02 juin 2007

Fri. 1 Jun. - Boys Don't Cry [The Cure]

Et donc je fais quoi exactement de mes journées? Après 2 mois sur ce projet, je suis finalement plus ou moins en mesure d'en attester, je me suis trouvé une occupation.

Client n. 2 (je me souviens plus si c'était le n. 1 ou le n. 2, disons simplement "Client") est une grosse organisation pleine de gens, qui ont chacun une petite responsabilité et on suppose que la somme de toutes ces responsabilités fait avancer le machin. Ca a l'air simple et malin comme organisation, excepté que dans la réalité, les gars prennent un poste, l'occupent un temps, se barrent, se font jeter, sont promus, sont envoyés à l'autre bout du monde, etc. à peu près sans arrêt. En plus, des petits comiques (en general ceux qui viennent d'être promus) trouvent qu'une bonne manière de fêter leur nouveau rôle est de chambouler toute l'organisation. Le résultat de ces deux forces est que chacun se souvient vaguement du gars qui était responsable de ce machin-là il y a quelques mois/semaines/jours, mais ce gars vient juste d'être muté/promu/s'est barré/... et donc personne n'a de vue d'ensemble de l'organisation. Il existe bien des organigrammes, mais en règle générale ils sont vieux de quelques semaines et donc complètement dépassés.

Jusque là, rien que l'ordinaire bien sûr. Mais en plus, il s'agit d'une banque. Je commence maintenant à comprendre ce qu'est une banque, au-delà des images mielleuses matraquées par leurs agences de publicité. Il s'agit d'un paquet de 20.000 personnes qui font ce que 30 personnes pourraient faire avec un système informatique bien foutu. Rien de bien malin, il s'agit juste de faire des calculs comptables un peu complexes et basés sur des règles débiles. Pourquoi tant de monde? Eh bien, parce les systèmes informatiques ne sont pas bien foutus, pardieu! Donc il faut des régiments d'employés laborieux pour corriger et faire manuellement tout ce que ces systèmes font de travers, plus des cohortes d'informaticiens de tous poils pour tenter d'arranger lesdits systèmes, ajouter un petit module par-ci, une petite extension par-là, une petite emplâtre ici et mettre un cadavre dans le placard la-bas.

Quand on rapproche les deux paragraphes précédents, on comprend vite que personne ne comprend comment ça marche. Chaque manager n'a qu'une idée en tête: ne surtout pas faire un projet de travers qui risquerait de faire exploser tout le bazar. Pas faire le malin, pas tomber dans le ravin! Le placard acceptera bien un cadavre de plus, on peut encore mettre un bon tas de crasses sous le tapis, non? C'est comme le jeu de la bombe, de temps en temps ça saute, la banque fait la une des journaux, on fait sauter le malchanceux qui etait "responsable" du problème, on amène quelques pompiers pour régler l'incident a coup de sparadraps et de bouts de ficelle puis quand ça s'est calmé, on se dépêche d'oublier l'incident et de laisser traîner les réparations de fortune en l'état, remettant ainsi le compteur à zéro pour la bombe suivante...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

My God! on dirait que tu travailles dans 'ma' banque! C'est criant de véritè. A quand les mémoires d'un chef de projet itinérant? Bien vu la description employé vs. manager. A+
Igor

Anonyme a dit…

Dans ma banque -Assurance- j'ai été nommé pendant quelques semaines "technicien de surface" pour le service informatique.

En gros c'est moi qui ouvrait les placards pour analyser les cadavres qui y trainaient depuis trop longtemps afin d'en retrouver le propriétaire pour lui demander de bien vouloir l'enterrer proprement parce qu'il commençait a sentir de trop loin !

La seule réaction que j'obtenais des différents chefs-responsables-manageurs-... c'est, au mieux, un désodorisant ... bref tout le monde s'en foutait éperdument.

Quelques semaines plus tard je collais comme tout le monde des sparadraps et des bouts de ficelles par ci par la !

C'est probablement dans cette improductivité flagrante que se sont engouffrées les banques en ligne.

Thierry Le Boulengé a dit…

Hehe, je vois que c'est partout le même combat... Encore heureux que ce sont les banques, assurances et administrations, où finalement il n'est question que de pognon... Je me demande comment tournent les hopitaux, les compagnies aériennes, enfin ces trucs où quand un cadavre se réveille, ça fait autrement mal...