19 janvier 2007

Fri. 19 Jan. - For America [Red Box]

(Eh oui, j'ai retrouvé ce vieux machin de 1987... yodeli yodela yeah)

On va causer un peu boulot aujourd'hui, faute d'en avoir fait...
Pour rappel, j'ai fini le projet EBO en décembre et j'ai vraiment commencé sur le suivant début janvier.
En un mot, c'est que du flan.

Du temps de EBO, on passait 100% du temps a travailler (= produire quelque chose), et la chef de projet passait encore quelques soirs, sans emmerder personne, pour mettre à jour ses rapports d'avancement et ce genre de bazar, puis faire le point avec les comités de direction etc.
C'était parfois un peu dur, des longues journées, un p'tit week-end par ci par là, mais c'était totalement excitant, je voyais l'édifice progresser petit-à-petit, le travail qui avance, une brique après l'autre...

Maintenant, c'est le contraire. Bienvenue dans le monde de la consultance: il n'est pas tant question de produire quoi que ce soit d'intéressant, mais surtout de faire beaucoup de bruit et de vent... Donc pour chaque heure passée à produire un truc, il y en a au moins 5 pour prévoir le travail, le planifier, le mettre en perspective, faire un rapport préliminaire, faire un (ou des) rapport(s) d'avancement intermédiaire(s), voir où en sont les delivrables, faire un weekly status meeting, en parler à gauche à droite, être sûr que tout le monde a bien compris qu'on a travaillé dur pour produire ce machin, probablement glisser un petit "jusqu'à 11h hier soir", ou "dimanche matin à 7h". Et puis en remettre une couche encore, «ouh là là, qu'est-ce qu'on a bossé comme des brutes» chaque fois qu'un galonné passe dans les bureaux. A les entendre brailler, on se dit qu'on vient d'achever les Pyramides, je suis donc assez étonné de voir que ce qui a véritablement été produit tient en quelques présentations PowerPoint d'une vingtaine de pages...

Comment expliquer ce tour de passe-passe? Eh bien, prenons le temps de disséquer la portion grasse(*) de la journée d'un consultant: la réunion. Elle se décline en plein d'espèces différentes, mais en règle générale il s'agit d'un dialogue entre deux personnes, avec un nombre variable d'autres gars qui somnolent dans la même salle (ou pendus au téléphone). Une fois sur deux, le dialogue n'intéresse même pas les deux intéressés (oui, je n'ai pas pris la peine de mentionner que une fois sur une, il n'intéresse pas les 5 somnolents), et du coup, 100% des participants ont «bossé dur» ... à combattre l'endormissement, mais ça s'arrête à peu près là. Faire? Agir? Construire? Comment? Attendez, on doit reprogrammer une autre réunion pour en parler!

J'ai réussi à retrouver un document historique qui prouve que ce n'est pas neuf du tout: Voir ce documentaire unique et antique (en Anglais)

A côté de ça, il faut encore ajouter cet élément essentiel du travail: attendre. En effet, chaque document doit être soigneusement relu, revu, corrigé, approuvé par une quantité impressionnante de gens, puis il faut aussi relire les révisions, corriger les relectures, approuver les corrections, enfin, une explosion combinatoire d'allers-retours qui fait qu'un nombre non négligeable de personnes peuvent perdre un temps tout à fait conséquent à ne rien faire d'utile sur la phase de finalisation d'un document. Je suppose que le consensus est à ce prix...
Mais c'est pas fini! Question de mettre un peu de piment dans tout ce processus, on distribue des grades à tous ces gens, et alors selon son grade, le gars a le droit de prendre plus ou moins de temps, et d'être plus ou moins chiant dans sa relecture/révision/... Parfois aussi, il a le droit de dire des âneries pas possibles et les autres doivent faire semblant de le croire (Tiens, je ne l'ai pas encore rencontré celui-là, je suppose que ça va arriver...).

Lors d'une réunion du début de la semaine, la chef de projet a déclaré le «Crunch Time»: c'est une sorte de période d'alerte, où toute l'équipe est censée être mobilisée en permanence (nuit et jour, 7 jours/7). En conséquence, j'ai bien dû travailler 20 heures cette semaine, y compris suivre la keynote d'Apple sur l'introduction de l'iPhone et lire les news. Bah, je dois m'estimer heureux, les consultants qui ne sont pas sur mon projet ont bien dû bosser 3 heures sur la semaine...

Bon, je devrais être un peu moins con et pas raconter tout ça en public, et profiter de la chance que j'ai de pouvoir "gérer mon temps de travail", mais je suppose que mes collègues ne me lisent pas (sinon: «Coucou!»), ou qu'ils le prendront avec le sourire :-)

Nondidju pourquoi est-ce que ces andouilles ont choisi d'acheter ce machin, au lieu de le construire???? Ca, c'était un projet bandant, foutredieu!!


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(*) J'ai cherché un peu partout (dans les tiroirs, sous le lit...) pour une expression équivalente, qui utilise des patates ou du pain, ou meat & potato, mais j'ai pas trouvé. Si quelqu'un voit ce dont je parle, merci de me l'envoyer

2 commentaires:

Unknown a dit…

Y a bien "entre la soupe et les patates", dans le genre mais pas tout à fait ce que tu cherches.

Anonyme a dit…

Salut Thierry

Il semblerait que tu aies laisser tomber la Belgique pour découvrir d'autres horizons !

Quant à la consultance, je te rassure tout de suite, ayant travaillé chez LogicaCMG il ya quelques années, je peux te confirmer que l'efficacité était tout aussi lamentage !

Mais il ne faut pas généraliser, l'efficacité n'est pas plus au rendez-vous ici chez Option où nous développons nos propres produits. Je dois souvent remettre mon avis à propos de certaines décisions mais la plupart du temps on fait quand même appel à des consultants externes qui confirment mes conclusions mais vu que cela vient de consultants externes, on peut leur faire confiance !

Il faut pas trop se plaindre car si les sociétés étaient vraiment plus efficaces, il y aurait moins de travail disponible. Donc vive l'inefficacité !

Frédéric

P.S.: je cherche toujours un projet qui me permettrait de mettre à profit, l'énorme temps libre qui m'est accordé à mon bureau entre 2 décisions du management.