28 décembre 2006

Sat. 16 Dec. - Dirty Old Town [folk irlandais]

(Retour à l'histoire de Frontenac) Après avoir marché et traqué le castor et l'orignal comme des brutes pendant toute un journée, on a décidé de ne pas camper dans les bois, mais à Kingston(*), dans un
motel, ces célèbres endroits où il se passe toujours quelque chose pendant la nuit (selon les films américains): des braqueurs de banque en vadrouille viennent se partager leur magot, il y au moins 3 viols, quelqu'un se fait poignarder dans sa douche, voire même tout le machin s'embrase et tous les clients rôtissent...

Nous n'avons pas fléchi devant la menace et nous avons donc courageusement pris une chambre dans ce lieu dangereux... Déjà, à voir la déco, il n'y a pas de doute: cet endroit incite à quelque chose!



Voilà, qu'est-ce que je vous disait? Il se passe des trucs pas nets dans le coin!



Le soir, on a participé à la vie nocturne de Kingston: à 8h30, on était les derniers clients du resto, puis on est allé sketter des pints dans un pub irlandais. Il y avait un groupe d'Irlandais intérprétant du bon gros folklore irlandais qui tache, des clients irlandais (ou leurs descendants) à qui la serveuse irlandaise (d'origine chinoise, celle-là) servait de la bière irlandaise, bref on était loin de l'éclectique Toronto... En même temps, loin de la grande ville, on se retrouve tout de suite beaucoup plus dans une ambiance de kermesse du village (ouéée! C'est la fiesse!), entourés des gros malabars de l'équipe de football américain du coin (des gars tout en finesse, je leur donnais dans la tonne et demie pour la dizaine de gars) et de l'équipe de leurs supporteresses je suppose (tout aussi dans la finesse). C'est évidemment beaucoup plus bourrain, mais aussi nettement moins guindé et donc plus sympa et chaleureux qu'en ville!

A gauche, le groupe qui reprend Dirty Old Town.
A droite, le groupe qui reprend The Drunken Sailor.





La différence? ...




Voilà:



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(*) Oui oui, je suis déjà venu ici, en avril ou en mai, souvenez-vous...

27 décembre 2006

Wed. 27 Dec. - Polyushko Ploye (Plaine ma Plaine) [en russe]

J'ai encore des tas de trucs à raconter sur Kingston et les fêtes, mais là j'ai une urgence, cet épisode-ci ne peut souffrir aucun délai.
Avec les fêtes, je me suis embourgeoisé dans le fait qu'on m'invitait à gauche à droite et donc j'ai un peu délaissé mes plans du soir, enfin bon voilà, ce soir j'avais pas de plan, et faim. Je dois encore faire une digression sur le fait d'aller manger seul au resto, et donc pour être bien sûr de digresser correctement, c'est ce pour quoi j'ai opté: armé de ma Veuve de papier de John Irving, j'ai été manger un burger au pub irlandais dans le FlatIron building (très joli building d'ailleurs). En sortant, je tombe sur l'inévitable clodo de service, un Native people, qui commence à me baratiner sur ... et puis non, se ravise, et me demande si je suis moi aussi Native (l'a pas les yeux en face des trous mon bonhomme... Ouais, je suis l'Apache, guerrier des plaines brabançonnes, frère!), enfin puis blabla fêtes, monnaie, à vot' bon cœur...

Du coup, mon côté con idéaliste prend le dessus et je lui dis que non je lui filerai pas d'argent, mais que je peux lui acheter quelque chose. Il veut une bière, on se dirige donc logiquement vers un pub. En chemin, on fait connaissance, il s'appelle Roger (ça s'invente pas!....), il vient de Sarnia (5h de bus d'ici), il vit dans une réserve, fait des petits boulots en été et la manche en hiver. Il a un bus vers chez lui demain matin à 5h du mat et il fait du kick-boxing... Ah oui, il sort de taule aussi. Détail que j'ai mis du temps à comprendre parce qu'en gros, je comprends à trois quarts pas ce qu'il me raconte...

Dans le pub, mon Roger décide d'aller s'asseoir au comptoir, ça tombe bien il reste juste deux places libres entre plein de gars... Je commence déjà à me demander dans quoi je m'embarque quand les deux gars à côté de lui, genre costauds en chemise en train de se pochtronner après une journée au bureau, commencent à nous parler, avec des sourires un peu narquois et faire des apartés sur les Natives. Merde, je leur ai rien demandé moi à ceux-là, peuvent pas s'occuper de leurs couilles?

