31 janvier 2008

Thu. 31 Jan. - It's over [Smiths]

Bon, voilà, rideau... Ma mission se termine en queue de boudin (a-t-elle été un jour autre chose que ça d'ailleurs?). Lors de la tantième échauffourée entre l'équipe de Paris et celle de Bangalore, j'ai pris le parti des derniers de manière un peu trop évidente, ce qui a dû être interprété comme de la haute trahison par les premiers; résultat, ils ne veulent plus de moi (et probablement qu'ils ne demandent qu'à se passer des Indiens aussi, sauf qu'ils sont tenus par les couilles par un contrat bien ficelé)... Un bon mois de préavis, puis je quitte Paris. Un second mois de préavis, et je démissionne.

Ca tombe assez bien, je suis épuisé et j'en ai ma claque de jouer au pigeon voyageur et de changer de lit tous les 5 jours, et de continent tous les 10. De toute façon, j'ai une nouvelle aventure qui promet d'être autrement passionnante qui m'attend dès avril, mais néanmoins j'aurais aimé partir la tête haute, comme un héros, acclamé de tous, sur fond d'une musique triomphante comme dans les films américains! Ca, c'était en décembre. Las! J'aurais dû me barrer là comme prévu!

Donc le temps de faire un transfert de connaissances, un dernier voyage en Inde pour dire adieu (et voir le Taj Mahal finalement?), et me voilà libéré de ce projet qui tiendra sûrement le titre de plus absurde de ma carrière pendant un bout de temps.

27 janvier 2008

Thu. 24th Jan. - Les Tzars [Indochine]

Question de rattraper l'occasion manquée la dernière fois, j'ai une nouvelle fois été invité à un mariage. La cousine au 3ème degré de mon collègue, ça rigole pas, autant dire que j'étais à compter parmi les proches!
Parmi les 5 ou 6 différentes cérémonies, on en a brossé la majorité et on en a vu deux: celle des chants et danses, et le mariage proprement dit, qu'on a en grande partie passé en voiture dans les embouteillages... on est arrivés juste à temps pour la partie cruciale: la bouffe! Malin, le collègue!

Pendant la cérémonie des chants et danses, il y a cet espèce de chant rituel où chacun à son tour est appelé à venir faire un petit pas de danse devant tout le monde. Bien sûr, mon collègue a prétexté une quelconque conf call avec Paris pour échapper au supplice, et j'ai eu le bonheur de remarquer que ma stratégie du caméléon avec la tapisserie près du bar avait marché à merveille et que je n'ai pas dû me plier à la coutume (ou alors, le chant étant en Hindi, ils m'ont peut-être appelé et j'ai rien pigé).

Après, évolution des mœurs oblige, la mama et son tambour traditionnel se sont effacés pour laisser place à un DJ, des boules disco et une soirée dansante en bonne et dûe forme. Musique dance du meilleur goût: point de Boney M, Abba, Faithless ou Beyoncé, mais toute la panoplie du Top Hits Hindi, ce qui ressemble un peu à un mélange entre des faces B de la Macarena et de la disco roumaine, le tout parfois enveloppé dans un peu de guitare Punjabi. Splendide!

Un 'tit coup d'œil du côté des platines et on a vite compris qu'on n'a pas précisément le dernier DJ hype du moment...

Une fois mon collègue en vadrouille pour sa conf call sur son BlackBerry, j'avais virtuellement perdu tout lien avec la foule avoisinante. La théorie selon laquelle on a dans ce genre d'occasions une bonne probabilité de rencontrer une tête connue ne s'étant pas vérifié, j'ai entamé une manœuvre d'approche de la tapisserie, on est tous passés par là en soirée un jour ou l'autre... J'en étais donc à me concentrer sur mon rôle de mimétisme avec la tapisserie quand la sœur du collègue me montre un groupe d'Européens qui viennent d'arriver et font la fête:
—«Ce sont aussi des Blancs, vas leur dire bonjour, tu dois les connaître»
—Ah ben bien sûr, tiens, j'y avais pas pensé... Des Blancs? Voyons,... il doit sûrement s'agir des Durant, qui habitent plus loin dans la rue, non?
Eh bien incroyable, non, ce n'était pas les Durant et je ne les connaissais pas! Ca alors!

Le jour du mariage proprement dit, on a donc raté la cérémonie. C'est dommage, il paraît qu'il y a un prêtre qui récite les droits et devoirs des époux en Sanskrit pendant 2 heures...
Enfin ça va, on est arrivés à temps pour la bouffe, c'était bien! Et pendant qu'on s'empiffrait, les mariés eux, posaient pour la photo avec, tour à tour, tous les invités. Quand on a atteint le pousse-café, eux, ils n'en avaient pas encore fini de sourire bêtement à la caméra... Super, la soirée!


Au passage, vous avez repéré la mariée, vous? Et encore, ici on peut deviner qu'elle se trouve plus ou moins au milieu du tas, mais imaginez dans une salle avec des tas de plein de gens (et pas comme chez nous des tas de gens pleins), comment faire pour ne pas aller féliciter la mauvaise (ce qui ferait certainement mauvais genre)... Il faut être nettement plus observateur que par chez nous hein? Eh bien, il y a un truc: La mariée, c'est celle qui est complètement bariolée de henné.

