des consultants...

03 avril 2006

Fri. 31 Mar. - Skin Vision

Là, ça faisait presque un mois qu'on n'était plus sortis de la ville, à force de passer ses week-ends en lunch, brunch et autres dinners, on ne voit pas beaucoup de pays. Ce week-end, donc, on fait une opération touristique: on loue une voiture, on choisit un point au hasard sur la carte et on y va. En plus ce week-end, ça tombe super bien: moi je dois accueillir mes deux premiers développeurs lundi donc je dois être prêt à leur dire exactement ce qu'ils doivent faire et j'en ai pas encore la moindre idée; Olivier est entouré de managers qui pètent un câble parce qu'ils craignent que le delivery de vendredi prochain sera jamais prêt à temps; Ewa se sent pas bien du tout: idéal je vous dis!
Question d'ajouter un peu de piment, on décide de quitter le travail vers midi, question d'éviter les embouteillages (mais pas les regards en coin...).
Après quelques détours et hésitations, on se retrouve à 3, Noémi, son père et moi, à rouler vers Kingston, une petite ville charmante sur le lac Ontario, entre Toronto et Montréal, réputée pour son fabuleux musée de la marine.
Regardez-moi ces pachas vautrés au fond du van en train de lire le dernier Goncourt...


Au détour de la petite route pittoresque qu'on a décidé d'emprunter, on voit des fermes, des rednecks (c'est les gars qui vivent par-là, mais je me demande si le terme n'a pas un rien de péjoratif), des fermes et des rednecks. Et puis tout-à-coup, plus de route: un petit ferry nous permet de passer sur l'autre berge, tout ça est absolument sympathique...


A ce que je vois, le bétail d'ici est à la même enseigne que nos blancs-bleu-belges: aux hormones et quasi plus capable de tenir debout tout seul... (rhooo). On voit pas bien sur la photo, mais il s'agit d'une fillette de 12 ans en vrai. On trouvait son style vestimentaire absolument irrésistible...


On arrive finalement en début de soirée à Kingston, suburbs infâmes puis quartiers plus sympas et très animés dans le centre. Tiens, pourquoi ils écrivent un peu partout "Kingston is Hockeyville", rien dans les guides touristiques ne mentionnait que la ville soit particulièrement liée au Hockey, bizarre...
On se rend à l'Holiday Inn, qui est l'hotêl qu'on avait vaguement repéré dans guides ou sur le web. Inutile de dire qu'on n'avait rien réservé: les moteurs de recherche sur le web indiquaient tous "sold-out", il y avait forcément un bug quelque part, en pleine basse-saison dans cette ville complètement paumée, pas besoin de réserver voyons!
Bon, euh, ça y est! tilt! C'est ça l'affaire du Hockey: il y a ce week-end une convention de Hockey et tous les gamins de l'Ontario se retrouvent ici ce week-end avec leur air niais, leurs hamburgers et leurs patins. Et ces cons sont évidemment fourrés dans toutes les chambres disponibles de tous les hôtels, motels et cie. à 20 km à la ronde!....
Alors là! C'est un peu le plan de visiter Namur en septembre, le 27 tiens...

:-) La franchise de la réceptionniste d'un hôtel qui nous a dit: «il nous reste quelques chambres, mais il y a des mômes qui risquent de courir en hurlant pendant toute la nuit dans tous les couloirs... Il y a bien une piscine, mais ne vous attendez pas trop à y trouver encore une petite place. Sinon, il nous reste les suites super-trop-cher où vous risquez de pas avoir trop de boucan, mais c'est vous qui voyez...»

01 avril 2006

Sat. 1 Apr. - Cannonball

Un p'tit rapide aujourd'hui vu les circonstances.

Avec le printemps qui a l'air cette fois de s'être vraiment installé sur nos rivages, on a décidé aujourd'hui d'aller faire des sports nautiques dans le Lac Ontario. On a loué des jetskis, puis on s'est un peu laissés prendre au jeu, voire on a fait les grands gamins, 'fin toujours est-il qu'on a fini nos zouaveries dans les filets d'un garde-côte Etats-Uniens. Je suppose que notre incapacité à sortir un document d'identité valide (allons donc?), associé à nos airs hilares devant la situation, ont convaincu ces braves agents zélés de l'administration américaine que nous complotions quelque chose du genre envoyer nos jetskis s'écraser contre l'Empire State Building, ou que-sais-je encore?
Bon, résultat de l'affaire, ils ont décidé de nous héberger pour la nuit (trop aimable de leur part, merci!), question de voir si on était pas des barbus intégristes déguisés, et je profite de l'ordinateur de bord du navire pour poster cette petite nouvelle toute chaude. A l'heure actuelle, pas encore de demande de rançon; je m'inquiète pas tellement pour la suite parce que je suppose que question scénario ils doivent pas être nettement plus inventifs que Hollywood et donc la raison l'emporte toujours à la fin, il y a une belle musique et tout le monde est soulagé.

A demain donc, de chez moi ou peut-être de Guantanamo si le scénariste a décidé de faire l'original...