Comme il y a du bruit et qu'ils sont saouls, je comprends rien à ce qui se raconte, mais suffisamment pour piger que leur réalité, c'est que Roger et moi, on est deux potes égarés loin de notre réserve du bout du monde, en vadrouille dans la grande ville! C'est un malin aussi l'autre, de venir se fourrer au comptoir! Il est habillé comme un singe et pue comme un bouc (dans la rue, je m'étais forcément pas rendu compte de ce détail désagréable au possible), c'est sûr qu'il allait pas passer inaperçu!

L'instant d'après, Roger est en train d'expliquer à un de ces gars qu'il ressemble à un flic, ce qui a l'air de pas lui plaire, au gars... Enfin ça va, comme il est plus saoul que susceptible, ils s'en tiennent à pinailler sur le sujet de la calvitie du gars... Alors l'autre, pour faire causette, commence à me raconter qu'il travaille dans un banque comme analyste programmeur (non? Allez donc!) et là, au fur et à mesure que je prends le relai de ce qu'il me raconte et que j'y ajoute quelques détails de mon propre cru, je vois qu'il est assailli de doutes et que sa réalité est en train de s'effondrer de toutes pièces, je dois dire que son regard incrédule m'amuse beaucoup! Sur ce, les bières sont finalement vides; non Roger, on n'en prend pas une dernière pour la route; la note sivouplaît. L'analyste-programmeur me sers la main bien cinq fois en disant qu'il me respecte beaucoup bla bla, salue Roger de manière apparemment un peu plus trash (genre à faire un concours de celui qui a les plus gros biceps si j'ai bien tout compris); puis je prends finalement congé de mon "frère de sang" (un Ojibway tiens, note pour Oli S.) et je reviens à ma réalité, pas fâché de retrouver mon petit chez moi tout chaud!

Je vous l'avais dit que c'est hyper facile de se faire des relations dans les bars ici! (hmmmm....)

PS: Pour les fêtes de Noël, j'ai adopté comme tout le monde des chants rouges: ceux de l'armée de la même couleur! Marre de ces niaiseries mièvres qu'on nous bassine de tous côtés!

25 décembre 2006

Sat. 16 Déc. - Lion Sleeps Tonight [Britney Spears -- le lion se retourne dans sa tombe]

(au passage, j'ai aussi complété l'entrée du 10 décembre ci-dessous, finalement)

Après deux semaines, on avait assez vu Toronto, il fallait aussi aller voir le vrai Canada, celui du bûcheron dans sa cabane au fond des bois, à côté de l'étang et de la colonie de castors. Le tout recouvert de neige, mais pour ce point-là, le service ne s'est pas montré à la hauteur (en fait de neige, on a eu droit à 2mm le jour de l'arrivée de Laurent, puis c'est tout).

A l'occasion d'un repas avec des ex-collègues, je leur demande donc quelques tuyaux sur où peut-on trouver un coin reculé, loin de tout, où il y a moyen de faire des balades intéressantes (pour rappel, l'Ontario ressemble assez à la Flandre occidentale: c'est tout plat, avec des champs et des fermes... Pas vraiment palpitant au niveau scénique. Il y a bien sûr des exceptions, et même sans devoir courir jusque dans les Territoires du Nord-Ouest, mais il faut les trouver, c'est tout un art).
Leur réponse m'a fait rire:

«Euh, je sais pas trop, le parc d'Algonquin peut-être?... En fait, celui à qui il faut poser cette question, qui connaît l'Ontario comme sa poche à force de l'avoir visité en long et en large, c'est ... Olivier!»

Pour finir, on a trouvé tous seuls comme des grands en fouinant dans des bouquins: le parc de Frontenac, juste au nord de Kingston (C'est donc moi qui reprend le flambeau; j'en connais d'ailleurs déjà probablement plus sur l'Ontario que la plupart des Canadiens)

Avant de lire le récit (de toutes façons, l'est pas encore là...), il y a un pré-requis:
Voir ceci (et comprendre un élément essentiel d'étymologie moderne).






C'est donc ici qu'on retrouve bien l'image qu'on se fait du Canada:
- Le lac à castors (ces sales bêtes vont fourrer des barrages dans tous les coins, du coup il y a de l'eau partout, ça devient un vrai bourbier par ici! Même le sentier est quasi partout inondé!