20 janvier 2008

Sun. 20 Jan. - Gone Away [Offspring]

Cette fois, je ne reste plus à l'hôtel, mais dans la villa que loue mon collègue. C'est moins luxueux, mais ça fait plus ambiance maison.

La villa est dans une propriété gardée pleine de villas et de belles avenues calmes bordées de palmiers. Point ici de crasses, d'égoûts à ciel ouvert, de klaxons incessants, de mendiants,... on est dans le Meilleur des mondes.
Par contre, une fois passée la première impresssion, on se rend compte que les murs d'enceinte ça marche dans les 2 sens, et que ça fait aussi un peu prison dorée ici. Après avoir profité du monde sans klaxons et regardé les palmiers, on peut continuer à passer sa journée à regarder les palmiers, parce qu'il n'y a pas grand chose d'autre à faire.

En Belgique, je me souviens qu'on peut vivre en ville ou à la campagne. En ville, c'est facile de sauter dans un bus et d'atteindre un parc, un cinéma, une rue commerçante ou un musée. A la campagne c'est un peu raté pour les musées par exemple, mais à l'inverse on peut facilement trouver une forêt, un lac ou une vallée où on peut faire des balades ou se prélasser au bord de l'eau.
Ici donc, c'est un peu le mélange des deux: il n'y a pas de bus, il faut 1h30 pour atteindre le centre, les cinémas (en hindi) ou le parc unique, mais en même temps, il n'y a aucun lac, forêt ou coin sympa pour faire une balade à moins de 2h de route. Il y a un petit centre d'amusement au milieu du machin, où on peut faire un tennis ou un squash (avec qui? Ils sont plantés devant la télé toute la journée, mes collègues...), se baigner ou boire des cocktails.

Bon heureusement, il reste Internet, quand le routeur veut bien marcher...
Allez, un peu d'optimisme... A 2h d'avion d'ici, il y a le Taj Mahal, les Maldives et le Sri Lanka. Je vais bien arriver à en débaucher l'un ou l'autre pour une petite escapade non?...

18 janvier 2008

Sun. 6 Jan. - Light From A Dead Star [Lush]

Je profite de mon séjour à Paris pour m'instruire sur la civilisation qui a donné naissance à ma langue bien aimée, et le Louvre me semblait un endroit tout indiqué pour revivre l'histoire de France. Comme je ne me suis donné que quelques heures et qu'il y aurait moyen de faire une rando d'une bonne semaine dans le musée sans voir la même vitrine deux fois, je n'ai vu qu'un mini aperçu de ladite histoire, et je me suis focalisé sur "il y a très longtemps".


En ces temps-là, à cause de la tectonique des plaques, la civilisation française a fleuri entre le Tigre et l'Euphrate, un coin qu'ils ont depuis abandonné à des tribus de barbares inclutes pour aller s'installer en Egypte, en Grèce et puis en Italie. Bien sûr, lors de tous ces déménagements, il a fallu voyager léger et les Français de l'époque ont confié pas mal de leurs affaires (des pots, des assiettes, des petites statuettes, des temples, des maisons, des pyramides, l'un ou l'autre sphynx) à des gardes-meubles. Au XIXème siècle, avec l'invention du chameau, certains Français sont retournés sur les lieux de leur histoire et ont récupéré leur bien chez les gardes-meubles, qui s'étaient d'ailleurs montrés peu scrupuleux avec le bien d'autrui, en avaient usé injustement, l'avaient laisser saccager au cours de nombreuses guerres, et avaient laissé le tout dans un état de délabrement avancé.

Bien heureusement, tous ces vieux souvenirs (oh vous savez, c'est des vieilleries, ça n'a qu'une valeur sentimentale voyons, c'est parce que c'est un souvenir de famille!) ont trouvé leur juste place dans une maison adaptée à leur valeur (sentimentale, hein?), le Louvre.


(J'aime bien l'art babylonien, parce qu'à l'inverse des Romains et des Grecs qui sculptaient de sordides guerriers et généraux qui tirent la gueule, ceux-ci font des joyeux drilles qui viennent de fumer un pétard)
On y trouve donc nombre de statuettes franco-babyloniennes, des vases franco-assyriens, des assiettes franco-persannes, des statues d'éléphants franco-indiens, des momies franco-égyptiennes (l'un ou l'autre Pharaon... probablement des aïeux de Charlemagne), , le palais royal de Sargon II, roi d'Assyrie (probablement un aïeul de la lignée des Louis, celui-là)

(Vous voyez, mécréants, qu'il s'agit bien de la culture Française (la Perse, l'Arabie etc... c'étaient des DOM-TOM, comme la Guadeloupe)

Evidemment, certains descendants des gardes-meubles de l'époque, visiblement des gens à l'esprit petit et mûs par un intérêt bas et inavouable, font les difficiles et prétendent qu'ils sont les légitimes héritiers de ces choses. Alors, en appliquant ce bon vieux principe qu'on soigne très efficacement un mal de tête en s'envoyant un bon coup de masse sur le pied, certains fervents admirateurs et par ailleurs amis proches de la civilisation française ont été distribuer quelques coups de marteau chez tous ces gens de mauvaise foi (... en invoquant d'ailleurs cet argument au premier degré!) pour leur apprendre à se mêler de ce qui les regarde!

