Ce voyage a été pour moi l'occasion de m'essayer au voyage en solo. J'ai déjà essayé les voyages en groupes de potes ou autres, grands ou petits, en famille, à deux, avec un pote ou une copine, mais jamais tout seul. On m'en avait chaudement vanté les mérites, mais j'avais néanmoins encore une petite inquiétude par rapport à celà: Et s'il n'y avait personne pour partager mes émerveillements, mes découvertes,...? ; Et si je m'enlise dans l'indécision et l'inaction avec personne pour me motiver à faire des tas de trucs? Et s'il m'arrive un truc?...
La vérité, évidemment, c'est que je n'ai absolument pas voyagé seul, j'ai juste eu complètement le choix de mes compagnons de voyage parmi tous les autres touristes disponibles!
Dans l'avion, j'ai découvert que l'ado assis à côté de moi allait repeindre une école avec d'autres Canadiens et des Cubains aussi, ce qui m'a semblé d'emblée être un super cool plan!
En glandant dans l'aéroport (vers 3h du matin) en attendant la navette pour l'hôtel, j'ai fait connaissance avec les 5 autres personnes que j'ai toujours eu plaisir à revoir par la suite et avec qui j'ai partagé nombre repas, verres et causeries.
Le second jour, on embarque pour un tour à La Havane avec Yuki et Ian, qui rentrent à l'hôtel pour le repas de midi, me laissant seul là-bas. Après une demi-heure, je m'installe à une table en terrasse, je m'incruste en fait à la table d'un autre gars qui s'avère être un comme moi qui voyage seul et qui vient d'arriver: assez logiquement donc, on se retrouve à passer une bonne partie des jours suivants à découvrir la ville ensemble. Bon, les moyens de communications étant ce qu'ils sont, on a fini par louper un rendez-vous et on s'est perdus de vue.
A l'hôtel, tout un groupe de Québecquois occupe le bar tous les soirs. Le rapprochement linguistique fait des merveilles pour enfoncer les portes: A l'étranger, le gars qui parle la même langue devient immédiatement le vieux pote avec qui on a gardé les cochons! Enfin, c'est pas trop vrai avec l'Anglais puisque tout le monde le baragouine plus ou moins, mais par contre avec le Français ça marche, qui plus est avec ces amoureux tenaces de cette langue que sont les Québecquois! Ca a l'air de marcher moins bien avec le rapprochement national: si de mon côté j'ai été heureux de voir un couple d'Anversois perdu dans l'arrière-pays, les Canadiens du Québec et d'ailleurs gardent précieusement leurs distances.
(C'est le réfectoire de l'hôtel, avec une serveuse - Kedy selon ma mémoire phonétique - assez sympa et plutôt mignonne, photographiée par Wayne).L'hôtel est en général un endroit où il est plus que facile de rencontrer n'importe qui, mais le taux de rotation des gens est très élevé. Par exemple, le premier soir, je cause avec une groupe d'étudiants français plutôt sympas, mais ils sont partis la nuit même. J'ai causé un peu avec les poulettes italiennes, mais je n'ai pas trouvé utile d'aborder le Jean-Claude Dusse. J'y ai aussi rencontré des Cubains, dans les limites de ma maigre connaissance de leur langue: le personnel de l'hôtel, une danseuse de cabaret, une pute (la discussion n'a pas survécu longtemps à la révélation que je n'allais pas l'inviter dans ma chambre), des gars sur la plage,...
J'ai participé à deux excursions. Le bus touristique est très peu propice aux rencontres (mais j'y étais déjà en compagnie d'Adrien, un jeune Français très sympa -- un autre rapprochement linguistique efficace -- que j'avais rencontré à l'hôtel), principalement parce que j'ai passé la majeure partie du voyage à pioncer, puis que les visites se font en troupeau au pas de course. Par contre, j'en ai fait une seconde en Jeep où forcément, à 4 dans la voiture ça papote plus. D'autant plus que pour la première fois, je suis tombé sur un Cubain qui parlait très bien anglais et que j'ai donc copieusement arrosé de questions en tous genres sur le pays, le système, sa perception,...
A Viñales, j'ai failli jouer le rôle de l'entremetteur (j'ai refusé celui du mari jaloux) entre un Cubain qui essayait de draguer en espagnol une Allemande qui m'accompagnait et que je connaissais depuis un bon 10 minutes (et qui ne parlait pas un mot d'espagnol bien sûr). J'y ai aussi rencontré un couple d'Anglais en nageant ensemble dans une piscine naturelle au fin fond d'une grotte (et sur ce coup-là j'ai manqué d'opportunisme, parce qu'il y avait aussi cette superbe Espagnole que je n'ai jamais revue).
Le dernier jour, j'ai été très ému par l'histoire de cette Tunisienne qui a décidé de réaliser finalement son rêve d'enfance de voir Cuba et qui a cassé sa tirelire pour prendre un billet ouvert et partir seule à la découverte du Paradis Socialiste qu'on lui avait dépeint à l'école.
Lors du retour encore, j'ai finalement rencontré cette écrivain Palestinienne qui habite à Toronto et avec qui j'ai eu le plaisir de partager mes impressions sur Cuba et Toronto et le contraste entre les deux.
Tout ça était plus ou moins le fruit du hasard, avec aussi un peu de culot de m'asseoir à une table sans y être invité, d'aborder les gens sans avoir été présenté,...
Mais je me suis aussi lancé un défi, que j'ai relevé et réussi avec brio, et là, je suis pas peu fier de moi!! Il y avait ce groupe de joueuses de Volley d'Ottawa, qui n'est forcément pas passé inaperçu (20 jeunes filles sportives, ça faisait assez bien contraste dans le paysage de l'hôtel). Je me suis dit que le truc que me manquait sérieusement par rapport à des vacances entre potes, c'est de jouer (ah! Ces endiablées parties de Tarot ou de whist!), et que par ailleurs, animer un groupe d'une dizaine d'ado, c'est assez bien dans mes cordes, en tous cas quand ils ont tous un foulard autour du cou...
Et donc, un «Cap' ou pas cap'» plus loin, me voilà en train de leur apprendre puis de leur animeur une soirée de Loup Garou (pour ceux qui ne sont pas initiés au jeu: c'est un jeu absolument fabuleux, développant des qualités humaines de premier ordre tels le bluff, le mensonge, la délation etc. et qui se joue à plein - 8 à 15 joueurs), et elles m'ont même invité pour une récidive le lendemain!