Bon, allons-y pour un petit point après deux mois de tourisme, ou d'exil. Question de ne surprendre personne, et pour ne pas faire dans l'original, je peux commencer par la météo ou la bouffe. Rien qu'en évoquant le terme j'en ai déjà mal au ventre (ou est-ce la digestion de ce que j'ai avalé?), le choix se porte donc naturellement sur la bouffe.
Je sais pas si je me suis embourgeoisé depuis le temps des sandwiches rive-blanche (mets hautement réputé de la gastronomie néo-louvaniste, une demi-baguette à l'américain ou au fromage grillé, encore meilleur "à cheval", recouvert d'un œuf sur le plat), mais les plats d'ici m'inspirent au mieux une monotonie blasée et au pire un dégoût profond. Le Canadien, je veux dire celui sont les grands-parents étaient eux aussi Canadiens, tout au fond, ne l'oublions pas, c'est un Anglais. Oui oui, celui-là même des Fish&Chips, de la viande bouillie et du monopole du Cheddar. Alors pour varier un peu les plaisirs, notre Britton ami a décidé de se laisser influencer (envahir?) par ses voisins du sud, eux aussi ex-Anglais, tendance protéine grasse aux hormones.
Le résultat de cette débâcle anthropologique se paye cash dans son assiette: il s'agit systématiquement d'une portion surdimensionnée d'un truc viandu souvent gras, toujours plein de sauce, en général fade et pas bon. Pas grave, d'abord, il reste les salades! C'est bon, ça les salades, plein de bons légumes et tout et tout. Eh bien non, la salade selon le Canadien, c'est ramasser tout ce qui traîne en cuisine, mélanger le tout et servir en couvrant de fromage râpé (du Cheddar, tiens...) pour bien masquer le bazar. Puis ajouter un peu de gravy (de la sauce de cuisson de viande, arrangée de telle manière qu'elle ne goûte plus que l'épaississant), pour le goût... Parce question de goût, le cuisinier a surtout eu la main lourde sur la laitue, le navet, les machins gorgés d'eau, les carottes fourragères,...
Il ne faut pas être linguiste ou éthymologiste pour comprendre pourquoi «Bon appétit» ne se traduit pas en Anglais!
Heureusement, Toronto est plein de ces autres Canadiens, ceux dont les grands-parents vivaient à Pékin, à Katmandou, à Milan ou à Séoul. Là, on entre en terrain connu, les émincés de bœuf, les nouilles sautées, le canard laqué, la pizza 4 saisons... C'est rarement de la haute gastronomie, mais au moins on sait exactement à quoi s'attendre. Certains sont même un vrai régal (les Japonais, le grill coréen, certains Indiens)!
Mais alors de quoi je me plains? Les Thaïs, Chinois, Japonais, Indiens, Italiens, c'est les mêmes que chez nous; je suis pas un grand admirateur de la cuisine française et de son art de faire croire que les viscères sont comestibles; c'est tout de même pas le manque de Grecs?... Eh bien, j'ai trouvé: c'est le manque de toutes ces brasseries qui ne sont juste rien du tout et qui servent tous ces plats "normaux" de chez nous: le steak frites, l'agneau au thym, le demi poulet, les brochettes sauce fine champagne, les boulettes sauce tomate, le standardissime spaghetti bolo,... Ici, toute cette gamme de restos n'existe pas et est remplacée par une prolifération de snacks et fast-foods, notamment dans ces omniprésents food-courts (dans le PATH, non seulement on mange pas bien, mais en plus c'est sur une terrasse dans la galerie commerciale sous les néons!).
Du coup, j'ai trouvé l'endroit où on mange le mieux de toute la ville. C'est chez Ewa. Gratins, steaks, soupes,... Ca sent bon la bonne cuisine de chez nous (avec parfois un truc insolite qui vient de Pologne)!
Question boissons, on est tous égaux sous l'empire de Coca-Cola... L'ice-tea d'ici n'est pas pétillant. Les verres sont eux aussi plus grands que chez nous, mais par défaut ils sont remplis de galçons. C'est juste une affaire de traduction: «Un verre de Coca» se traduit par «A glass of Coke without ice».
Le service au resto est aussi assez particulier. D'abord, les gens font la file devant la porte du resto en attendant d'être amenés à leur place. Ensuite, le serveur se présente quand il arrive: «Bonjour, je m'appelle William et je serai votre serveur. Comment allez-vous?» Pendant le repas, William vient nous demander 5 fois si tout va bien et si on a ce qu'on veut. A la fin du repas, tout dépend de la longueur de la file à l'entrée: si d'autres clients attendent, la note arrive avant le dessert et les assiettes quittent la table à peine vidées. A l'inverse, si personne n'attend nos places, au moment où on veut demander la note, William est en train de faire le singe avec d'autres clients et on n'arrive plus à l'attraper. Et s'adresser à Jane, Jack, Clémentine, Robert, Mary, Claire, Andrew, Jacqueline, Walter, Li Chun ou un des douze autres serveurs qui sillonnent le resto en tous sens en permanence, c'est un crime de lèse-serveur, ça ne se fait pas!
La note elle-même est aussi source de surprise: En commandant le plat à $7.99 et une malheureuse boisson, la note montre $11.57 (ils ont ajouté les taxes au passage) et on est censé laisser un bon $13.00, pour remercier le serveur de sa sollicitude. Par contre, ils acceptent sans broncher les emmerdeurs qui payent avec 3 cartes VISA, 10$ sur celle-là, la moitié du repas sur celle-là et le reste sur la dernière!
02 mai 2006
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3 commentaires:
Tigeuuuu, nous, c'est à dire moi et mon Xav on aurait bien l'idée de venir te voir un petit peu, c'est à dire que moi comme je viens de trouver du boulot (oui, oui, tu as bien lu!), tu le croiras ou non, en boulangerie… J'ai les congés annuels de la boulangerie qui tombent (boum) la dernière semaine de juillet et les 2 premières d'août. Alors comme je viens de le savoir aujourd'hui et que j'ai pas encore pu voir avec Xa ni toi… Voilà, il faut encore discuter un peu et faire des réunions intermédiaires… etc etc. Mais je te tiens au courant si tout va pour toi évidemment. J'ai hâte de venir voir là-bas comment c'est.
Bisous et à tout bientôt, ne mange quand même pas trop de crasses, on ne sait jamais en quoi tu risque de te transformer…
Tu fais de la sculpture de brioche maintenant? Enfin, on peut dire qu'on était plus ou moins prédestinés pour cette profession...
Ah cool ça que vous veniez! Ca va, c'est une bonne période, il fait même chaud! Avec le lac, l'île et la piscine, je crois que ça va même être tout à fait bien ici!
Ouais, je sculpte des brioches et je t'en amènerai bien parce que c'est vraiment délicieux mais je crois que dans le trajet, ça se gâterait…
Bref, je pousse pour savoir les congés du Xa, et je dois dire que c'est assez sport, mais je ne perds pas espoir.
Et toi, il paraît que tu passes bientôt???
J'ai hâte de passer chez toi, j'ai envie de tout voir…
Bizz, porte toi bien.
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