(Ils étaient vraiment malins ces babyloniens! En faisant un bas-relef sur un petit cylindre, après on le roule sur une galette d'argile et en fait des bandes dessinées. Ils ont inventé l'imprimerie 5000 ans avant Gutenberg!)

Fri. 18 Jan. - Mmm Mmm Mmm Mmm [Crash Test Dummies]

J'ai atterri pour la quatrième fois à Bangalore cette nuit. Après une nuit trop courte (et surtout un matin beaucoup trop matinal!), je pointe mon nez dans les nouveaux bureaux (c'est la troisième fois que l'équipe déménage -- on est de retour au campus, zone industrielle sur le Ring de Bangalore, entre l'autoroute et des immeubles à bureaux en construction). La valse des bonjours, c'est pas trop éprouvant et assez relax, mais je suis néanmoins assez cassé quand je m'affale dans le taxi pour rentrer à l'hôtel.

Quand je me réveille après un petit somme, on est plantés au milieu d'un carrefour à attendre qu'un feu en panne passe au rouge pour interrompre le flux intarrissable de la circulation qui nous barre la route. Quinze minutes et cinquante mètres plus loin, je me rends compte que je n'ai pas la moindre idée de notre localisation. Pas sur la route habituelle en tous cas. J'essaye de me repérer: à gauche, un marchand de téléphones et un autre de sandales; à droite c'est de l'argenterie et des épices... Voilà qui va m'aider tiens! Je demande au chauffeur, qui me répond qu'on est sur C.M.H. Road (super! me voilà bien avancé!)

Je me rends compte alors que Bangalore c'est grand et que c'est partout la même chose: des rangées d'immeubles bas en platrât, des vendeurs de téléphones, de fringues, de bijoux,... Il n'y a pas de style d'architecture propre à différents quartiers (genre à Paris, si je roule de Montmartre à La Défense en passant par le XVIème et Neuilly, il suffit de jeter un œil dehors pour voir où on en est), pas de point remarquable (la Tour eiffel, l'obélisque de la Concorde, la Grande Arche, le Moulin Rouge,... ), les magasins sont partout les mêmes, les voitures sont toutes les mêmes et même les gens sont partout les mêmes (à l'inverse de Toronto ou Londres où on se repère facilement à voir la tête des gens du quartier: Little Italy, Chinatown, puis chez les Juifs, les Perses, les Ethiopiens, les Cubains,...)

Ah oui, autre élément de base de l'orientation en milieu urbain, les noms des arrêts de bus et de stations de métro... eh bien, ils en sont à excaver l'emplacement de la première station, donc c'est encore raté!

14 janvier 2008

Sat. 15 Dec. - California Dreaming [des cools]


Changement de décor ce week-end: on vire les Rickshaws, les embout' et la populace grouillante de la ville: place aux cocotiers, plage de sable fin, coktails en bord de piscine et bikinis. Un peu sur un coup de tête, avec un collègue on a décidé de se faire une virée à Goa, à un saut d'avion low-cost Kingfisher (C'est une marque de ... bières! Un peu comme voler sur JupilerAirlines, ou CaraAir, ça inspire confiance non? -- Sur la photo, on voit que, comme d'habitude en Inde, ils lésinent pas sur la quantité de personnel: les petits bonshommes en bleu, c'est le squad nettoyage de l'avion (presque un gars par siège), et les petites nanas en rouge derrière, c'est le personnnel de bord du vol suivant (presque plus nombreux que les passagers)) de Bangalore. Lieu mythique de pèlerinage mondial des babas-cool, l'endroit est tout-à-fait sympathique (les 33° en bord de mer aident pas mal!).


On y retrouve d'une part des plages crades, avec des échopes aux effigies de Che Guevara et John Lennon, plus de touristes que de locaux (touristes de longue durée: la chambre à 5$ la nuit et la bouffe à 3, on peut facile tenir sans rien glander pendant assez longtemps. Faire attention cependant, lors de la première visite de la chambre, de jeter un œil aux toilettes, qui deviendra le coin de prédilection pendant une bonne semaine au moins).
D'autre part, on a des plages impeccables bordées de gazon anglais et petits bungalows, piscine paradisiaque et 300 serveurs pour s'assurer que rien ne manque à votre confort. Là évidemment, on peut y passer toute une semaine sur le budget annuel des premiers...