- Le bûcheron (aller voir à ce sujet La Chanson du bûcheron, indispensable pour bien comprendre en profondeur la psychologie du bûcheron canadien... «I cut down trees I eat my lunch I go to the lavatory...»)



- Les castors, enfin eux on les a pas vus, mais c'est des fichus gaspilleurs, ils rasent la moitié des arbres de la forêt et les laissent pour la plupart traîner là...



- Une 'tite pause pique-nique au milieu du grand rien, suivie d'une petite baignade (vraiment petite, bien 30 secondes!...)




Allez, une petite dernière photo pour la route avant de retrouver l'autre forêt, celle de béton de Toronto...

19 décembre 2006

Mon. 18 Dec. - Mr. Brightside [The Killers]

Eh bien voilà, je viens de mettre Laurent dans l'avion d'Etihad, au milieu de plein de babshka cagoulées de noir qui vont jusqu'à Dubaï (je trouve que la burqa donne un air de poupée russe, en général en version peu bariolée cependant). Comme d'hab, je me retrouve donc maintenant tout seul dans mon appartement et c'est un peu la déprime. Les pistes habituelles pour guérir la déprime sont:

1. Mettre de l'ordre, déménager des machins, réaménager, bref, s'occuper chez soi: vu la masse de choses que j'ai ici, ça a été expédié en une demi-heure.
1bis. La même chose, en version digitale: mettre de l'ordre sur mon disque dur. Ouh là là, j'ai pas fini avant le printemps! Je n'y pense même pas!

2. Faire du shopping. C'est plutôt bon pour les filles ça, non? En tous cas avec moi, ça marche très moyen. Sur ma wish-list, il y a l'un ou l'autre film (que je ne peux pas acheter ici, parce que mon ordinateur ne veut pas de leurs DVDs d'ici... bande de crétins! -- donc je dois me les procurer autrement), des bandes dessinées (introuvables ici), une planche à repasser et des presse-livres. J'ai acheté la planche la semaine dernière, donc voilà pour le shopping.

3. Se plonger jusqu'au cou dans le travail... Tiens oui, avec ce que j'ai foutu de ce côté-là les deux dernières semaines (=rien), on pourrait croire que j'ai du pain qui s'est accumulé sur la planche. Mais la vérité est toute autre! Vous avez remarqué comme on attribue toujours le travail à ceux qui sont déjà occupés? C'est tout-à-fait contre nature de donner du travail à celui qui ne fait rien! Donc pour recevoir du travail, il faut faire semblant qu'on est très occupé et qu'on en a déjà trop. A l'inverse, pour faire le Gaston et épargner aux autres l'idée même de nous assigner le moindre iota de travail, il faut ne rien faire et se faire oublier. Je devrais donc commencer à avoir l'air occupé, si je veux recevoir du travail. Ou alors, me faire mon propre programme et m'occuper tout seul... j'ai justement quelques idées de ce côté-là.

4. Sortir avec des potes. La majorité est un peu loin de moi pour l'instant, mais bon je vais passer en revue tout mon répertoire téléphonique tiens... Je devrais d'ailleurs au passage me mettre en chasse pour le nouvel-an.

5. Filer le parfait amour avec une charmante naïade, mais les choses ne sont jamais aussi simples, la naïade en question ayant déjà un Apollon. Commencer par aller voir Cosi fan tutte alors.

6. Ecrire, ça tombe plutôt bien j'ai des tas de trucs à raconter!
6bis. Répondre à mon courrier en retard (cf. Gaston, je me relirais bien l'intégrale tiens justement!)



Allez, hop, au travail!

16 décembre 2006

Sun. 10 Déc. - Mala Vida [En version salsa de Yuri Buenaventura]

Dimanche, las de voir des centres commerciaux pleins de gens et gavés de cette fabuleuse ambiance de Noël qui a subitement fondu sur la ville comme un bloc d'emmenthal dans le chaudron à fondue (ou, pour faire plus local: comme une tranche de cheddar sur un Quarter-Pounder McDonalds) dès le lendemain d'Halloween, nous avons mis les voiles sur les vastes étendues sauvages et glacées pleines de ces animaux mythiques indissociables du Canada: les mooses, les ours, les castors, toutes ces jolies p'tites bêtes.