18 décembre 2007

Sun. 18 Nov. - Searching [Young Marble Giants]

L'attraction touristique la plus proche de Bangalore, si l'on exclut les quelques collines pelées de Nandi Hills, c'est Mysore. Ancienne capitale du royaume, elle en a gardé un palais royal digne des plus grandes mégalomanies communistes. Un petit malin a eu une super idée ici pour recycler toutes ces ampoules de 60W que les gens remplacent par des lampes économiques:
en badigeonner les murs dudit palais. Et, ça cest le miracle Indien: à la tombée de la nuit, on branche la prise et ça fait même pas péter la centrale! La moitié de la ville se retrouve sans jus, mais le palais brille de milleux feux, c'est merveilleux!

La route de Mysore est parsemée de petits villages, de gars qui traversent la voie rapide, de casse-vitesses, de vaches sacrées et de temples hindous. On en a donc visité l'un ou l'autre, ce qui m'a permis d'observer les jolies statues qui en ornent le pourtour
(et qui démontrent de façon assez explicite qu'on savait s'amuser ici, au XIIè siècle — allez savoir où sont passées ces nobles traditions, enfouies désormais corps et biens dans un puritanisme qui ferait passer les Américains pour des joyeux libertins épicuriens?...). Et pour se laver la conscience d'avoir osé regardé ces choses impures, ils distribuent de l'eau bénite masala (j'ai goûté, c'est un peu épicé, pas mauvais du tout, l'eau de Vishnou)

11 décembre 2007

Tue. 11 Dec. - What you waiting for? [Gwen no doubt]

L'hotêl Ista étant plein cette fois, j'ai dû me rabattre sur le Leela Palace. En fait pour être tout-à-fait honnête, ça m'arrangeait bien puisque je ne voulais pas quitter Bangalore sans l'avoir essayé.

Dès l'arrivée, ça donne assez l'impression d'être dans un jeu vidéo. En me promenant dans ces couloirs kilométriques parsemés de grandes portes, petits salons, tentures, coffres, meubles, tables, fleurs, personnel, etc., je m'attendais à tout instant à voir sortir d'un recoin ou l'autre:
- un mort-vivant (Diablo)
- un monstre mutant (un jeu à la Doom)
- un objet insolite avec une énigme à résoudre avant de pouvoir ouvrir la porte qui mène au niveau suivant (genre Myst & co.)











Le gars que personne ne connaît, là sur la photo, c'est mon voisin d'avion, qui débarquait à Bangalore en parfait touriste en coach surfing et qui ne savait pas où il allait passer la nuit. On a sympathisé, et bon, c'était autre chose que la banquette à l'aéroport...

Tue. 11 Dec. - It's my heart [Mano Negra]

Ah, retour en Inde après une semaine romantique à Paris. Des saris, des moustaches, ça dodeline de la tête dans tous les sens, pas de doute je suis bien arrivé.

Epidémie dans mon équipe: c'est l'hiver, c'est normal c'est l'époque des angines, pharyngites et compangnie. Sauf que je vois pas trop comment ils font, avec 20° dehors. Moi je meurs de chaud si je sors pas en T-shirt...

30 novembre 2007

Au cœur de la globalisation - 7

La mi-temps

Pour fêter la fin de leur séjour, on a décidé de les amener dans une boîte. Une vraie, avec une sono et Village People et Soft Cell, la bière à 15Euros et tout le monde qui se trémousse.
Ils se sont compètement pris au jeu, ont dansé comme des macaques, se sont attaqué à tout ce qui bouge (ils sont mariés, au passage) et ont pris la moitié de la boîte en photo, genre (à un gars): tu peux me prendre en photo avec ta copine?
J'ai failli m'écrouler de rire quand j'en ai vu un s'approcher d'une nana qui dansait sur une table, se poster juste en-dessous d'elle et se mettre à la siffler avec un gros rire bênet.

Au cœur de la globalisation - 6

Première mi-temps, en coulisses

On m'avait décrit les Indiens comme un peu taciturnes, frileurx et pas trop sortir, genre boulot-dodo (oui, on les a logés à côté des bureaux, donc pas de métro).
Quand, après 3 jours à Paris, ils ont passé le week-end à Eurodisney, j'ai révisé mon jugement... Pour la suite des opérations, il visaient le Moulin Rouge, et le tour d'Europe, parce que Paris c'est un peu petit et on a vite fait le tour hein? Après avoir beaucoup étudié les possibilités d'aller à Rome (c'est dommage tout-de-même que le train mette 10h pour couvrir les 1200kms, c'est un peu long... En Inde, dans le même temps on atteint tout de suite la prochaine ville à 400 kms), ils se sont finalement contentés de Notre-Dame et le château de Versailles, jugeant les trains/avions/autos/bus européens scandaleusement chers.
Ils ont au passage pu goûter à l'autre particularité des transports français: la grève. Pour une raison que je ne pense pas être arrivé à leur expliquer complètement d'ailleurs (les régimes spéciaux de retraîtes, ah bon?)

On a aussi eu droit à un forum des employés de notre compagnie (on n'est plus au temps où ils se passaient dans des Hotêls de rêve aux Bermudes, mais on a tout-de-même eu droit au champagne dans la salle de réunion du siège à Paris), occasion pour notre PDG d'exhorter les troupes et répéter notre stratégie pour conquérir le monde. Ca tombait assez bien, il faut dire, que pour illustrer ladite stratégie, il y avait justement ce jour-là une dizaine d'Indiens: «Ils sont là, ils existent pour de vrai, voyez, on ne raconte pas [que] des mensonges!» Et donc, pour faire sympa, il fait un tour de présentation. A la fin duquel, un de mes gars lance: «Et tu es qui, toi?», qui a fait rire toute l'audience.

Wed. 28 Nov. - Motorcrash [Les sugacubes]


Je suis dans le taxi qui me ramène du boulot, coincé comme de bien entendu dans les embout', et en regardant autour de moi, partout, je vois des rickshaws.

Et je ressens une espèce de nostalgie anticipée à l'idée que bientôt, ces erreurs de la nature auront vécu et qu'on en sera débarrassés (et pour preuve, il n'y en a pas dans les rues de Bruxelles par exemple).
Ces machins puants, bruyants, pas sûrs du tout, faits de bric et de broc et rapiécés de toutes parts, pas fiables, marchant au 2 temps, une technologie complètement dépassée et qui néanmoins et contre toute logique, pulullent comme des cafards et sont partout, ce n'est pas sans rappeler cette autre calamité qu'est Microsoft Windows, tiens...
A la question "Peut-on vivre sans Rickshaws?", un Indien répondrait certainement par la négative. Or je sais, moi, que la réponse est "oui": donc, ça doit être vrai pour l'autre aussi :-)

26 novembre 2007

Mon. 26 Nov. - Tra la la hop hop [Le passage musical d'un film Bollywood]

Ah, ça chauffe aujourd'hui! Le développeur qui doit se faire comprendre par gestes et petits dessins est en passe de se faire jeter. Il a dû faire son petit dessin de travers, ou faire un geste obscène, je sais pas, toujours est-il que de l'autre côté, ça n'est pas bien passé et ça s'est mis à faire appel à du manager et comme on le sait bien, une fois que ceux-là s'en mêlent, c'est le bordel!

Je me suis donc retrouvé dans une conference call avec 5 ou 6 managers de tous bords, chacun y allant de sa petite anecdote ou remontrance, ça veut comprendre, ça résume, ça détaille, ça contextualise, ça relativise, ça pinaille, ça digresse, ça veut être bien clair là-dessus, ça n'aimerait pas qu'on prenne une décision hâtive, ça ne voudrait pas qu'on s'alarme pour si peu mais tout de même, ça devrait se discuter dans telle réunion, ça explique, ça n'écoute pas, ça papote, tous ensemble, ça cacophonise et, après une demi-heure, trois quarts d'heure à ce petit jeu, surtout, surtout, surtout ô grand Surtout, ça ne décide juste rien du tout.

Retour à la case départ.

Le gars va pouvoir encore faire des coloriages pendant un tour. La prochaine fois qu'il dépasse j'aurai droit à une nouvelle séance de commères. Ou alors, il sera effectivement jeté, décision prise "d'en-haut" par "on ne sait qui" et que j'apprendrai tout-à-fait par hasard en l'entendant dire dans la file d'à-côté à la cafet' à l'heure du café.

25 novembre 2007

Au cœur de la globalisation - 5

Première mi-temps: Les Indiens dans la ville

Trève de préparation et de tourner autour du pot, place à l'action:
Début octobre, l'équipe de Bangalore, fin prête, débarque à Paris pour la première mi-temps. On a réussi en dernière minute à avoir un visa pour chacun (en demandant pour certains un visa belge pour corriger le tir du visa français foireux... bah, c'est toudi la même chose non, en anticipant un peu le rattachement?), ils se sont acheté des pulls et des vestes pour affronter les températures extrêmes du grand Nord, on leur a donné un cours accéléré de "bonjour" et "s'il vous plaît"; ils sont gonflés à bloc.

Les premiers sont reçus aux petits oignons, avec introduction personnelle au métro, plan de Paris et bons plans à Paris, discours de bienvenue, t-shirts et tout le toutim.
Arrive le moment d'en découdre: on met les deux équipes en présence (avec arrivée sérieusement en retard de la mienne, faute que je pourrais facilement leur faire endosser même si la vérité est simplement que j'ai pas réussi à me lever à temps). On présente les futurs collègues les uns aux autres, Gopinath va travailler avec Abdallah et Shantakumar avec Sun-Li (oui, comme au foot, l'équipe de France est issue de la Grande France).
En général, on se retrouve avec:
- 1 gars qui parle Hindi, Telugu, Bengali et Indlish,
- face à 1 gars qui parle Français, Arabe, Berbère et Franglais.
Parmi les choix possibles, on évite le Telugu-Berbère au profit de Indlish-Frangalis, avec des résultats varibles. Plutôt bons dans le cas du Français qui est originaire du Pakistan et parle l'Anglais d'Oxford. Plutôt mauvais dans le cas du Français qui se souvient vaguement que son tailleur est riche, mais son Anglais s'arrête là. Ceux-là se retrouvent donc à devoir communiquer par gestes et petits dessins (ou encore, par écrit, en passant tout dans Google Translate).