Là haut, on peut apprécier le froid terrifiant de l'hiver canadien: on a trouvé de la glace quelque part! (Mais non, l'effet de serre n'y est pour rien au fait qu'on va pouvoir passer Noël en terrasse sous un bon 20° au Soleil, voyons!)





On a eu beaucoup de chance d'être parmi les rares promeneurs à qui il est donné de rencontrer un ours polaire (surtout à 10km de Toronto), et parmi les fabuleux veinards qui sont ressortis de cette rencontre autrement que sous forme de canigou! (Là, Laurent est en train de subjuguer l'animal pendant que j'immortalise l'instant... Quelle maîtrise!)


Enfin, le Canada est un pays plein de surprises, et les variétés de castors qu'ils ont ici ne ressemblent en fait pas du tout aux notres, où à ce qu'on montre à nos enfants dans nos livres. Ce castor-là était pas content parce que son copain castor lui avait piqué son déjeûner.



Et finalement, le moose (un orignal ... vous voyez, le coup du cheval mort dans sa baignoire pour ceux qui suivent encore...), lui aussi, ne ressemble pas tellement à l'image qu'on peut véhiculer en Europe. Ah, menteurs tous ces livres et documentaires animaliers!

Fri. 8 Déc. - Minha Galera [Manu et ses copains bruyants]

Cette semaine, j'ai fait un remake de «Vis ma vie»: j'ai joué à l'agent immobilier, visitant les plus beaux coins de Toronto pour voir où j'irais bien habiter si je n'avais pas à bêtement faire attention au prix du loyer (mais oui me direz-vous, quelle basse considération matérielle que celà! Quel manque flagrant d'élévation spirituelle! Chassons vite cette détestable pensée!). Selon les règles de l'émission, donc, pendant ce même temps, un agent immobilier était censé faire mon travail. Pour cette dernière partie, je ne sais pas trop ce qu'il est advenu, j'ai fait confiance. Comme personne ne s'est plaint, je suppose que le travail en question a été correctement fait (hem hem...).

Donc la visite a commencé par la Casa Loma, une jolie demeure ayant appartenu à un riche industriel du siècle dernier, juchée sur une colline avec une vue plongeante sur la ville. Une petite maison sympa et cosy, pour donner une idée de la convivialité et de l'intimité des lieux, ils ont failli en faire un hôtel de luxe de 80 chambres, quand l'industriel en question a misé sur les mauvais chevaux (il a aussi acheté des actions de Capco, tiens?) et s'est retrouvé sur la paille...



Le problème avec ce genre de maison évidemment, c'est que ça ne tourne pas sans une armée de domestiques et ça résonne et ça fait vide et glauque si on n'a pas en permanence une cinquantaine de courtisans qui se trimballent, discutent, complotent et manigancent dans les couloirs. Et pour entretenir tout ce petit monde, il faut garder un petit fond de caisse bien sûr. Une manière de réduire ces faux frais, c'est de faire comme la maîtresse des lieux, de s'adjoindre la compagnie de scouts (qui coûtent pas trop cher et en plus aiment rendre service, c'est toujours apprécié du personnel de maison, et ça met de l'animation quand ils transforment la grange à foin en feu de veillée) en devenant rien de moins que marraine d'honneur de la fédération des girl-guides du Canada.



Il y a quelques autres quartiers sympas aussi. Ainsi, bien au nord, du côté de Sheppard Street, on a visité un suburb, vaste étendue d'élevage intensif (on y élève du Canadien). Ca ressemble un peu à un SunParks, il y a un ou deux modèle(s) de maison, qui sont copiés en quelques centaines d'exemplaires disposés de manière parfaitement régulière l'une à côté de l'autre. Chacune est dotée d'une porte de garage avec un panier de basket, un petit jardin, deux ou trois voitures dont bien sûr un gros pick-up 4x4, ça paraît essentiel en ville. Dans un coin du suburb, il y a un McDonalds et un vendeur de pizza, c'est là que les jeunes se retrouvent le samedi soir pour faire la fête (youpie!).


Dans un autre genre, on a apprécié (pour de vrai cette fois), Kensington Market et ses vieilles bicoques colorées et dépareillées; Old Cabbage Town et ses maisons aux allures anglaises, et bien évidemment, l'île!