Dans le même genre d'ailleurs, en plus d'une langue étrangère, il faut compter avec un clavier étranger: ces claviers bizarres où pour taper un "Q" il faut appuyer sur "A", etc... Ils sont habitués au QWERTY et ont eu du mal à se faire aux claviers français. Et comme dans toute bonne administration, on a commandé des claviers QWERTY qui sont arrivés le lendemain du départ des gars.

Premier temps de midi, premier lunch: j'emmène mes camarades pour un lunch typique du coin: la baguette jambon-beurre. Palabre de 20 minutes devant le comptoir, pour leur traduire tout l'étalage, leur expliquer ce qu'est le jambon, le thon, et pourquoi on n'a pas faire cuire la salade, plus embarras de la serveuse à trouver un sandwich végétarien.
Verdict: C'est fade, et c'est dur à croquer, ça fait mal en bouche, mais la salade de thon c'est pas mauvais.

Sun. 25 Nov. Another day in Paradise - [Les deux gars qui jouent du blues sur la terrasse de l'hôtel]

Au cœur de la globalisation - Je me sens moins seul

J'ai rencontré dans la piscine de l'hôtel ce Français, qui fait le même job que moi pour une autre banque: ils ont un centre offshore ici depuis quelques années, qui n'a jamais rien fait de bon. Jusque là, c'était toujours resté en-dessous du radar, mais récemment ils s'en sont inquiétés et donc le voilà, avec la mission de redresser la situation.

Ca fait tout de suite plaisir de se sentir moins seul et de partager nos déboires, observations et approches de solution: En résumé, Les Indiens sont très gentils, serviables, accueillants, pleins de bonne volonté, techniquement compétents, mais n'y connaissent rien en finance, ne sont pas rigoureux ni très organisés, et entrent très facilement dans un mode "veille" où ils ne font plus rien. Quant à avoir comment faire marcher tout ça convenablement, tout le monde y va de sa propre interprétation de la méthode "Agile": développement itératif avec feedback rapide (et qui se transforme souvent en micro-management à la Big Brother d'ailleurs)

23 novembre 2007

Fri. 23 Nov. - Love fool [Cardigans]

Coup de blues

Faut bien que ça arrive de temps en temps: j'ai un p'tit coup de blues.
Ce matin, mon collègue de Toronto est resté chez lui pour cause de malade, et du coup, je suis au bureau sans aucune connaissance de longue date. Tous mes collègues Indiens sont vraiment sympas, accueillants, charmants, attentionnés (et d'ailleurs ils viennent de m'inviter pour le lunch), mais je sais pas, je ressens là maitenant un besoin de... familiarité, plus que d'attention. Le genre de moments où j'ai envie de m'affaler dans un canapé chez les parents, ou dans les bras de Kalila, ou chez des bons amis qui parlent ma langue, voire même peut-être tout seul en écoutant un bon vieil album des Cure chargé d'un bon gros paquet de nostaligie remontant tout droit à l'adolescence (arme à double tranchant: on peut aussi verser dans la déprime solo là).

Peut-être le bon moment pour sortir faire un jogging?

Hier, j'ai assisté à une présentation sur la méditation et la santé. Un des collègues un peu versé dans tous ces machins a partagé sa vision et ses bonnes pratiques avec nous.

Présenté à coups de concepts qui heurtent violemment ma vision très scientifique et rationnelle du monde (le coup du stress représenté comme des flux d'énergie qui pénètrent notre corps par des chakras, points d'entrée spécifiques, et qui n'arrivent pas à entrer en résonnance avec les fréquences propres du corps pour nourir notre aura énergétique — irais-je même jusqu'à dire «un fatras de fadaises»?), j'y reconnais néanmoins une tentative d'expliquer des concepts qui sont eux, tout-à-fait palpables, sinon carrément universels.

Par exemple, je suis entré en résonnance (il a dû tomber sur le bon chakra) sur son modèle d'interaction de l'homme et du monde:
Le monde est composé des 3 choses : les objets, les gens et soi-même;
Pour interagir avec ces 3 choses, on devrait idéalement utiliser (dans le même ordre): son intelligence/raisonnement, ses émotions, la méditation/spiritualité;
Et si cela est fait correctement, cela nous apportera (toujours dans le même ordre): la joie, l'amour et la paix.
Et comme il y a partout des gars comme moi qui aiment tout mesurer et mettre en nombres, on a inventé les Quotients Intellectuel, Emotionnel et Spirituel. Ayant déjà vu les âneries pas possibles qu'on utilise pour mesurer le QI, j'en frémis quant à l'idée qu'on puisse tenter de "mesurer" les deux autres...


| objets | intelligence (QI) | joie |
| gens | émotions (QE) | amour |
| soi | méditation (QS) | paix |


Puis d'enchaîner avec les déboires d'utiliser le mauvais outil pour une chose, du genre aimer sa voiture ou méditer sur les autres (ou encore analyser les autres et soi-même, tiens...)