A à peine 30 minutes à la brasse du cœur de la ville (alternativement, c'est 8 minutes en malle; on a plutôt choisi cette option-là, question d'y arriver vivant), cette île est un parfait petit paradis... Un quartier de jolies petites maisons en bois toutes charmantes et colorées, une petite communauté qui fait un peu penser à la Baraque de Louvain-la-Neuve (on n'a pas vu le champ de chichon, mais je serais pas trop étonné d'en voir un), je vous laisse juge sur ces quelques clichés...


En plus, c'est une toute petite île, il n'y a qu'une seule route, pas vraiment de voitures, juste un bus et des vélos, puis une petite marina avec des bateaux pour aller faire des tours sur le lac ou en ville... C'est pas le pied ça? Là évidemment, c'est difficile de ne pas tomber sous le charme. Voyons donc ce que ça donne du côté "immobilière": il y a genre 650 maisons, toutes occupées et une liste d'attente de 500 personnes qui en veulent une... Le paradis est effectivement réservé à une stricte élite...

08 décembre 2006

Mon. 4 Dec. - The Last Day Of Summer [le dernier album des The Cure]

A l'inverse de l'école de danse que j'ai fréquentée à Bruxelles, où la norme était de venir avec son/sa partenaire et de ne plus le/la lacher pendant toute l'année, l'école de tango ici mélange la donne à chaque cours: on y vient seul et on trouve un(e) partenaire sur place.

En règle générale, on se met par deux, on danse deux ou trois danses, puis la prof lance un "switch partners!" et hop, une autre tête, et ainsi de suite, on en voit défiler 4 ou 5 sur l'heure de cours. Je trouve que c'est plutôt bien, ça permet de se frotter (hmm, non, c'est pas de la salsa, c'est pas le bon mot) à différents styles et niveaux.

Et donc lundi a fait exception et c'est justement au moment où je suis tombé sur un gros boudin inepte qui avait dû s'empiffrer de machin à l'ail avant le cours que la prof a oublié son fameux "switch partners" pour la moitié du cours, eh bien, une demi-heure, ça peut être très -- très! -- long...

05 décembre 2006

Mon. 4 Dec. - Shut Your Mouth [Garbage]


Et voilà, c'est le temps des adieux, là c'est vraiment mon dernier jour sur le projet. J'ai eu droit à mon troisième "Good-bye lunch" (il a fallu attendre la fin pour qu'ils se civilisent un peu, au niveau alimentaire...), ça fait la troisième fois que je leur dis que je ne reviendrai pas, je pense que je commence à me la jouer Robert Smith (des Cure), «Promis, c'est le dernier album, juré, après y en a plus!»! Et donc cette fois, j'ai même pris soin d'éteindre l'ordinateur, c'est un signe!
(Par contre, j'avais oublié mon petit Manneken Pis enneigé, j'ai donc dû aller le chercher ce mardi soir, en même temps qu'une autre dernière course que j'avais à faire là).




Le temps des adieux est forcément aussi le temps des bilans, Theresa (ma Project Manager) m'a donc accordé une bonne demi-heure pour me dire ce qu'elle avait pensé de mes prestations, dont elle va faire part à Capco dans le mécanisme des évaluations des employés, parce que elle-même n'en fera pas grand chose: elle a trouvé une autre offre d'emploi et va revivre l'aventure des start-ups à la sauce ère dot-coms de la fin des années 1990.

Le plus éloquent de sa part est probablement qu'elle repartirait dans un autre projet avec moi les yeux fermés.

Si notre projet se termine en un succès (et c'en est un: les utilisateurs sont ravis, le management de CIBC est content, tout le monde a trouvé que l'aventure avait été intense, mais sans drame), c'est principalement par mon action: j'ai mené l'équipe de développement, circonscrit les requirements et réalisé une architecture robuste et flexible, réestimé le travail de manière réaliste (en effet, ça, ça nous a sauvés!), livré les versions successives à temps et avec la qualité voulue, aidé tous azimuts en-dehors de mes attributions initiales, le tout sans (trop) broncher ni foirer.

Elle a beaucoup apprécié (et je suis très heureux qu'elle l'ait noté!) le fait que je ne sors pas enorgueilli de l'aventure pour avoir été le héros-pompier qui a éteint les incendies et résolu les problèmes, mais justement parce que je me suis arrangé pour qu'il n'y ait pas d'incendie!