S'adressant à un public d'ingénieurs, je suppose que la dérive la plus probable est celle de vouloir mettre en équation ses relations aux autres et la compréhension de soi; je ne pense pas que je puisse honnêtement réfuter tout ça ;-)

Allez, petit atelier personnel: A qui vous fait penser chaque association, du genre "aimer soi-même" ou "méditer sur son iPhone"?

21 novembre 2007

Wed. 21 Nov. - Euh, voir en-dessous

Dans la série "And now, something completely different", ça faisait longtemps que je n'avais plus médit de Microsoft, tiens, probablement lié au fait que je ne subis plus leurs méfaits au jour le jour.

Et donc, venu tout droit de chez les copains:

ceci...

et

Au cœur de la globalisation - 4

A ma droite: Les Indiens.

L'Inde, pays magnifique et mystérieux, au senteurs exotiques et envoûtantes, etc. etc. et où les fermes à informaticiens poussent comme des champignons.

Le truc dommage à Bangalore, c'est que tout ce bétail qui bosse dans les campus (buildings tout neufs, de verre et d'acier, assez semblables à ceux qu'on trouve chez nous), n'y est pas logé. Donc ça fait pas mal de monde qui circule dans tous les sens les matins et les soirs. Etonnamment, les seuls qui restent sereins dans tout ce bordel, ce sont les vaches sacrées à qui tout le monde fout la paix et qui peuvent aller paître où bon leur semble. Pour les autres, c'est la bagarre pour traverser la ville et arriver au bureau avant midi (ou arriver chez soi avant minuit, dans l'autre sens).
La conséquence immédiate, c'est qu'il n'y a pas un chat dans les bureaux avant 10h du matin (ne me demandez pas comment moi j'y étais, à cette heure-là, ça tient de l'exploit!). Et comme il faut éviter les embout' du soir, il faut quitter vite vite avant 18h. La philosphie régnante ici, vous l'aurez compris, c'est "pas pousser bobonne", ou "pourquoi faire aujourd'hui ce que je pourrais prétendre faire toute la semaine prochaine?".

Einstein a dû penser à son principe de la relativité du temps après un voyage en Inde: toutes les durées y sont dilatées. Il y a, en occident, une espèce de crainte de l'ennui qui fait que les gens en général débordent de créativité pour occuper leurs temps morts. Si j'attends un coup de téléphone dans 15 minutes, je vais faire autre chose en attendant: écrire un mail, parler à machin, lire un truc, n'importe quoi (et me mettre en retard pour le coup de téléphone, d'ailleurs au passage)...
En Inde, si on attend un truc dans 15 minutes, pas de problème, on est zen: en attendant, on attend. Ils ont cette incroyable faculté complètement cool de pouvoir attendre sans trépigner, sans devenir fous.
Là où ça devient comique aussi, c'est que comme c'est une activité normale d'attendre, personne ne vient se plaindre qu'il est en train d'attendre. Par exemple, j'assigne une tâche à un développeur. Il a un problème de connexion qui l'empêche de travailler. J'appelle le service qui règle les problèmes de connexion, et lui suggère quelques pistes d'autres trucs à faire en attendant. 3 jours plus tard, je retrouve le gars, il attend toujours qu'on lui règle son problème pour commencer à bosser... Et en attendant, ... il a attendu. Et pas foutu une bille.
Un autre exemple, je leur demande (aux 10 gars de l'équipe) un rapport de leur activité du mois de septembre: c'est sans ciller qu'ils me répondent qu'ils ont passé 60 jours à obtenir leurs visas (soit un tiers du mois). Après, c'est mon problème de présenter au client un rapport un peu moins couillon et d'inventer ce qu'ils auraient bien pu faire pendant ce temps s'ils n'avaient pas bêtement attendu que le formulaire arrive par la poste...

Un autre élément facilitateur de non-travail, c'est qu'ils sont fragiles. Il n'est pas rare que l'un de leurs proches tombe malade. Sa mère. Ou son cousin. Ou le père du frère de la femme par deuxième mariage du cousin, celui qui habite à la frontière du Bangladesh («un proche!! On a gardé les cochons ensemble!» — Quels cochons, au fait??). Et comme il faut être solidaire avec la famille, il faut bien que quelqu'un se dévoue pour aller au chevet du malade, vous comprenez bien. A ce sujet, on médisait d'ailleurs (entre Belges) qu'elle serait vachement heureuse, la malade, de voir à son chevet ne fût-ce qu'un dixième des proches qui prétendent y être...

Parfois, ils sont un peu cassés eux-mêmes, ce qui n'est finalement pas très étonnant au vu du champ de bataille dans lequel ils sont fourrés, matins et soirs, sur les routes, juchés à 2 ou 3 sur leurs vieilles guimbardes 125cc au milieu des voitures, rickshaws, camions et vaches sacrées.