Et enfin, un autre commentaire bien flatteur (et apparemment mérité), c'est que je n'ai juste rien merdé! Quand je m'occupe d'un truc, je le fais jusqu'au bout et au final, c'est (bien) fait. Je ne laisse rien au hasard, rien dans l'ombre, je ne balaye pas les crasses sous le tapis (enfin, ça ce n'est vrai qu'au figuré!). La vérité est je pense un peu plus pragmatique et moins super-héros infaillible: simplement, quand un truc n'est pas fini ou merde, je le dis haut et fort dès que j'en ai l'occasion. Je n'ai jamais prétendu que tout allait bien quand ce n'était pas le cas, cette attitude est loin d'être commune ici.
En conclusion, il y a très peu de Development Managers qui sont aussi efficaces que moi... En gros, j'en connais un autre, duquel je me suis pas mal inspiré ;-)

Un autre manager a été impressionné par la qualité de notre produit (c'est sympa à entendre, mais il n'en voit que la surface), et j'ai été vraiment fier d'entendre la même chose de la bouche de mon développeur le plus doué: il trouve qu'on a atteint une qualité supérieure à la moyenne des projets auxquels il a contribué et ce, malgré les challenges de la formation de l'équipe (équipe assez grande sur une courte période, dont la moitié sans expérience).

:-)Bon, après tout ça, je suppose qu'il va être temps de passer au tiroir-caisse chez Capco, alors?...

:-(Un petit bémol, selon moi: je trouve qu'il n'y avait aucune ambiance dans l'équipe, hors du contexte purement professionnel. J'aurais aimé vivre aussi de ce côté-là une expérience inoubliable, même si je suis le seul à m'en soucier. Je suppose que c'est mon côté formateur scout qui ressort, où je dois avouer qu'on tirait une certaine fierté à voir l'ambiance parfois exceptionnelle qui se créait dans nos groupes!

01 décembre 2006

18-22 Nov. - Coucoucoucoucoucoucoucou Gamin! [Auguste Herbin]


Après m'avoir embarqué à San Antonio (où j'avais un peu l'air d'un plouc, avec ma veste en laine et mon écharpe, à 30° sous le Soleil...), et fait un road-trip typiquement américan (larges routes toutes droites et rien autour) sur l'Interstate 10, on est arrivés dans la célèbre ville de Fort-Stockton (vous connaissez pas? Ben, moi moi plus je connaissais pas; et maintenant que je connais je peux vous certifier: vous ne ratez rien du tout!) pour faire dodo dans un motel. Dans tous les bons road-movies, il y a toujours bien un motel quelque part et en général, il s'y passe des choses pas nettes. A l'aube, étonnemment, on n'a pas eu de cadavre à dénombrer... En attendant, on peut apprécier le bon goût de la déco de la chambre (on trouve le même genre de kitsch dans les motels et B&B's canadiens)

Le lendemain donc, on s'est rendus dans le parc proprement dit, on s'attendait à entendre l'harmonica de Ennio Morricone et voir débouler Clint Eastwood sur son cheval à tout moment! Plaines arides, cactus, montagnes rocheuses, on s'y croyait vraiment.
De gauche à droite: Renaud, Frédéric, moi, Florence, Isabelle et Cécile.


On s'est offert une petite balade digestive pour se mettre en jambe; il y a certains circuits qui prennent plusieurs jours, il faut alors embarquer une tente et faire bivouac là, au milieu de nulle part, il faudra que je revienne un jour faire ça aussi!




Il nous a semblé très opportun d'aller passer la soirée dans le saloon de Terlingua, la ville fantôme (qui ne ressemble pas trop à celle de Lucky Luke, c'est quelques ruines de maisons en pierres éparses), puis au dodo avec les poules; une fois le soleil couché, il y a pas grand chose à faire dans le coin.

Comment faire rentrer tout ce foutoir (nos affaires, la bouffe, l'eau, la caisse-à-merde -- eh oui, on n'est pas supposés laisser traîner ses crottes dans la nature, allez savoir pourquoi!--, les tentes, et puis nous aussi, accessoirement) dans les canoës? Wokety Pokety .... Au fil des jours, on a clairement vu la ligne de flotaison des canoës remonter petit-à-petit, à mesure qu'on vidait la bouffe et l'eau (au passage, on n'a pas touché à la cathy-cabine, ça va aller bien encore?), puis on a aussi vidé le réchaud et quelques autres menus machins au fond du fleuve, mais ça c'est une autre histoire.



Dernier contact avec la civilisation: le village de Boquillas, sur la rive mexicaine du fleuve. On dirait le Sud...