20 novembre 2007

Mon. 19 Nov. - Les brunes comptent pas pour des prunes [Lio]

Alors là, je rêve!!!
J'ai lu dans le Times of India ce matin que le 19 Novembre avait été déclaré le "jour de l'homme", parce que quand même, dans ce pays (et probablement dans un bon 189 des 193 autres aussi), certain(E)s bafouent allègrement et sans vergogne les droits fondamentaux des hommes (par ex. celui de requérir que la bière soit servie bien fraîche devant le cricket, ou celui de ne pas se faire déranger par des conversations téléphoniques intempestives pendant le match, ou encore que ces enfants pourraient pas arrêter de brailler cinq minutes, non, c'est quand même pas la mer à boire!, etc.). En citant (sans rire*) que les 364 autres jours de l'année, les hommes doivent supporter des sarcasmes, et de rappeler que «Qui c'est qui a marché sur la Lune, découvert la théorie de la Relativité, ou vaincu l'Everest, hein? hein?»

(*) A moins que le 20 Novembre soit leur 1er avril et que je me suis fait avoir?...

19 novembre 2007

Au cœur de la globalisation - 3

Le Scenario

Première étape de la mission: collecter les demandes.
Il s'agit de faire le tour des chefs de projets qui ont passé commande pour avoir de l'Indien, et rédiger des bons de commande. Ca ressemble en gros à "je veux un développeur qui connaît java", ou "... connaît c++". Les plus malins d'entre eux rusent: "... qui connaît java, parle Français couramment et sort de Polytech". Eviter toutefois le "... connaît java, le whist, la belote et s'y connaît bien en bons vins", ça donne trop la mèche quant à ce qu'on fout vraiment dans cette cellule-là.
Ensuite, quand on a un bon paquet de demandes (disons 10), envoyer le tout au grossiste en Inde.

Deuxième étape, en Inde: le recrutement.
Quand le grossiste, en Inde, reçoit les bons de commande, il doit s'arranger pour envoyer des CVs de gars qui correspondent au profil. Donc il prend sa machine à écrire, invente 10 noms exotiques (par exemple Shantakumar, ou Gopinath... plus ça sonne bizarre, plus ça fait authentique) et crée de toutes pièces 10 CVs qui correspondent justement aux commandes. Le gars a tout de même un talent: il sait faire des voix et imiter les accents. Parce qu'après, il doit se faire passer pour ses 10 gars différents pour faire les interviews. Oui, mais ... côté contenu des interviews? Boarf, l'interview se fait en anglais, par téléphone, avec un Français. Il pose des questions, on massacre un peu l'anglais en baratinant n'importe quoi: après 3 ou 4 essais, il se lassera de demander de répéter la réponse...

Etape rien que pour rire: les changements d'avis
Du côté Français, c'est pas tout de passer commande de bonshommes, après il faut aussi changer d'avis. Finalement, le projet se fait pas / est retardé / on a tout changé / on a redéfini les priorités / on vous avait donné la liste de l'an dernier / ah non, c'est la liste des courses, ça... Les raisons sont nombreuses, et en tous cas les changements aussi: «Mais non, pas 3 "java": 1 "c++"», «Ah oui, il doit comprendre le Portuguais aussi», etc.

Etape "rions aussi": réagir au changement
C'est là que la compétence du grossiste fait toute la différence, et qu'on voit que c'est un vrai métier. Il doit continuer à faire coller ses CVs aux demandes, voire jongler un peu, permuter de ci de là... mais surtout pas s'emberlificoter dans ses bidouilles, parce que s'il tombe sur un coriace de l'autre côté, il pourrait en résulter une sérieuse baisse de crédibilité (genre le développeur qui change subitement de sexe, ou qui passe à 12 ans d'expérience alors qu'il a 23 ans, etc.).
Au terme de cette étape, on devrait obtenir une liste de sièges (jobs) et une liste de personnes (ressources), et même une correspondance entre les deux, qui fait qu'on sait qui mettre où.

Troisième étape: l'onboarding
Assez curieusement, envoyer du travail offshore commence par faire venir les gars en France. C'est ce qu'on appelle l'onboarding: monter à bord. Ils doivent venir à Paris montrer leur binette, faire un joli sourire, puis subir un transfert de connaissances. De manière à maintenir l'illusion que quand ils retourneront en Inde, ils vont travailler, et pas seuelement regarder le cricket.
Oui mais, là où avait laissé notre grossiste, avec ses CVs et son téléphone, on le sent dans l'embarras maintenant, avec 10 personnages dans son one-man-show.
C'est qu'il a plus d'un tour dans son sac, notre homme. Et justement il a un beau-frère (ou le cousin du voisin de la mère de la femme en second mariage de son oncle, enfin quelqu'un de très proche quoi) qui tient une agence de voyage: il est justement temps de faire des promotions pour les voyages à Paris, attention nombre de places limitées à 10!
Pour venir en France, les Indiens ont besoin d'un visa. Pour obtenir ce visa, il leur faut aller au consulat de France (à Mumbai... ce n'est qu'à 1000 kms) munis d'une lettre d'invitation. Ca a l'air gérable jusque là. Si ce n'est à leur retour du consulat, quand ils nous annoncent que leur visa de 30 jours commence à courir le jour même... «Mais!... Abruti! le client t'attend dans 25 jours à Paris: tu vas y rester 5 jours peut-être???»